Alexandre Astier joue les Kapellmeister. Maître de musique, claveciniste ou joueur de viole de gambe, l’acteur devient Jean-Sébastien Bach, génie absolu de la musique baroque.
"Alexandre Astier - Que ma joie demeure ! - DVD collector" de Alexandre Astier, Jean-Christophe Hembert
Avec : Alexandre Astier Sortie le 06 novemb 2012 Distribué par Universal Pictures Durée : 95 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
De la part d’un artiste multi-cartes et qui plus est, multi-récidivistes, il n’est pas étonnant de le voir passer des bras de Gueniève, Reine de Bretagne, héroïne de Kaamelot à ceux d’Isabelle Adjani : lui, David, elle Madame Hansen.
Mais cette fois, en Bach revisité par la gaudriole et la comédie, la chose est plutôt surprenante, surtout que l’homme connaît sa partition, sur le bout des doigts. Jeunot, nous dit-on, Alexandre Astier fréquentait assidûment le Conservatoire national de Musique, avant qu’un hasard de circonstance ne le hisse sur les planches.
Depuis, le roi Arthur sait tout faire (acteur, réalisateur, auteur…) et même, donc, jouer du clavecin et de la viole de gambe. Il en use pour « Que ma joie demeure ! » mais jamais n’en abuse à la manière d’un Quatuor, par ailleurs excellent.
L’artiste raconte plutôt des histoires, celles qui émaillèrent la vie du célèbre compositeur allemand. Il le fait à l’occasion d’une master class bien particulière auquel le maître aurait bien aimé échapper, mais que nenni lui disent ses gouvernants, tu la feras, autrement basta, c’est la prison.
L’argument est de taille et celui d’Astier tout aussi grandiloquent. Il a beau nous parler à la moulinette, de la nature modale du contrepoint et autres combinaisons techniques qui donnent le souffle, le rythme (qu’il semble avoir du mal à trouver) ou le tempo, l’aventure est ailleurs, dans les recoins d’une existence pas toujours folichonne d’un artiste éminemment torturé. Bach boit beaucoup semble-t-il, perd de nombreux enfants, avant qu’un grain de folie ne se mette à pousser sous sa perruque chantilly.
Astier alterne alors le bon et le moins bon, le tragique et le comique, ce qui à mon avis déséquilibre souvent le bel édifice. Il bougonne aussi beaucoup à la manière d’un Jean Yanne. J’ai trouvé l’ouverture un brin bancal, sinon pénible avant que la mise en scène d’une sobriété efficace au regard des efforts consentis par le comédien, ne vienne tout remettre en place.
C’est dans les moments les plus noirs de la vie de Bach que la représentation donne le meilleur d’elle-même. « Unter dinem schirmen » est une séquence grandiose , à tiroirs, au cours de laquelle notre compositeur se trouve à la fois pochtron et ami d’une mamie à qui il se confie.
Si la cantate facilite l’interprétation de l’acteur, elle n’en demeure pas moins créative, imaginative et d’une profonde émotion. Plus drôle, mais tout aussi efficace le « ré, si, fa, ré » repéré dans les restes d’une miche : ça ne mange pas de pain, mais c’est très bien vu.
LES SUPPLEMENTS
- Une expertise d’orgue (12 mn)
Débarrassé de son costume d’apparat, Alexande Astier nous fait visiter un orgue, réel cette fois-ci, avec les explications de sa fabrication et de son utilisation. C’est super !
- Une bande-annonce (2 mn)
Rien à voir avec ce que vous imaginez, mais ça ne casse pas vraiment des briques.
- Une musique hors du temps (15 mn)
Entretien avec Gilles Cantagrel, historien, musicologue
Le spécialiste de Bach nous le raconte par le détail : le pédagogue, son écriture savante, (« les interprètes ont souvent du fil à retordre pour le comprendre et l’interpréter »), l’omniprésence de la mort dans la vie du maître… C’est passionnant à suivre, mais pas un mot sur le spectacle. Dommage !
En bref
Le film
Avec tout ce que l'on croit savoir sur l'artiste, je m'attendais à un spectacle plus inspiré, peut-être, plus enlevé... La saillie est souvent facile , les mimiques , des contre-points tout aussi bon marché. Il reste un spectacle très agréable à voir et à entendre, le talent d'Astier étant aussi de savoir s'entourer. Personnellement , je trouve que la mise en scène supplée souvent les faiblesses du récit.
Les bonus
La visite d'un orgue par le comédien est déjà une divine surprise.