Le 11 novembre 1918 marque l'arrêt des combats sur le front occidental. Mais, pour cinq millions de soldats français, ce n'est pas encore la fin de la guerre. Il leur faut attendre longtemps avant d'être démobilisés et pouvoir revenir dans leur famille.
Cette histoire de la sortie de guerre, jusqu'ici méconnue, nous permet de découvrir des combattants épuisés, impatients de rentrer chez eux, et résolus cependant à ne pas accepter une paix hâtive. La haine de l'ennemi se manifeste alors avec force, et la violence de la « culture de guerre » est portée à son apogée. On imagine les soldats et les civils communiant dans la joie de la victoire. Il n'en est rien, et la fracture entre le front et l'arrière n'a jamais été aussi forte. L'armée française en 1918 est une armée victorieuse. C'est aussi, avant tout, une armée en deuil. Comment ont-ils accueilli la fin de la guerre ? Quels sentiments leur laisse ce conflit ? Quels furent les relations entre l'armée française et les Allemands en Rhénanie occupée ? Telles sont les grandes questions que l'historien Bruno Cabanes s'est posé dans son livre La Victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français (1918-1920) primé par l'Académie des sciences morales et politiques.