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La Finance islamique, ou comment faire coexister Dollar et Coran.

Publié le 12 novembre 2012 par Edelit @TransacEDHEC

 Il n’a échappé à personne, surtout depuis les récents investissements qataris en France dans le milieu sportif ou social, que les pays arabes sont en plein renouveau économique. Autrefois concentrés sur les revenus dus aux activités pétrolières (dans les pays ayant la chance d’avoir un sous-sol riche), les émirs et autres princes n’attendent pas le tarissement des sources d’or noir pour trouver un autre moyen de gagner des billets… verts.

Ce renouveau économique se fonde sur l’adoption d’une finance dite islamique, en accord avec les principes du Coran interdisant, entre autres, l’intérêt : « Allah a rendu licite le commerce, et illicite l’usure. » (Coran, sourate 2, 275). C’est ainsi la base même de l’économie occidentale qui est remise en question dans ce mode de financement, comment alors répondre à cette question que nous nous posons tous : Comment gagner de l’argent en masse ?

Quatre concepts ont  été introduits : moudaraba, mousharaka, mourabaha et ijara.

-La moudaraba, la plus ancienne de ces techniques,  fait intervenir un entrepreneur, personnage central, et un investisseur, uniquement chargé de financer ce dernier. L’entrepreneur (« Moudarib ») est la clé de ce type de contrats : moyennant une obligation de rembourser son investisseur (« Rab el Mal ») et de lui accorder un pourcentage de ses bénéfices pendant une période donnée, le Moudarib  conserve une totale liberté d’action dans son projet, de la conception à l’exécution. Le Rab el Mal, lui, ne fait qu’apporter son capital. Son seul risque ? Tout perdre si jamais l’opération échoue…

-La mousharaka dérive de la précédente en conservant la relation investisseur/entrepreneur, à ceci près que le contrat stipule une obligation de résultat : la banque peut ainsi avoir à réinjecter des liquidités pour aider à la réalisation de l’opération. Les pertes éventuelles restent à la charge de l’investisseur.

-La mourabaha est apparentée à un contrat de location avec option d’achat : la banque achète un bien et en laisse l’usage au client, moyennant un paiement fractionné qui, à terme, représentera une somme supérieure au prix d’achat de l’objet. L’acheteur n’est pleinement propriétaire de son bien qu’une fois la mourabaha remboursée, la banque pouvant exiger des garanties pendant la durée du contrat. Il s’agit de la principale méthode de financement appliquée par les grandes banques islamiques avec 59% du volume total. L’investisseur réalise un profit, certes, mais ce profit n’est pas le résultat de l’action du temps (comme le seraient des intérêts, prohibés) mais bien le prix du service qu’il rend.

-L’ijara, enfin, est à associer à un crédit-bail occidental : il s’agit, dans sa forme la plus simple, d’une mise à disposition d’un bien (généralement de l’immobilier) soumise au versement  d’un loyer. Des exigences peuvent être formulées par les deux parties lors de la rédaction du contrat, qui peut très rapidement devenir complexe.

D’autres méthodes sont mises au point par les banques, islamiques ou conventionnelles, afin de satisfaire au besoin d’augmentation de richesse et à l’impératif religieux. Véritable casse-tête juridico-culturo-éthico-financier, la création de ces techniques pourrait se révéler être un domaine porteur pour les diplômés fraîchement sortis de leurs grandes écoles, surtout dans le contexte encore incertain du monde de la finance.

Qui n’aimerait pas un poste de banquier d’affaires  en plein centre de Dubaï ? Libre à vous, désormais, de devenir aussi riche qu’Ali baba et de vivre une vie de pacha dans les pays des mille et une nuits… Et si la péninsule arabique reste le principal foyer de la finance islamique, l’Afrique est-elle aussi décidée à profiter des quelques 1400 Milliards de Dollars US investis chaque année dans ce secteur : le 6 Novembre s’est en effet tenu le premier « Sommet Africain de la Banque Islamique (IBSA) » à Djibouti, présidé par le chef de l’Etat Djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh. Les maîtres mots de cette conférence ont été « puissance » et « dynamisme », de quoi envisager sereinement l’avenir de ce secteur bancaire si particulier.

Alexandre GaÏo


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