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[Critique] LA LIGNE VERTE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] LA LIGNE VERTE

Titre original : The Green Mile

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : Frank Darabont
Distribution : Tom Hanks, Michael Clarke Duncan, David Morse, Barry Pepper, Sam Rockwell, James Cromwell, Patricia Clarkson, Gary Sinise, Bonnie Hunt, Michael Jeter, Doug Hutchison, Harry Dean Stanton, Graham Greene, Jeffrey DeMunn, William Sadler…
Genre : Drame/Adaptation/Fantastique
Date de sortie : 1er mars 2000

Le Pitch :
Paul Edgecomb, un ancien gardien-chef du pénitencier de Cold Mountain, chargé des détenus condamnés à la peine capitale, se souvient, depuis sa maison de retraite, de l’époque où il fit la connaissance du colosse John Coffey. Incarcéré, car jugé coupable du meurtre de deux petites filles, John Coffey n’est pourtant pas un détenu comme les autres. Très doux, il détient un pouvoir extraordinaire dont il ne tarde pas à faire la démonstration à Paul et à ses collègues. L’arrivée de John Coffey et les évènements qui vont suivre vont changer leurs existences à jamais…

La Critique :
Quand il sort, à l’aube du nouveau millénaire, La Ligne Verte partage. La presse se divise, certains jugeant le film de Frank Darabont comme un chef-d’œuvre et d’autres, à l’inverse, le considérant comme un navet gorgé de guimauve (entre autres reproches). Le magazine Première considère le métrage comme « une fable christique qui s’avère longuement ridicule », tandis que L’Écran Fantastique parle « d’une étonnante chronique humaniste ». Encore aujourd’hui, le phénomène perdure et le film ne fait pas l’unanimité. Contrairement à un autre film de Darabont, Les Evadés.

Pour tenter de comprendre pourquoi La Ligne Verte fascine et émeut autant qu’il ennuie et révulse, il faut peut-être s’intéresser au sujet qu’il aborde, à savoir la peine de mort. Un journaliste de Télérama avait notamment souligné que, selon lui, le film ne remet jamais en question la peine de mort. Un avis surprenant, mais pas étonnant outre mesure, si on ne regarde La Ligne Verte que de manière superficielle, sans accorder d’attention aux messages profondément humanistes qui jalonnent le récit en filigrane.
Car il est facile de ne retenir de La Ligne Verte que ce côté dramatique un peu appuyé et finalement, il est vrai, assez cloisonné. Les gentils sont vraiment gentils et les méchants sont vraiment méchants. Que l’on parle du héros, le gardien-chef incarné par Tom Hanks, ou de son versant malfaisant, le maton campé par Doug Hutchison. Est-ce pour autant une mauvaise chose pour l’intégrité du long-métrage ? La réponse dépend de la sensibilité de chacun à saisir certaines émotions très premier degré, mais il est dommage de condamner la Ligne Verte pour la seule et unique raison que celui-ci met en scène une opposition bien/mal universelle.

Quoi qu’il en soit, l’adaptation du roman-feuilleton de Stephen King (publié en 6 épisodes) est une vraie merveille cinématographique. Bénéficiant de la patte pour le coup très classique (là encore, ce n’est pas forcement une tare) et très classieuse d’un Darabont en totale phase avec l’auteur, le métrage fait montre d’un remarquable sens du rythme. Durant plus de 3 heures, le film ne s’étire pourtant jamais en longueur, ne s’attarde jamais sur ce qui ne mérite pas de l’être et souligne des émotions justes, avec tout autant de pertinence. Pas étonnant alors que le propos touche au cœur.
Comprenant des séquences émouvantes, voire carrément déchirantes, La Ligne Verte respecte profondément le livre de King, même si de petits changements sont apportés, pour faciliter la transition du papier à la pellicule.
Sans surprise, les acteurs sont parfaits. Qu’il s’agisse de Tom Hanks, parfait, du regretté Michael Clarke Duncan, la révélation du lot, impressionnant, charismatique et lui aussi déchirant, ou encore de David Morse, force tranquille qu’il ne faut pas trop chatouiller, tout le monde se cale sur la même tonalité. Celle d’une partition lyrique, sublime de bout en bout.
Pamplhet doux-amer contre la peine de mort, dont la critique n’est jamais soulignée vulgairement, La Ligne Verte s’apparente à une brillante tentative de raccrocher les wagons du cinéma contemporain, avec une certaine idée d’un cinéma vintage. Fable difficile, aux accès de violence cinglants, le film est bien sûr imprégné d’un propos assimilable à la religion, mais nul besoin d’y croire pour y adhérer. On peut y voir une métaphore christique ou simplement un grand film fantastique émouvant. C’est selon. La Ligne Verte ne pousse pas le spectateur dans un sens particulier. Le récit, bien plus complexe, qu’il n’y paraît, dans les émotions qu’il véhicule, se déroule avec fluidité, tout en prenant le soin de bien brosser sa belle galerie de personnages.

Alors oui, La Ligne Verte est bien l’une des plus belles adaptations de Stephen King. Dans la lignée des Evadés. Un King mélancolique. Darabont et lui ne font qu’un. Et le résultat, redoutable d’efficacité, reste longtemps gravé dans les mémoires. Du grand cinéma populaire.

@ Gilles Rolland

[Critique] LA LIGNE VERTE

Crédits photos : Universal Pictures


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