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Cordes Avides en concert au Festival Sons Neufs à Paris

Publié le 13 novembre 2012 par Assurbanipal
 

Festival Sons 9

Paris. Auditorium Saint Germain.

Samedi 10 novembre 2012. 19h30.

Première partie

Trio «  Cordes avides »

Sébastien Guillaume : violon

Frédéric Eymard : violon alto

Jean Wellers : contrebasse

Somptueuses lectrices, superbes lecteurs, je vous ai déjà parlé de l’album Moon Blues du trio à cordes « Cordes avides ». Je le découvre enfin sur scène grâce au festival Sons 9 qui se consacre aux instrumentations rares dans le Jazz, les musiques improvisées et les musiques du monde. En classique, il y a les quatuors à cordes sans contrebasse. En Jazz, il y a le quartet de Jean-Philippe Viret et le trio « Cordes avides » tous deux avec contrebasse. La contrebasse, surnommée « la grand-mère » par les musiciens de Jazz a un rôle essentiel dans la pulsation rythmique, le beat propre au Jazz. Elle tient les fondations de l’édifice. Encore plus sans batterie pour la seconder. A preuve, l’Orchestre de contrebasses. Sous les mains expertes de Jean Wellers, elle se permet toutes les libertés bien qu’elle passe la soirée au violon avec Sébastien Guillaume et Frédéric Eymard. Voici comment.

Ca commence par une sorte de blues, plein de glissades et de sensualité. Pulsation chaude de la contrebasse. Violon et alto prennent la parole à tour de rôle. Malgré son nom, le violon alto est plus grand, plus gros et plus grave que le violon même s’il se joue, lui aussi, coincé sous le menton. J’ai découvert Frédéric Eymard sur scène dans le groupe du pianiste Olivier Calmel. Avec son trio, il assure aussi.

La contrebasse démarre en leader, secondée par les violons. Ils partent tous ensemble. Ca court joyeusement, comme des enfants dans un pré au soleil. C’est joyeux, vif, vivant, ensoleillé et ça ne fait pas carte postale. Jean Wellers est impressionnant de vélocité, de maîtrise, de précision, de puissance à la contrebasse. C’est un maître méconnu de l’instrument. Ces trois musiciens sont certes des virtuoses mais ils mettent leur technique au service de la musique et non pas l’inverse. « Un virtuose ne sert pas la musique. Il s’en sert » (Jean Cocteau, premier Président de l’Académie du Jazz).

C’était « Mingus Story » (Jean Wellers) suivi de « Funk Side » (Frédéric Eymard).

« La case neuve » (Eymard) inspirée par des séjours à Mayotte. Le contrebassiste joue des percussions, les violonistes de la guitare. Ca sent bon l’Océan Indien, la vanille et l’ilang ilang. Par une soirée humide de novembre à Paris, même si nous sommes au chaud et au sec, ça fait grand bien. 

Retour au calme avec une ballade romantique où les violonistes rivalisent d’effets d’archet alors que la contrebasse marque tranquillement le pas. Solo de contrebasse d’une précision et d’une justesse diaboliques élégamment secondé par les violons. C’était « Confidences » (Eymard).

«  Mi swing mi raisin » (Eymard). Un morceau rapide commence à trios. Je sens le métier hérité du classique. C’est clair, net, précis, en phase ce qui ne gâche en rien leur liberté d’improviser propre au jazz. 

« Hips Hop » (Eymard). La contrebasse sonne bien funky. Cordes à l’unisson sous les archets. Puis les violonistes attaquent. Percussions funky sur la contrebasse. L’alto tranche dans le grave. Retour à la pulsation funky de la contrebasse, le violon joue un air alors que l’alto improvise.

« Sarapo » (Sébastien Guillaume). Ca vibre de partout sur les cordes. La contrebasse slappe comme une guitare basse électrique. Puis les deux archets s’en mêlent alors que la contrebasse reprend une pulsation plus classique. Je regrette de ne pas entendre Jean Wellers à l’archet. Il en est certainement capable. Gratté, l’alto sonne comme un banjo. Le violon mène la danse, bien stimulé.

RAPPEL

« Estocade » (Eymard). Joli titre pour le rappel. Morceau rapide. Les deux violonistes aux archets. Le contrebassiste toujours en pizzicato. Les mains de Jean Wellers sont des araignées puissantes, souples, rapides qui courent sur les cordes de sa contrebasse. Aussi impressionnant à voir qu’à écouter.

J’apprécie l’album de « Cordes avides » mais je regrette qu’il ne soit pas plus libre, plus audacieux, plus joyeux. En concert, mes vœux ont été exaucés. J’ai été émerveillé, réjoui par cette musique libre, légère, subtile. Je n’ai plus qu’un vœu à accomplir : puisque violoniste et altiste ont pu jouer sans archet, qu’au prochain concert le contrebassiste puisse jouer avec, saperlipopette ! Renseignement pris, Jean Wellers avait cassé son archet et n'avait pas eu le temps d'en racheter un autre avant le concert. Il en jouera donc au prochain concert du trio.

Deuxième Partie

Yom : clarinette, clarinette basse

Wong Li : guimbarde, flûte à calebasse

Je ne connaissais rien de cette musique avant ce concert. Mon instinct me disait qu’elle n’était pas faite pour moi. Toutefois, par conscience professionnelle, je suis resté l’écouter. Au milieu du 3e morceau, elle a commencé à me vriller le crâne. Je suis donc parti pendant les applaudissements à la fin de ce troisième morceau. Mon instinct était bon. Cette musique n’est pas faite pour moi. Je la laisse à ceux qui l’aiment. Ils sont manifestement nombreux vu la réaction du public lors de ce concert. Comme l'écrivait Claude Debussy: " Le public a beaucoup aimé. Il était bien le seul ".

Voici ce que le trio " Cordes avides " donnait à ses débuts, avant l'album, alors que Jean Wellers jouait de la guitare basse. L'album est meilleur et le concert auquel j'ai assisté meilleur encore. Mais jusqu'où s'arrêteront-ils?

 

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