"LKJ", né en 1952 en Jamaïque, a émigré à Londres à l'âge de onze ans. Vers la fin des années 70, lorsqu'il décide de mettre en musique ses poésies, il le fait à la manière des DJ'S des "sound system" jamaïcains. Mais à leur différence, ce militant de la cause noire en Angleterre ne chante pas, mais récite, de manière rythmée à la manière des slameurs, ses textes à la portée révolutionnaire: la "dub poetry" est née.
Ses deux premiers albums, "Dread, Beat An' Blood" (1978) et surtout "Forces of Victory" devenu un classique, publiés sur le label Island, spécialisé dans la diffusion du reggae qui vit alors son âge d'or, rencontrent un vif succès. Le grand public découvre ce personnage dont la silhouette -- costume, barbichette, lunettes cerclées, chapeau -- rappelle celle de Malcolm X, qui scande froidement, avec conviction, d'une voix grave et posée, sa poésie urbaine sur fond de dub lancinant: un slameur avant l'heure.
"Sonny's Letah", une chanson du disque "Forces of Victory" racontant le passage à tabac à l'issue tragique d'un adolescent noir attendant son bus, émeut toute l'Angleterre. "LKJ", qui n'a jamais quitté la scène musicale londonienne, a poursuivi son activité d'écrivain, endossé également les habits du journaliste (à l'occasion notamment des élections nationales jamaïcaines en 1988) et du chroniqueur pour la presse, de producteur aussi: "More Time", son dernier album studio datant de 1998, est paru sur LKJ Records, sa maison d'édition et de production créée en 1981.
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Source :
Nouvel Obs