Ah La famille… quelle source inépuisable de secrets enfouis, de tristesses scellées, de rancœurs, d’amertume larvée.
Dans un précédent roman, l’auteur dévoilait déjà tout haut ce que d’aucuns taisaient ou éludaient. Ainsi, il nous parlait sans aucune gêne de son grand-père collabo et de l’impact de ce lourd secret sur son cœur. Dans un flot de témoignages reçus de lecteurs de tous azimuts l’auteur s’émeut de celui de Norma Diskredapl au sujet de Jean Jardin, ce grand-père antisémite…
Et l’auteur poursuit avec détermination un chemin destiné à se défouler quelque peu sur le papier, sorte de refuge à son cynisme et sa nostalgie d’un passé chaotique et névrosé. Il nous livre ici un récit à la fois obscène et machiavélique, nous relatant tour à tour les destins fracturés tantôt celui d’une fan violée par son père à l’âge de six ans, tantôt celui de banquiers devenus fous, ivrognes et pervers.L’auteur raconte, à la vitesse d’un cheval au galop, les péripéties de ces gens désaxés, meurtris par le passé. Tout se déroule sur une île bretonne où sous le joug d’une jeune femme impétueuse, peu à peu chacun déverse ses joies et ses désarrois, sur fond d’amertume et de colère…
Ce remue-ménages dans les mémoires de ses personnages révoltés et en perdition donne à l’auteur l’occasion d’un règlement de compte supplémentaire jusqu’à le pousser à l’extrême… En page 275 du récit, il donne en lecture sa feuille d’impôts !
Une histoire à la fois teintée d’humour et de sordide qui met le lecteur devant le fait accompli : il est bon de se laisser aller à la confidence, de se délester le cœur de souvenirs néfastes et toxiques.
L’apologie de la vérité même à prix fort.
Caustique, audacieux, abject parfois… mais bouleversant aussi.
Joyeux Noël d’Alexandre Jardin, éditions Grasset
Date de parution : 24/10/2012