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Dialogue avec Mona, blogueuse hors-pair

Publié le 13 octobre 2012 par Tempscritiques @tournezcoupez

Dialogue avec Mona, blogueuse hors-pair

Mona a 19 ans, et est passionnée de cinéma. Elle consacre même à sa passion pas mal de son temps, puisqu’elle est aussi une blogueuse hors-pair. Depuis 2006, elle est l’auteur de nombreux articles sur cinemablabla.skyrock.com. Inutile donc de vous le cacher, je la connais depuis mes débuts sur la blogosphère, et je dois avouer aimer particulièrement son écriture et la diversité de ses goûts cinématographiques. Cela valait donc bien quelques petites questions.

Les Temps Critiques : Comment t’es venu le goût pour le cinéma ? 
Mona :  Je ne sais pas s’il y a un élément déclencheur. Je pense que le fait de passer mon enfance devant les Miyazaki, le Roi et l’Oiseau ou Peau d’Ane de Demy m’a déjà pas mal nourri. Ajoutez à cela une rencontre fondamentale : celle de Sergio Leone et de ses westerns spaghettis à 12 ans. Avec la musique de Morricone, les cache-poussières au vent, les tronches crades de Fonda ou Eastwood … Et puis pour achever de me passionner totalement pour le cinéma : un stage au collège dans le cinéma Art et Essai de ma ville : l’Eldorado. J’y ai découvert l’envers du décor, le vrai bruit des projecteurs, les heures dans le noir en salle de montage et les séances débat sur les films de Lubitsch ou Kaurismaki.

Quels sont donc les premiers films qui t’ont vraiment marqué, et dont tu gardes un bon souvenir ? 
C’est une question extrêmement dure ! Aussi loin que je me rappelle il y a donc le Roi et l’Oiseau ou bien les Triplettes de Belleville. Puis à l’adolescence, le choc Clint Eastwood dans Et pour quelques dollard de plus … (que je me passai en boucle).

Au fil de tes découvertes, tes goûts ont-ils évolués ? 
Bien sûr ! Je me rappelle par exemple m’être endormie devant le premier film de Bergman que j’ai tenté de regarder, et puis quelques années après être sortie bouleversée de la projection de Cris et Chuchotements. Je pense que plus on regarde des films et plus on devient exigeant. Je ne peux plus regarder avec autant d’indulgence les comédies américaines banales.

Et que te dis-tu quand tu repenses à tes premiers goûts cinématographiques ? Est-ce que tu te dis parfois : « Mais comment j’ai fait pour aimer ce truc ? » 
Pour certains films oui. Par exemple, avec du recul je me demande comment j’ai pu prendre au premier degré les oeuvres de Demy étant petite. Il y a des films qu’il est bon de voir à un certain âge et ne pas y revenir. Mais globalement je n’arrive plus trop à être objective quand un film m’a trop marqué : même si je reconnais que l’avoir surestimé, je suis toujours prête à le défendre ! ^^

Y-a-t-il des œuvres qui, au contraire, t’ont laissé glaciale dans un premier temps, et que maintenant, avec une autre vision du cinéma tu as appris à apprécier ?
Citizen Kane ! Je me rapelle avoir été révoltée quand j’ai su qu’il était depuis des années le meilleur film au classement du British Film Institute. Mais il y a une semaine, en cours de cinéma, nous avons étudié la fameuse séquence d’ouverture. J’ai eu une sorte de choc devant le génie de la contruction de ce début de film. Il faut parfois pour certaines oeuvres que quelqu’un soit là pour vous décortiquer la scène et vous en montrer le brio. Même si ça peut paraître un peu étrange comme façon de voir un film, parfois en discuter, l’analyser longuement peut conditionner énormément le sentiment sur ce film.
Bref, on peut toujours évoluer dans ses goûts cinématogrpahiques et heureusement !

Maintenant que tu t’es façonnée, si je puis dire, des critères artistiques pour juger un film, est-ce que tu pourrais nous en extraire une définition du cinéma ? Ou autrement dit, qu’est-ce que pour toi un bon film, un bon cinéma ?
Celle-là aussi est une question difficile. Je pense qu’un bon film est celui qui ne prend pas son public pour un idiot et, en plus d’avoir un sujet à défendre, ce qui fait le plus d’une oeuvre c’est la vision singulière qu’elle développe. J’attache beaucoup d’importance à la forme des films. Bien qu’il ne faille pas tomber dans le schéma inverse des films qui se perdent dans des essais formels et narcissiques.
Je crois qu’un film honnête, inventif et qui garde une part de mystère, est un grand film.
Mais bien sûr ces critères sont très subjectifs, et c’est ça tout l’intéret du cinéma : Si on pouvait juger selon des critères fiables de la qualité d’un film, il n’y aurait plus de débat et plus de critique !

Est-ce que tu arrives à faire la part des choses entre un film de divertissement et un film artistique, ou au contraire, es-tu de ces cinéphiles qui ne jurent que par l’un ou par l’autre ? Je reformule ma question. Lorsque tu vois un film divertissant, sans grandes qualités artistiques, est-ce pour toi forcément un mauvais film ?
Je ne suis pas pour cet élitisme cinématographique qui critique systématiquement tout film n’ayant pas le label « film d’auteur ». Je trouve que cette dérive peut amener à encenser des oeuvres qui ne font que s’auto-complimenter en se fichant pas mal de leur public. Je trouve que l’idée : « Plus un film est exigeant, meilleur il est » est une abération. Il faut avant tout s’adresser à un public et non à quelques initiés. Le problème de certains films commerciaux est qu’ils ne cherchent pas à toucher leur public mais à l’abrutir. Un film grand public ne devrait pas renoncer à une certaine qualité. Ce n’est pas parce qu’on parle aux masses qu’il faut les mépriser.

Une autre question un peu bateau : quels sont tes cinq films de chevets ? Les films que tu aiment regarder de temps à autre, ceux dont tu ne te lasses jamais ?
Ce ne sont pas mes films préférés, mais ceux que je peux couper, voir dans tous les sens. Ce ne sont d’ailleurs pas forcément des grnads films, mais ils m’aident juste à faire passer les jours de pluie …

1. Bright Star de Jane Campion
2. Le Lauréat de Mike Nichols
3. Ghost World de Terry Zwigoff
4. La Ballade Sauvage de Malick
5. Mauvais Sang de Carax

Si il ne fallait garder qu’un ou qu’une seul(e) cinéaste en vie le 21 décembre 2012, pour la fin du monde, tu choisirais qui ?
Pas possible cette question !
Je ne peux pas répondre (Je ne veux pas tuer tous ceux que je ne citerais pas !)

Tu es plutôt active sur ton blog (que je recommande au passage pour sa variété). Tu as déjà envisagé une carrière dans l’écriture ? Si oui, as-tu déjà peut-être écris quelques papiers à titre plus professionnel ?
J’envisage de devenir critique cinéma depuis déjà un moment, et je suis en classe préparatoire littéraire option cinéma depuis 2 ans, pour préparer ce métier.
Je n’ai encore jamais écrit de critiques professionnelles, mais j’ai quelques critiques plus étoffées et travaillées que je garde en réserve pour le jour où j’essaierais de me lancer dans le métier.
Pour l’instant je lis ce que les autres ont pensé du cinéma avant moi pour ne pas dire trop de bêtises !

Un conseil que tu donnes régulièrement à ceux qui n’arrivent pas à voir des films du même point de vue que toi ? Admettons que tu as adoré un film de Sofia Coppola, et tu discutes avec un ami qui, lui, le déteste, et préfères les blockbusters américains. Tu luis dis quoi ?
Ça dépend vraiment du film à défendre. En général je lui demande ce qui ne lui a pas plu et puis on en discute. J’aime bien reprendre des scènes précises et lui les faire voir comme je les ai ressentie. Je me dis que peut être si un jour, il essaie de voir à nouveau ce film, il pourra y penser avant.
Mais je ne pense pas qu’on puisse trouver de formule toute faite pour rendre soudain un film sublime aux yeux de l’autre.

Un petit mot pour la fin ? 
Je préfère laisser la parole à Andrei Tarkovsky, qui a une formule très belle pour parler de l’image au cinéma :
C’est « une sensation de l’infini exprimée à travers des limites : l’immensité dans les dimensions d’un cadre. »


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