par Antoine Peillon (texte) et Ishta (photos)
Notes, souvenirs et photos, après plus de trente ans de billebaudes sur les traces des derniers ours du Béarn et à la rencontre de leurs partisans, ces doux rêveurs...
"TU ES NÉ, j’avais seize ans. Ourson ; Papillon ! À Lescun, dans une cabane, je renaissais. Au bois de Broca d’Azuns, en tanière d’hivernation, tu rêvais, le museau dans la fourrure de ta mère. Toi, un papillon ; moi, le fayvert : deux rôdeurs ailés dans la montagne. Mes pattes se sont mises dans tes pieds, mes paluches, dans les traces fraîches de tes mains, à l’amont d’Aydius. Destination : le ciel. Tu y es arrivé avant moi, par l’œuvre de ta belle mort.
Ils ont trouvé ta dépouille, le 25 juillet dernier, au cœur de l’été, en haute vallée de Luz-Saint-Sauveur. L’autopsie vient de confirmer que tu es mort de vieillesse, une de tes prémolaires dénonçant vingt-huit ou vingt- neuf ans d’âge. Cataracte à l’œil gauche, toutes tes dents très usées, insuffisance rénale chronique, queue cassée, arthrose aux vertèbres et, surtout, une hémorragie dans la vessie... : tu ne pesais plus que quatre-vingt-quatorze kilos, soit quelque vingt-cinq de moins qu’en avril. Pas d’empoisonnement, ni blessure, même si des plombs étaient enkystés depuis très longtemps dans le gras de ton encolure.
Salut lou pé descaous (“le va-nu-pieds”), lou Moussu (“le Monsieur”) ! Ils n’ont pas eu ta peau..."
Source : Editions La Luminade
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