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[Critique DVD] Holy Motors

Par Gicquel

[Critique DVD]  Holy Motors

De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille...


[Critique DVD]  Holy Motors
"Holy motors" de Leos Carax

Avec : Denis Lavant, Edith Scob

Sortie le 06 novemb 2012

Distribué par Potemkine Films

Durée : 115 minutes

Nombre de : 2

Film classé : Tous publics

Le film :

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Les bonus :

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Jusqu’à la scène de «  La Samaritaine » plus hermétique et critique que les précédentes, j’ai tenu le coup. L’issue de ce road-movie nocturne est assez proche. Alors, avoir supporté pendant près de deux heures, sans déplaisir, des situations bizarres ou rocambolesques me permet de patienter, avec l’espoir de découvrir le secret de cet étrange Monsieur Oscar.

Sous des costumes divers, du magnat à la mendigote, du criminel au père de famille, il a sillonné les rues de la capitale, honorant ses rendez-vous avec des êtres aussi énigmatiques que lui, et parfois même plus barrés. Son chauffeur, une femme élégante et blonde, est réservé, juste comme il faut. Edith Scob, l’est également.

C’est un scénario de feu, d’enchantement et de poésie mêlés qui chez Jeunet-Caro ferait délirer un Pinon sous ecstasy. Chez Carax, c’est beaucoup plus posé, et l’étrangeté de son propos vient plus de la mise en forme du récit, que du récit lui-même.

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Chacun y dénichera ce qu’il veut, mais le principal est au rendez-vous : c’est du cinéma pur jus, avec ses altérations scéniques, ses rebondissements chromatiques, parfois mal léchés, mais qui donnent à la nuit une aura supplémentaire.

Et au jeu de l’acteur, un supplément d’âme. Dans cet exercice de transformiste, Denis Lavant a du prendre un pied pas possible. Le reflet qu’il nous renvoit est une jubilation totale, masquée par les faux cils, le maquillage et la colle à peau.

«  Plus rien ne s’oppose à la nuit » chantait Bashung dont l’écho me revient au cœur de la ville lumière que transperce la caméra de Carax en quête d’un septième art reconstitué , d’une scène biblique réinventée («  Le christ au tombeau » ) précédée d’une séquence non moins mémorable dans un cimetière.

[Critique DVD]  Holy Motors

Dans un cimetière fou, un homme …

Dionysos et Dracula s’y promènent,  morbides et très drôles, comme le film, assez poilant . Assez fin aussi, quand à l’approche de la mort, Monsieur Oscar en vieillard sage et respectable reconnaît «  qu’il n’y a pas de mal à faire un effort, quand c’est le tout dernier ». Sur cette pirouette, il se lève et repart vers ses prochains rendez-vous, avec cette fois un projet délibéré :«  devenir fou ». Il lui reste effectivement encore un peu de marge…

LES SUPPLÉMENTS

 
  • « Drive in Holy motors » Un documentaire réalisé par Tessa Louise Salomé – 48′

Dans l’ensemble, je suis très heureusement surpris par tous ces suppléments que Léos Carax a du superviser, je suppose, mais qui donnent par le détail de nombreuses informations sur ce film hors du commun.
De la part d’un cinéaste qui ne communique pas plus que ça, chapeau la colo. Et même s’il apparaît très peu, ou alors furtivement au détour d’une scène de tournage (elles sont nombreuses), c’est toute son empreinte qui marque ce dvd, à travers une rencontre instructive avec Caroline Champetier, la chef opératrice, qui parle quasiment en son nom : « Léos tenait à quelque chose qui ne soit pas réaliste, mais interprété, il ne voulait pas de l’habituel fond vert, par exemple » dit-elle en embrayant alors sur tous les problèmes techniques rencontrés sur le tournage.
Denis Lavant, qui par ailleurs est aussi interviewé explique déjà dans ce making of toutes les facettes de son personnage. « Il y en a une bonne dizaine, et je devais alors être lisse et disponible pour pouvoir me transformer, rapidement. Mais là encore il ne fallait pas singer, mais plonger dans un moment d’humanité. (…) Ceci dit, il n’y a pas eu de conditionnement psychique, comme pour “ Le pont Neuf ”. »

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  • Scènes coupées – 8′

Il y en a quatre, et prolongent la magie du film, sans lui apporter un supplément d’âme, à part peut-être « Kyllie a cappella », c’est beau, mais ça n’en finit pas et ça n’apporte pas grand-chose

 
  • Conversation avec Leos Carax au Festival de Locarno – 62′

Une parole rare et précieuse dit l’animateur Olivier Père, qui effectivement est tout aussi surpris et ravis de l’aubaine. Le départ est un peu difficile face à une salle plutôt passive. Il cherche ses mots, la bonne expression. Parle bien évidemment du cinéma, en général, même s’il avoue « ne rien connaître à l’état du cinéma actuel ».
Il dit aussi que « Les premières semaines d’un tournage, c’est étouffant et souvent raté, il faudrait toujours les mettre à la poubelle et recommencer. […]. Les caméras numériques que je déteste tant, m’ont permis de filmer plus vite et pour moins cher, à un moment où je ne faisais plus rien ».
Et quand une jeune femme lui demande « Quel rapport avez-vous avec la beauté ? » son visage s’illumine et le voici qui nous parle d’art. Il est volubile !

 
  • Entretien avec Denis Lavant – 18′
 

En bref

Le film

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Sur une histoire , façon tueur à gage, le réalisateur dévie la trajectoire et nous conduit au cœur d’une nuit pavée d’intentions diverses, mais toujours réjouissantes, puisque c’est du cinéma à fond la caisse. Denis Lavant dans une dizaine de rôles est à la hauteur de ce grand et beau délire.

Les bonus

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Je ne m'attendais à près d'une heure de making of , ou à un entretien avec Carax et le public. Une fois la surprise passée, on replonge immédiatement dans ces bonus qui racontent beaucoup de choses .


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