Magazine Culture

Le journal d'Aurore - Marie DESPLECHIN

Par Liliba

Le journal d'Aurore Jamais contente Marie Desplechin Lectures de Liliba

0 coeur
0 coeur

Aurore a 13 ans. Elle dévoile à son journal intime ses petits soucis, ses espoirs et tous les petits riens qui remplissent son quotidien. Elle parle de ses parents bien sûr, et de sa petite sœur si énervante avec ses bons résultats à l’école, de la grande qui vit déjà sa vie d’adulte, de ses grands-parents qui la recueillent même chez eux quand ça barde trop à la maison, du collège, de Lola, sa meilleure amie-à-la-vie-à-la-mort et de son amour pour le beau Marceau.

Marie Desplechin, d’une plume alerte et gaie, se plonge littéralement dans la psychologie d’une ado et nous livre une petite pépite de drôlerie, mais aussi de finesse et d’intelligence. On adore cette jeune fille qui réclame à corps et à cri un peu plus de liberté de la part de ses parents, qui se révolte et fait ses coups en douce, et on retourne en pensée quelques années en arrière, quand nous avions le même âge et les mêmes envies qu’Aurore, les mêmes révoltes aussi. Aurore est aussi attachante que peste, une des caractéristiques des ados. Elle peut être parfaitement égoïste, est souvent narcissique et mériterait de temps à autre une bonne paire de claques, mais elle est également pourvue d’un humour à toute épreuve, et peut aussi se montrer très généreuse. Elle a du mal à communiquer avec ses parents mais sa grand-mère, bien qu’extrêmement originale (oh, j’aurais adoré avec une telle grand-mère !) arrive à lui parler, ou tout du moins à faire passer quelques messages. Elle déteste la couleur saumon et peut se montrer ingrate et vraiment méchante, mais elle émeut dans le même temps, parce qu’on comprend très bien que cette jeune fille cherche sa voie, et est en proie aux bouleversements de son corps qu’elle n’arrive pas forcément à gérer. Bref, elle rassemble toutes les contradictions des adolescents, et c’est un pur bonheur de respirer avec elle cette bouffée de fraîcheur et d’innocence. Ce qui caractérise les ados, c’est aussi ce côté excessif, cet appétit de vivre (qui parfois malheureusement se retourne en automutilation et même en pulsion de mort), cette façon de tout prendre au pied de la lettre, de monter sur des grands chevaux, cette assurance de tout savoir, d’avoir raison, et bien sûr cette idée que ses parents sont de vieux crétins qui n’ont jamais rien vécu... Bref, c’est un portrait criant de vérité que nous livre Marie Desplechin, d’autant plus émouvant que c’est la jeune fille elle-même qui s’exprime et analyse sa vie et ses actes à travers les pages de son journal.

Alors je ne peux que vous conseiller de lire Le journal d’Aurore, et de le faire lire à vos filles !

Charlotte (bientôt 12 ans) a beaucoup aimé cette lecture, car Aurore a du caractère : « il faut quand même le faire pour aller habiter chez ses grands-parents ! ».  Elle ajoute : « pour les parents, ça doit être énervant ». Elle pense que les parents d’Aurore « cherchent l’embrouille parce qu’ils chouchoutent la petite sœur, mais pas Aurore, ils ne s’en occupent pas beaucoup, il y a trop de disputes ». Elle ajoute que nous sommes beaucoup plus cools que les parents d’Aurore (ouf !). Charlotte a un journal intime mais ne raconte pas tous les jours ce qu’elle fait. Elle ajoute que ça lui fait du bien d’avoir quelqu’un à qui se confier, surtout quand il y a des choses importantes qui se sont passées dans la journée, sympas ou moins sympas. A la question de savoir si elle a un Marceau dans sa vie, elle rougit et me dit « je ne te le dis pas », elle ne raconte qu’à son journal, parce qu’  « avec les copines, ça peut faire des histoires »… Parfois, quand on l’énerve trop, elle se dit qu’elle pourrait faire une fugue mais elle se rend compte que ce n’est « pas très intelligent ». Elle a très envie de lire les tomes suivants !

« 13 février Je me suis bien observée dans la glace. Jessica est belle. Sophie a un appareil dentaire. Je suis moche. Plus je me regarde, plus je suis moche. Et quand je souris, je suis pire. Je suis moche et tarte. Peut-être avec un bon gros voile noir de la tête aux pieds ? Mais si j'ai le voile noir, je risque de décrocher le mari barbu qui va avec. C'est trop triste d'être à la fois moche et mal habillée ET mariée à un type poilu et mal habillé. Je renonce. Le mieux, dans ces cas-là, c'est d'accepter son destin. Pour moi, ce sera Laide, Visible et Célibataire. »

« Le temps que les gens perdent à lire des livres, ça me tue. C'est le genre de réflexion que je me fais en cours de maths. Il faut que je m'occupe la tête si je ne veux pas devenir dingue. Bref, la question s'est posée à moi entre deux équations, la seule, la vraie, l'unique : pourquoi me pourrir la vie à lire alors que je peux écrire ? Justement, j'avais un cahier en train de moisir. Un vieux cadeau de l'anniversaire de mes douze ans. L'authentique présent effroyable : une large couverture en carton, un million de pages blanches, et MON JOURNAL INTIME marqué dessus, histoire de rendre la chose publique dans le monde entier. Tellement intime que la couverture est fermée par un cadenas ridicule avec clé dorée, le genre de truc qui donne une envie mortelle de lire en cachette. « Tu vas écrire ton journal et ce sera le début d'une nouvelle vie », voilà ce que je me disais quand la fin de l'heure a sonné. J'ai arrêté de penser. Direct. J'ai ramassé mes affaires et j'ai foncé vers la sortie. La vérité, c'est que je suis faite pour l'action. »

« Chers parents, chers grands-parents et toute autre personne concernée par mon sort, comme vous le constatez, j’ai fait une fugue. Inutile de me chercher, je suis carrément introuvable. Ci-joint mes revendications : un téléphone portable et deux cartes d’avance ; de l’argent pour acheter de quoi repeindre ma chambre (je veux bien faire les travaux moi même ) ; des chèques pour noël, même petits. Pas de cadeaux ; fin des vacances en famille ; pas d’obligation d’assister au déjeuner du dimanche. Déposer votre réponse dans la boite au lettre de Lola. Merci d’avance »

« Douze février. On peut ruiner sa vie en moins de dix secondes. Je le sais. Je viens de le faire. Là, juste à l'instant. J'arrive à la porte de l'immeuble, une modeste baguette dans la main et la modeste monnaie dans l'autre, quand Merveille-Sans-Nom surgit devant moi. Inopinément. À moins de cinq centimètres (il est en train de sortir et je m'apprête à entrer, pour un peu on s'explose le crâne, front contre front). Il pose sereinement sur moi ses yeux sublimes. Je baisse les miens illico, autant dire que je les jette quasiment sous terre, bien profond, entre la conduite d'égout et le tuyau du gaz. Sa voix amicale résonne dans l'air du soir : - Tiens ! Aurore ! Tu vas bien ? Je reste la bouche ouverte pendant environ deux millions de secondes, avant de me décider et lui hurler à la figure : - Voua ! Merdi ! »

« Ce qui est triste, dans l'amour, c'est qu'il vous pique vos copines. Heureusement qu'il ne dure pas. Une petite rupture et hop, on retrouve ses amies. L'amour, je vous le dis, c'est juste une question de patience. ».

« Je vais cacher ce journal. Ce n'est pas le moment que ma pauvre mère tombe dessus par hasard en fouillant dans mes affaires. Elle a assez de soucis avec sa propre vie, je n'aurai pas la cruauté de l'accabler avec les miens. La vérité est que je suis prête à me sacrifier pour les parents. Je ne manque pas de grandeur. »

 

Challenge amoureux 2012
 
Challenge Petit Bac 2012
Logo lectures enfants liliba
 

Lire sous la contrainte prénom
 
Lire sous la contrainte

  

Le journal d’Aurore Jamais contente a deux suites : Toujours fâchée et Rien ne va plus.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Liliba 2705 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines