« Alors, t’as pécho » lui demanda la fée ? « Que nenni » répondit-il…
Après un bain aux sels parfumés pour masquer le parfum entêtant de banane mûre, Ǿlåf se coucha la tête pleine de sentiments contradictoires et cependant complémentaires. L’attirance qu’il ressentait pour Nadine était-elle le fruit de son ressentiment ou cet émoi qui le troublait avait-il d’autres origines, tel le jeu subtil des phéromones dégagées par la sueur qui recouvrait les épaules nues de Nadine, telle la rosée du matin, et qui avait perturbé le savant chenu, bien que dépourvu d’organe voméro-nasal.
Il s’endormit, bercé par le ressac de la marée, la stridente cataracte des grillons et la complainte subtile de l’achatina turner.
L’on toqua au point du jour alors que Sven et Sven avaient découché. L’on toqua et retoqua jusqu’à ce qu’enfin Ǿlåf, excédé du tintamarre, se lève et ouvre la porte. Il se retrouva en caleçon à fleurs devant Nadine, portant dans sa main droite le toupet fripé et dans sa main gauche un sac fleurant bon le croissant chaud et pur beurre.
- Bonjour, professeur Snigel.
- Bonjour, professeur Edderkopp.
Il s’effaça pour laisser entrer son invitée impromptue, traîna ses savates jusqu’à la cuisine où il mit à bouillir de l’eau chaude, sortant du placard la boîte à thés.
Le temps que l’eau bouille, bout, bouillat ou bouillisse, voir eut bouillue, un pesant silence s’était installé, ponctué seulement par le froissement du sac de boulangerie et les raclements de gorge gênés des deux protagonistes lors de cette scène petit-déjeunatoire.
Nadine rompit enfin le silence lorsque la bouilloire émit son sifflement caractéristique.
- Professeur Snigel, dit Nadine, je me permets de vous rendre votre chef et vous prie d’excuser mes propos au sujet de vos recherches sur les gastéropodes, qui, j’en suis sûre, recèlent plus d’un mystère, et je…
- Professeur Edderkopp… Nadine, si j’ose, marmonna enfin Ǿlåf, laissons là nos arthropodes, gastéropodes et autres curiosités entomologiques. Je ressens pour vous une attirance physique qui malgré mon âge perturbe mon cycle enzymatique et provoque en moi des pics d’endorphine tels que je n’en connus plus depuis la remise du Nobel de 1977. Je vous prie donc d’agréer, Nadine, l’expression de mes sentiments les plus distingués et d’accepter de se marier et de vivre heureux pour toujours.