Magazine Culture

L’affaire Cirrus par Jean-François Thiery

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir

Quand on évoque le thème des criminels multi-récidivistes, des mots viennent spontanément s’insérer dans le fil du discours.
Ils sont souvent empreints de lourdes charges émotives, comme « dégoût », ou « nausée »… D’autres sous-tendent des comportements individuels ou collectifs plus ou moins fantasmatiques, comme « nettoyage », ou « vengeance ».

L’affaire Cirrus prend racine dans une sombre colère, celle du quidam, de vous, de moi…
Je veux parler de cette rage qui abolit notre entendement quand, par exemple, nous apprenons une énième récidive, le plus souvent sous l’œil indolent des pouvoirs publics. Dans ces moments orageux, les belles idées humanistes sont remisées, et on n’écoute plus que les aboiements haineux. Dans ce court espace temporel, on se prend à rêver de justice à l’emporte-pièce, de solutions radicales… Mais cela ne dure qu’un moment… Ensuite, certains cherchent des explications, des excuses, et retournent fouiller dans le placard. Ils en ressortent armés de la batterie du bien-pensant, des arguments frappés au coin de psychothérapies en tous genres. Tandis que d’autres… n’y pensent tout simplement plus. Ils font le choix du confort…
 
Quand mon éditrice de Ex Aequo m’a commandé une suite au thriller Thérapie en sourdine, plusieurs affaires sordides venaient de défrayer la chronique. C’était l’été, et il faisait chaud. L’atmosphère était orageuse, malsaine. Une sorte de pendant climatique à cette monstruosité humaine qui s’étalait dans les médias. La trame de ce roman court s’est imposée alors comme une évidence.
J’ai mis en scène un nettoyeur très expéditif, comme peut l’être une tueur animé d’une foi mystique. Ce personnage est plongé dans la folie par un passé trouble, une voix intérieure exigeante, et des conditions climatiques oppressantes. Sa mission destructrice s’incarne dans une mise en scène élaborée. La première victime est Cirrus, un délinquant sexuel notoire, remis en liberté suite à des dysfonctionnements judiciaires. Des acteurs de la justice institutionnelle sont les suivants sur la liste… Le groupe du commissaire Wolf enquête au fil de cet ouvrage structuré en trois parties (Avertir, …), chacune évoquant une évolution vers le stade ultime de la vengeance…
 
Dans L’affaire Cirrus, les limiers de Thérapie en sourdine reprennent du service dans un opus plus court que le précédent (136 vs 308 pages), et acquièrent de facto le statut de personnages récurrents… Ils ont des caractères épais, souvent minés par des démons intérieurs. Parfois agaçants, souvent sympathiques, ils ne sont ni complétement bons, ni complètement mauvais. Ils évoluent dans un entre-deux que nous connaissons bien, car d’une certaine façon… ils nous ressemblent !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Livresque Du Noir 5521 partages Voir son profil
Voir son blog

Dossier Paperblog

Magazines