New Morning, Paris
Mercredi 7 novembre
C'est mon baptême de New Morning et j'aime déjà l'endroit : son cirque pentagonal, son grand bar, son ambiance rouge et chaleureuse, ses murs couverts de grandes photos de jazzmen, son placement libre à la chaise ou debout et un public où je me sens à ma place, ni trop vieille, ni trop jeune...
Au vu du remplissage de la salle et de la queue qui attendait dehors une demi-heure avant l'horaire prévu du concert, José James a son public en France. Ce que je présageais déjà lorsque j'entendais à la radio TSF annoncer que c'était le concert jazz événement du soir.
Le concert commence à 21h20 (il était prévu à 20h30), un quart d'heure après que Sly Johnson nous ait rejoint parmi les spectateurs et après que José soit arrivé vers 21h. (j'essaie la transmission de pensée, sans succès malheureusement, pour que Sly aille voir José en « coulisse » et qu'ils nous préparent une petit morceau improvisé ensemble). Il y a quelque chose de bizarre à voir José James traverser tranquillement la foule du public assis, maintenant très nombreux, pour rejoindre la loge. Ici, il y a aussi le clone de QuestLove, deux jeunes filles d'environ 12 ans, beaucoup trop de personnes de grande taille debout dans la fosse, un nombre étonnant et rageant d'appareils photo de grande taille aussi et des dizaines de personnes sortant apparemment tout juste du bureau...
Quand le groupe arrive sur scène, le concert est visiblement sold-out.
Après une petite intro de son groupe, il interprète It's all over your body, sans aucun doute un des potentiels tubes de son prochain album.
José James - It's all over your body Live @New Morning (filmé par jack el calvo)
José James entame une petite présentation des musiciens et du concert. Deux sets très différents et pour la première fois en exclusivité mondiale, annonce t-il en anglais, presque tous les titres de l'album à venir : No beginning, no end (Avec ce concert, je pensais découvrir beaucoup de ses morceaux et cela vient confirmer ma pensée).
Il continue avec un titre co-écrit avec celle qu'il décrit comme une des artistes des plus talentueuses au monde, l'artiste bluesy berbère et son ami : Hindi Zahra (j'acquiesce en ce qui concerne le talent). Le titre « Sore and Gun » (ou quelque chose comme ça) commence par des claquements de mains rythmiques en guise de percussions et promet d'être un des morceaux des plus rythmés et les plus revendicateurs de l'album.
José James - Trouble Live @New
Morning (ici une vidéo d'une qualité supérieure)
Puis il présente Vanguard écrit par Robert Glasper et continue sans problème avec Trouble autre futur tube du prochain album. Il reprend ensuite de manière magistrale Ain't no sunshine de Bill Withers. Le temps s'étire quand il fait durer le plaisir comme dans son titre tubesque du premier album : Park Bench people. Comme tout bon jazzman, il met très souvent en avant ses sidemen, il les présente au moins une dizaine de fois et leur laisse le champ libre pour des solos exaltés.
José James - Vanguard Live @New Morning (ici une vidéo d'une qualité supérieure) extrait filmé par Indapit1
Jazzman, oui et non, il réfute maintenant l'étiquette et trouve ça libérateur, effectivement il fait plus que des détours dans le Hip-Hop et la soul généralement. Il enchaîne donc avec d'autres titres plus doux comme deux morceaux écrits par Emily King qui sonnent plus Folk
José James – Park Bench People Live
@New Morning (il manque un tout peu de la fin... eh tenez 10 min comme ça...)
Rapidement, même si je ne suis pas une spectatrice régulière de ses concerts, je suis étonnée de voir José avec une guitare (acoustique). Si c'est une première pour moi, il avoue que c'est la deuxième fois pour lui qu'il joue sur scène et nous demande d'être gentil avec son jeu.
Tout à sa joie de la réélection de SON président, il nous inondera de son sourire, de « Obama » et « Four more years » scandés inlassablement toute la soirée. Évoquant son anniversaire tombant un jour de commémoration aux Etats-Unis et le fait qu'il avait dû subir George W. Bush Jr. pendant des années et deux mandats et que ça faisait déjà 4 ans qu'il appréciait bien mieux son cadeau...
Groupe excellent différent au batteur près de celui qui l'accompagnait il y a 3 ans (lors du concert où je l'avais vu en live pour la première fois). Le trompettiste Takuya Koroda est assez exceptionnel tant au niveau de son jeu instrumental que de sa coupe afro. Richard Spaven, le batteur fait partie des fidèles et excelle dans son rôle de métronome. Solomon Dorsey est un élément essentiel du spectacle et de l'ambiance musicale, José James le présentait comme bassiste, à la voix, à la vibe et au style. Par exemple, quand José annonce un titre sensuel, on s'attend à une ambiance plus intime ; qu'à cela ne tienne, il descend son bonnet sur les yeux et se fait sa propre ambiance tamisée. Ça et ses vocalises douces et feutrées et c'est parti pour le SugarLand.
Au piano et au Fender Rhodes, celui qui vit sa première expérience parisienne n'est pas le dernier à animer le concert de ses doigts magiques (Penderview)
Depuis son premier concert ici, il semble avoir une histoire d'amour avec la France, il était déjà présent au Duc des Lombards à Paris pour deux dates en juillet dernier et nous offre maintenant l'exclusivité de ses nouveaux titres. Ceux-là sonnent plus soul et plus proches de The Dreamer que de Black Magic.
José James - Simply beautiful Live @New Morning
(extrait filmé par indapit1)
Une demi-heure plus tard et une petite dizaine de spectateurs en moins, commence le deuxième set. Celui-ci sera presque uniquement dédié à de nombreuses ballades issues du futur album, celles-ci n'en sont pas moins groovy ou même bluesy. Simply Beautiful me semble le titre lent le plus prometteur de l'album. « Let it go » et « Do you feel » sont les titres potentiels de deux de ces titres. Au milieu de ce set de velours, il nous fait une petite incartade du côté de son deuxième album avec Save your love for me.
José James - Save your love for me Live @New Morning
Puis il se décide avec son acolyte bassiste à improviser un petit hommage à Bill Withers avec un trop bon, trop court et tronqué Lean on me précédé d'un dantesque, low tempo et bluesy Grandma's hands que ne renieraient pas ni Bill, ni Benjamin. Just wow!
Tout à la fin, il annonce qu'il va chanter pour la première fois un titre qu'il n'a jamais chanté sur scène : Little Bird qu'il a écrit il y a quelques années avec les allemands de Jazzanova.
Le concert se termine vers minuit trente après 2h30 de musique. Un sentiment de satisfaction après l'amour flotte dans l'air.
Entendant les commentaires de mes voisines de table et d'autres spectateurs, je pense que nous pouvons commencer une secte qui vouera un culte à la voix de velours de Mr James. Il y aura même un club spécial qui théorisera sur comment une voix si grave et intense peut sortir d'un si frêle corps. Un autre se concentrera sur la qualité des nuances de sa voix et de son utilisation des silences.
Bref on a du boulot, juste de quoi s'occuper dans les moments de respiration qui peut-être viendront dans ma grotte : mon travail où je retourne exercer mon vœu de silence jusqu'au prochain concert ou la prochaine fois qu'une news importante tombera du ciel.
Crédits photographiques : MademoiselleMV