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Laisser une place pour un certain cinéma d’auteur

Publié le 14 novembre 2012 par Monartiste
Laisser une place pour un certain cinéma d’auteur

Le film Foudre qui a besoin de vous trouver sa place dans les salles. Retrouvez le film sur Babeldoor

L’inquiétude se fait ressentir chez les cinéastes et les producteurs indépendant, face au fossé qui se creuse chaque année davantage entre les quelques champions du box office à la puissance commerciale presque sans limite et la marée de films qui ne trouvent ni public et parfois même de salles. Grand sujet de préoccupation pour les professionnels tant de ce côté de l’atlantique que de l’autre, qui subissent tous les deux (on ne le dit pas assez…),  l’impérialisme d’Hollywood dans le combat en faveur de la diversité culturelle, comment réussir, si l’on a même pas accès aux salles.

Un chiffre cristallise leur inquiétude 40 % des films qui sortent en France réunissent moins de 20 000 spectateurs et 60 % recueillent moins de 100 000 entrées. En Espagne ce constat est d’autant plus alarmant, 40 % des films espagnols qui sortent chaque année n’arrivent pas à atteindre les 2000 spectateurs.

Leur inquiétude n’est pas tant la concurrence croissante entre les films, vingt films peuvent sortir en même temps un mercredi, mais la situation de quasi monopole des grands groupes d’exploitation et leur pouvoir dictatorial de vie ou de mort après une semaine de projection du film. UGC, EuroPalaces (Gaumont/Pathé) et MK2 réalisent 90 % des entrées en France. Il suffit que les trois programmateurs ne veuillent pas du film, pour qu’ils finissent aux oubliettes. La logique commerciale trouvera un nouvel atout de taille avec l’apport du numérique, qui leur permettra de changer la programmation en un clic.

Faute de distributeur, de nombreux réalisateurs choisissent de bousculer la chronologie des médias pour diffuser leur film sur internet et laisser aux internautes la possibilité de le voir.

Internet offre certes un espace pour tous les films.

Malgré l’inquiétude d’une grande partie du secteur culturel, l’on ne peut nier les aspects positifs du numérique et les perspectives encore immenses qu’offre internet.

L’accès à la connaissance n’a jamais été aussi facile, sources d’informations multiples, la connaissance universelle est à un clic et le plus souvent gratuitement. L’on ne peut décidément pas regretter d’avoir tous les outils pour favoriser la démocratisation de la culture.

En 2008, Mathieu Kassovitz et Augustin Legrand, eux aussi en panne de distributeur pour Les Enfants de Don Quichotte, mettent le film sur Dailymotion : 500 000 clics prouvent que le documentaire a un public. Et le long-métrage de connaître finalement une sortie en salles.

Mais cette fameuse sortie en salles, qui confère au cinéma toute sa noblesse, ne devient-elle pas un accessoire de luxe ? Des quelque 240 longs-métrages distribués chaque année, moins de la moitié sont rentabilisés sur grand écran. Alors certains pensent au petit. Celui de l’ordinateur. Eric Atlan, producteur des Démons de Jésus, vient de réaliser et produire Mortem, thriller métaphysique d’un coût de 500 000 euros qui verra le jour sur le Net en janvier 2012 et, en même temps, dans un ou deux cinémas. « La salle est devenue un outil de promotion, mais n’est plus une source de profits, sauf pour une petite poignée de films. » Atlan a mis au point une stratégie. Depuis début 2011, Mortem écume les festivals du monde entier et accumule les prix : meilleur scénario à Los Angeles, meilleur film à Mexico et à Honolulu… Fort de cette bonne réputation, le long-métrage pourra être téléchargé pour 1 ou 2 euros. Et, pourquoi pas, à l’étranger, être vendu clefs en main à un annonceur qui, après l’avoir estampillé, se chargera de le diffuser sur la Toile ? Pour certains, ce sera un sacrilège. Pour d’autres, un moyen de rentabiliser leur création. L’éternel paradoxe de l’art et de l’industrie.

Les salles seraient-elles vouées à disparaître ? Une chose est sûre, à force de vouloir se protéger, l’industrie cinéma risque de s’enfermer dans son tombeau, chose que l’industrie de la musique commence à peine à le réaliser.

Laisser une place pour un certain cinéma d’auteur

Pour autant, non, la salle ne doit pas disparaître, c’est un lieu de rencontre.

Internet peut être l’endroit où chaque film peut rencontrer l’ensemble de son public. Mais ça ne veut pas dire qu’Internet est le lieu où un film qui ne suscite pas le désir dans le monde analogique va trouver un public: sur Internet, la logique de marché est encore plus poussé. Chaque mercredi, c’est comme une sortie de tranchée: quinze films sortent de la tranchée, trois ont la possibilité de faire trois pas et un seul arrive vivant au bout. Cette loterie sauvage structure le film de cinéma. Si on touche à ça, on va faire de la salle de cinéma une chaîne de télévision hors de chez vous. Le cinéma est un événement social, avec des rendez-vous, singulier, irrationnel, mais c’est ce qui fait la différence de l’expérience du cinéma dans le salon ou en salle.

Même si l’avenir du cinéma se situe sur internet. Tous les réalisateurs indépendants sont d’accord pour préserver la salle. Le cinéma, c’est un lien social, c’est une sortie, un effort. L’expérience est très différente: ce n’est pas la même chose de voir une comédie dans son salon et de rire ensemble à 200 dans une salle. Et même pour un film plus difficile: si je suis dans mon salon, la question est vite réglée: je zappe. Dans une salle, je fais l’effort.

photo credit salle de cinéma: atomicjeep via photopin cc


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