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Les écologistes doivent-ils quitter le Gouvernement ?

Publié le 09 novembre 2012 par Arnaudgossement

1762682_gouvernement1.jpgUne lectrice de ce blog a bien voulu me poser la question du départ des ministres écologistes du gouvernement. Je la remercie. Voici ma réponse.


Voici la question.

MA Bardinet
09 novembre 2012
Bonjour,
ce n'est pas une question juridique, mais j'aurais aimé avoir votre ressenti sur l'éventualité de voir les écologistes quitter le Gouvernement, suite effectivement au rapport Gallois qui ne va clairement pas dans le sens d'une transition énergétique efficace.
merci !

Voici ma réponse :

Bonjour,

Merci de votre question.

Mon sentiment est que la question n'est pas de savoir si les écologistes doivent ou non quitter le Gouvernement. Le fait de quitter le Gouvernement ne l'aidera pas à être plus "vert". Au contraire. Le risque serait alors de renforcer l'aile productiviste de la majorité. En clair, je ne souhaite pas un départ des ministres écologistes du Gouvernement et souhaite au contraire qu'il y en ait beaucoup plus.

La question est bien de savoir quelle est la place de l'écologie dans la politique actuelle de la majorité. Cette place n'est pas inexistante mais bien faible tout de même. Soyons clairs, certaines mesures sont anachroniques. Le limogeage de la ministre de l'écologie en plein sommet de la terr, le soutien apporté au projet d'aéroport de Notre Dame des Landes, le soutien à l'énergie nucléaire, l'absence de réponse claire et pertinente au déclin des énergies renouvelables, le renvoi à 2016 du chantier de la fiscalité écologique, la politique de la pêche, le maintien de la fiscalité sur le diesel ou les agrocarburants : tout ceci ne va pas dans le bone sens.

La question d'après est donc de savoir comment renforcer la place du développement durable. Je rencontre et j'échange très souvent avec des parlementaires qui s'activent pour faire bouger les choses. Cela est notamment lié au fait que les dernières élections législatives et sénatoriales ont permis un fort renouvellement des élus et l'arrivée d'une nouvelle génération très concernée, dans la majorité mais aussi dans l'opposition. Cela est porteur d'espoir. Il faut le faire fructifier.

Pour ce faire, il faut relayer l'action de ces élu(e)s en en parlant, en l'aidant, en lui donnant une plus grande exposition médiatique. Il faut aussi leur donner le temps de s'exprimer, de travailler, de proposer : cela suppose d'arrêter d'étudier tous les projets de lois au Parlement en procédure accélérée. Les ratés sur le projet de loi sur le logement ou sur la proposition de loi relative à la tarification progressive de l'énergie sont un avertissement : la machine s'emballe. Donner du temps à la discussion des lois, interdire le cumul des mandats, reconnaître mais réglementer le lobbying parlementaire, permettre la discussion des textes proposées par les parlementaires eux-mêmes : les idées ne manquent pas et une réforme est possible.

Il faut également renforcer le dialogue environnemental. L'organisation annuelle d'une conférence environnementale de deux jours n'y suffira pas. Nous avons besoin d'une démocratie écologique continue. La création d'un Conseil national de la transition écologique avec de vrais moyens peut y contribuer. Le vote du projet de loi sur la participation du public aussi. Il faudra bien reprendre le chantier de la représentativité des associations pour en renforcer le rôle. 

Il faut comprendre que le developpement durable est une question européenne. L'euro scepticisme ambiant est une aberration pour quiconque se réclame de l'écologie. Renforcer les liens entre parlements nationaux et parlement européen, mieux faire connaître les travaux de ce dernier, renforcer la présence de la France dans les négociations (climat, biodiversité, agriculture...) européennes et internationales : voilà qui s'impose.

Il faut aider les acteurs du développement durable et notamment les entreprises. Simplifier le cadre juridique de leurs activités, les soulager d'une fiscalité illisible car trop complexe, renforcer le conseil et l'accompagnement des jeunes chefs d'entreprise : là aussi des mesures sont à prendre. Cesser d'opposer écologie et économie est une urgence. Je ne cesse de rencontrer des jeunes entrepreneurs qui ne demandent qu'à développer leur  activité, à recruter dans des industries intelligentes : aidons les vraiment. Les Etats généraux de la modernisation du droit de l'environnement annoncés par le Gouvernement sont une chance pour faire en sorte que ce droit ne soit plus vécu comme une contrainte par les entreprises.

Il faut créer une culture et une éducation au développement durable. Cela ne peut se réduire à des campagnes d'information aussi nécessaires soient elles. Redonner des moyens à la recherche, développer l'affichage environnemental des produits de consommation, renforcer l'enseignement des sciences naturelles à l'école, valoriser la place du droit de l'environnement à la faculté de droit, redonner des moyens aux associations qui assurent l'éducation à l'environnement, forcer les ministères de l'éducation, de la santé et de l'écologie à travailler ensemble, réformer les instances d'expertise pour la rendre pluraliste ... la liste est longue de tout ce que nous pourrions faire sans que cela ne coûte cher.

Bref : il y a mille choses à faire avant de s'interroger sur le départ des ministres écologistes du Gouvernement ! Cela me fait penser à toutes ces personnes, qui, dés le lendemain du Grenelle ne cessaient d'en prédire la mort plutôt que de s'investir pour le faire vivre.... Mieux vaut être acteur que spectateur, même engagé.

Pardon d'avoir été sans doute trop long.

Bien cordialement,

Arnaud Gossement


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