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Lescop, pop bipolaire (Lauréat du Fair 2013)

Publié le 15 novembre 2012 par Swann

C’est drôle comment les goûts et les couleurs peuvent se mélanger. Entre le folk et la new-wave il y a un océan pour ne pas dire même une galaxie. Pourtant, l’un et l’autre font partie de moi et de ma culture musicale. Si le folk est la base de ce blog, la new-wave reste entre moi et moi. Comme si je n’avais pas envie de partager cette musique avec le monde entier, ou simplement toi devant ton écran qui est en train de me lire. La new-wave reste dans le domaine de l’intime. Je n’ai envie d’en parler, comme j’enrage de voir le nom de Joy Division dans toutes les chroniques musicales actuelles. Tu sais, Joy Division est sans doute le groupe qui me procure le plus d’émotion. Pas des larmes, mais un grand bouleversement intérieur. Un chamboulement qui part des tripes, te prends au cœur, aux corps et à la tête. Parce que l’histoire du groupe est tragique, parce qu’il est l’image d’une époque et d’une ville. Parce que la tristesse qui se dégage des yeux de Ian Curtis est touchante, parce que le grain de sa voix reste graver à jamais. Ce n’est pas pour rien que le fond d’écran de mon ordinateur soit la couverture de Closer. Que ma sonnerie de téléphone soit « Love Will Tear Us Apart ». Que le bandeau de la page Facebook du blog soit extrait du film Control, tout comme le backfont de mon Twitter. Joy Division est moi, c’est une grande histoire d’amour. Tout ça pour en venir à Lescop. Révélation de l’année 2012, un garçon qui, sans le vouloir a remis la new-wave. Pas lui seul évidemment. Mais, il fait parti de la sélection du Fair 2013, il est mon coup de cœur absolu. Pour eux, je dresse son portrait.

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C’est dans l’air du temps. Cette musique robotique, inquiétante et si sexy revient de nulle part. On l’avait enterrée, oubliée. On avait dit d’elle qu’elle était ringarde. Pourtant, aujourd’hui elle ressuscite d’entre les morts, portée par une armée de jeunes pousses. C’est la même musique qui a bercé nos plus jeunes années. Celle des eighties, celle d’Etienne Daho, Taxi Girl ou Depeche Mode… On l’appelait new-wave, on l’appelait post-punk, elle était symptomatique d’une époque. Temps de crise, temps morose. Le moral était dans le noir et la musique, émanation de l’esprit, le reflétait.

Trente ans après, c’est la même chanson. Le contexte est différent certes, mais sans doute la meilleure manière d’exprimer son côté sombre reste la new-wave. Ce revival n’aurait pas été aussi flagrant sans Lescop. Matthieu de son prénom. Libéré du groupe de rock Asyl, le garçon se fait connaître avec un titre, « la Forêt« . Et quel titre. Etrange et accrocheur, une espèce de court-métrage auditif : un couple qui se retrouve au beau milieu d’une forêt, un rendez-vous qui tourne mal. Le morceau fait le tour de la toile, les remixes pleuvent, et on se met alors à chercher qui est l’auteur de ce tube additif.

Qui est-il ? Un garçon de La Rochelle qui rêvait plutôt de vivre du côté de Manchester. La Rochelle, cette belle ville qui a fait naître énormément de frustration en lui, et qui finalement a été son point de départ. Un ticket d’entrée.

Avec Asyl, Matthieu rêvait de marcher dans les pas de Jim Morrison, Sid Vicious et autres punks qui ont décoré les murs de son adolescence. Avec le temps, Matthieu d’Asyl devient Lescop. Comme Warsaw devient Joy Division. Du rock punk, il glisse vers le post-punk, la new-wave. Sur son chemin, il rencontre John de John & Jehn et ensemble il façonne l’identité de Lescop. New-wave oui, mais pas que.

Un E.P sort en juillet. On y retrouve la Forêt, et d’autres titres tout aussi ravageurs. « Marlène », « Tokyo, la Nuit »… Une musique aux antipodes d’Asyl. La rage a disparu au profit d’une musique peut-être, disons plus anxiogène. Intense. Etrange, sombre et dansante. Une pop bipolaire gravée et immortalisée sur un album qui parait en octobre dernier. Pour les médias, la filature avec Etienne Daho, Daniel Darc ou Taxi Girl est immédiate. On voit alors dans cet artiste, le nouveau représentant de la pop-cold-wave française.

De new-wave on retrouve le son glacial, les batteries métronomiques, les guitares menaçantes. On retrouve cette notion de romantisme gothique aussi dans Lescop. Du désenchantement un peu, de la mélancolie beaucoup. Mais, oublions Etienne Daho, oublions Daniel Darc, Joy Division, et toutes les anciennes étiquettes qu’on veut coller à l’homme. Lescop est Lescop : un garçon tourmenté, plein de colère et de tristesse… C’est ainsi qu’est née la new-wave en 1980. En 2012, c’est de la Pop Noire.

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En concert à la Gaîté Lyrique le 16 février prochain.

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