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En salles : Pour exfiltrer d'Iran des Américains recherchés par le régime de Khomeiny, en 1979, la CIA met en place une fausse production d'un film de science-fiction. C'est tellement énorme que personne n'y croirait si on l'adaptait au cinéma. Et c'est pourtant l'histoire vraie relatée dans Argo, qui sort ce mercredi sur nos écrans. Une histoire incroyable génialement mise en scène par le tout autant incroyable Ben Affleck.
D'accord, vous avez lu sur cinquante autres sites/blogs/médias à quel point Argo est un excellent film. Je ne serai donc pas original mais après tout, il n'y a pas de mal à encenser quasi-unanimement un film qui prend le spectateur de bout en bout, le passionne, met ses nerfs à rude épreuve, jusqu'à un final éblouissant qui le fait bouillir sur son siège aux accoudoirs déjà sérieusement griffés. De l'action, de la finesse, de l'humour
Dans la grande tradition des thrillers politiques américains, Ben Affleck revient sur un pan méconnu de l'histoire contemporaine des Etats-Unis. Car si on connaît à peu près tous l'histoire des otages américains retenus par le régime iranien à l'orée des années 1980 - un événement qui contribua à la défaite de Jimmy Carter à l'élection présidentielle -, la fuite de six membres de l'ambassade et leur planque dans un pays hostile n'ont pas eu autant de retentissement de ce côté-ci de l'Atlantique. Mêlant habilement images d'archives et reconstitution soignée du Téhéran révolutionnaire, Affleck relate une situation complexe, avec beaucoup d'empathie pour les six fuyards mais sans jamais tomber dans le manichéisme. Certes, les révolutionnaires iraniens et les foules fanatisées (en Iran comme aux States) font froid dans le dos ; pour autant, le réalisateur ne condamne pas tout un peuple à l'infâmie, pas plus qu'il ne dresse des lauriers à toute l'administration Carter. De la retenue, de la finesse. Argo est un film intelligent. Et pour couronner le tout, Affleck n'oublie pas qu'il réalise un thriller. Le suspense est au rendez-vous, bien servi par une mise en scène inspirée et un montage nerveux, dans un esprit "photojournalisme". Pas de répit. Les rebondissements se succèdent. Tandis que l'on se ronge les ongles à Washington pour savoir si le plan d'exfiltration va marcher, on se mord les poings à Téhéran dans la crainte de voir les fuyards arrêtés... et on se tient les côtes en découvrant la mise en place de la vraie-fausse production à Hollywood. Argo sait aussi être drôle. Ben Affleck confirme son talent de metteur en scène, d'acteur mais aussi de directeur d'acteurs. Pas une fausse note (mention à Bryan Cranston et John Goodman). Même dans des situations déjà vues (le héros en pleine crise conjugale, le producteur hollywoodien à cigare, le supérieur sévère mais juste...) qui, avec un bourrin derrière la caméra, aurait pu donner lieu à des couacs monumentaux. Mais non. Affleck ne se plante pas : il ajoute un grand film à sa filmographie. Courrez le voir en salles ! Anderton