Cette soirée aura été marquée sous le signe des défections. Celle de la tête d'affiche d'abord, Andrew Bird, il y a déjà quelques mois de cela. Puis plus récemment des anglais de Arthur Beatrice. Les deux noms les plus intéressants de la programmation diront les mauvaises langues. Un changement de salle plus tard et la présence d'un dénommé Andy Burrows, l'ancien batteur des très dispensables Razorlight, en lieu et place de Arthur Beatrice, la soirée pouvait quand même avoir lieu. J'arrive juste à temps pour le début des festivités avec donc ce Burrows, qui me fait tout de suite regretter de ne pas y être resté plus longtemps encore, au bureau. Parce que sa pop est plate à souhait et n'est pas sans rappeler par moments ce célèbre geignard de James Blunt. On s'ennuie ferme, même si le gars a des faux airs de Lawrence Arabia, il n'en a pas le talent mélodique. Aux remerciements usuels du bonhomme après les quelques applaudissements du public, un gars près de moi répondra par un ironique "De rien, tu nous bouleverses, mec !". Passées ces quelques minutes pénibles, je me rapproche instinctivement du bar. Me disant qu'il me faudra au moins un verre pour supporter la suite. Mais d'emblée, les montréalais de Half Moon Run font montre de nettement plus de personnalité. Leur musique, dans l'esprit de Grizzly Bear ou Wild Beasts, fait aussi irrémédiablement penser à Radiohead. Bref, avec de telles références, la température est montée d'un cran dans la petite salle du Divan du Monde. Surtout qu'ils semblent que beaucoup de leurs compatriotes aient fait le déplacement pour venir les voir. Le groupe connait déjà au Québec un vrai succès d'estime. Pourtant, le rabat-joie près de moi continue à dénigrer la programmation, argumentant que tout cela n'est pas très "rock'n'roll" et reste malgré tout assez chiant. Cette fois-ci, sa copine, comme moi, semble moyennement d'accord. Belle découverte donc que ces Half Moon Run, qui en concert, malgré quelques titres plus calmes, dégagent une belle énergie. Un album de plus à écouter...
Vient alors la tête d'affiche, les pas très charismatiques Here We Go Magic. Pas gagné que leur pop sophistiquée fasse danser les foules. C'est d'ailleurs ce qui se produit : l'assistance reste désespérément sage. Il faut dire que les canadiens semblent avoir déjà déserté la salle qui se retrouve alors qu'à moitié remplie. Mon voisin persiste lui dans son mécontentement : "ça vous fait kiffer ça ? Mais c'est exactement la plage 2 de leur disque !". L'abus de bières sans doute. Sa copine et lui en viennent presque aux mains. Mais ça doit être pour un autre motif. Pour ma part, je suis encore apte à profiter. D'autant que la fin du set est marquée par ce qui sont sans doute les trois meilleurs titres du groupe : "Collector", "Fangela" et "How Do I Know". Jolie triplette brillamment exécutée qui, d'un coup, d'un seul, justifie sans problème mon déplacement. Ouf...
Des photos, compte-rendus et vidéos des concerts sont disponibles sur le site officiel du festival ici même.