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Augustine

Publié le 12 novembre 2012 par Lorraine De Chezlo

AUGUSTINEd'Alice Winocour
Drame biographique - 1h40
Sortie salles France - 7 novembre 2012
avec Vincent Lindon, Stéphanie Sokolinski, Chiara Mastroianni...

Augustine, servante dans une maison à Paris, tombe un jour et fait une crise d'"hystérie". Elle se retrouve bien vite à l'Hopital de la Salpétrière, puis repérée par le professeur Charcot, très intéressé par cette femme qui vient compléter ses études de neurologue sur l'hystérie, un sujet intéressant qui lui permettra de démontrer en public qu'il peut par l'hypnose provoquer des crises d'"hystérie ovarienne" qui engendrent chez Augustine une paralysie latérale. Elle est loin d'être bête Augustine, elle demande quand elle pourra être guérie, elle n'a pas de réponse, puis elle s'entend dire qu'elle doit être patiente et docile pour que les choses avancent.... Des semaines à se plier aux expériences diverses, à obéir au doigt et à l'oeil à Charcot et ses disciples, à vivre loin de sa cousine, enfermée dans ce cloître auprès de femmes qu'elle n'apprécie pas. Elle passe les jours suspendue à l'espoir que représente le Dr Charcot, l'espoir de sa guérison, l'espoir d'une écoute, l'espoir d'une considération, ou celui d'un désir...

Augustine, le titre du film résonne avec Séraphine, encore une femme taxée de folle, traitée comme un sujet d'intérêt dans un monde où le jugement est masculin.... Mais passons !Augustine, c'est un film intéressant, qui lève le voile avec un sens de l'esthétique maîtrisé, sur une époque assez obscure, empirique, contestable, de la médecine française. Une médecine d'Académie, des hommes puissants par leur fonction mais aussi puissants par leur nature, des maladies psychologiques méconnues qu'on se complaît à n'attribuer qu'aux femmes, tout en les dominant davantage en leur imposant un statut d'objet d'étude, un asservissement sous couvert de protocole scientifique
AUGUSTINELe jeu de Vincent Lindon n'est plus à encenser, celui de Soko est remarquable, époustouflant. Des scènes d'hystérie désarticulantes, de paralysie partielle, de sentiments refoulés, des consultations nauséabondes, elle joue tout avec un talent naturel. 
AUGUSTINE
Je regrette assez que le film n'ait pas été plus loin, plus loin pour cerner la personnalité de Charcot. Certes, il est montré comme un docteur en sciences, froid, assuré, travailleur, à l'origine d'études importantes démontrant l'existence de zones dans le cerveau responsables de troubles psychologiques et physiques, déclenchés par des chocs émotionnels ou psychologiques. Et bien sûr, l'homme est enchâssé dans la misogynie de son époque, et dans ses désirs interdits. Mais au-delà de ça, au delà des théâtralisations auprès des grands pontes pour obtenir des financements pour son hôpital, que pense-t-il de tout ça ? De l'état dans lequel on maintient ces femmes ? De la finalité de ses études ? Le film se situe sûrement ailleurs, dans un conte flirtant avec l'absurde, renversant les rôles. Vraiment intéressant. Il 'a rappelé la lecture de Blanche et Marie (Blanche Wittman fut patiente hystérique et amante de Charcot).


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