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Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai*

Publié le 09 novembre 2012 par Sukie

*extrait de L’écume des jours

Je n’ai pas lu le roman de Yann Martel. Mais je me souviens qu’à sa sortie, L’Histoire de Pi avait remporté un joli succès et son auteur un Man Booker Prize au passage. Au cinéma, ça fait plusieurs fois que je vois passer le trailer et je suis systématiquement écartelée entre le doute et la fascination. C’est la première fois qu’une bande-annonce me donne davantage envie de me plonger dans le bouquin plutôt que de voir le film, malgré le tourbillon d’onirisme, la présence d’Ang Lee à la réalisation, les musiques qui collent à merveille (superbe intro avec Sæglópur de Sigur Ros; pas fan de Colplay mais Paradise est ici très à propos).

Sans avoir lu le livre, je m’interroge sur la pertinence de l’adapter. Est-ce que tous les best-sellers ont la vocation un jour de devenir un produit visuel? Beaucoup sont déjà passé à la moulinette quand on y pense. Il existe pourtant des univers véritablement difficile à retranscrire. Des histoires destinées à rester dans l’imaginaire de l’auteur et des lecteurs. La littérature reste du domaine de l’intime, elle fait appel à notre créativité, à notre capacité d’interpréter. Quand j’ai vu l’adaptation de La Délicatesse, j’ai bloqué sur Markus. Puis je me suis faite à François Damiens, même si je ne l’imaginais guère ainsi. Le fait qu’il découlait d’un choix de son auteur (Foenkinos a adapté son propre roman) le rendait un peu plus légitime. Mais on avait brusquement interrompu mon tête à tête avec l’écrivain. L’irruption du réalisateur est parfois violente car elle vient chambouler notre propre représentation de l’oeuvre et ça fait chier. Pour revenir aux bouquins inadaptables, maintenant que certains ont désormais lu Fifty Shades of Grey, vous conviendrez que les scénaristes vont devoir se creuse la cervelle très profond pour pondre un scénario basé sur cette spirale du vide.
Autre adaptation incongrue, Michel Gondry est en plein tournage de L’Ecume des jours (je viens de lire que le roman avait déjà adapté une première fois en 1968 par Charles Belmont)  Sacré défi que d’adapter ce fantastique roman de Boris Vian. La sensibilité de Gondry s’y prête bien. D’emblée, je pense à la Science des rêves, qui se rapproche de cet univers. Et puis, je pense aussi à Colin, Chloé, Chick, Nicolas. A quoi vont ils ressembler? Je les ai beaucoup cotoyé dans mon adolescence. J’ai ri et pleurer pour eux. Et maintenant, ils vont  vivre sous les traits de Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh, Omar Sy. Aucune idée de ce que ça va donner. Mais l’envie de zieuter ce qui ressemble déjà à un ovni (puisque le livre en est déjà un) est forte je dois l’avouer.

Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai*

Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai*

Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai*

Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai*

Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai*

Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai*

Mais ce week-end, résolument, c’est Argo que je veux voir.

L’Odyssée de Pi sort le 19 décembre sur vos écrans.


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