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Bertrand Lavier, le « tritureur d’art » (by Christelle)

Publié le 20 novembre 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Bertrand Lavier, Husqvarna sur meuble Art Déco, collection de l'artiste, 2012

Bertrand Lavier aime jouer avec l’existant. Détourner, contourner, transformer les objets de notre quotidien est une de ses passions. Une rétrospective organisée par le Centre Pompidou, et sonnant comme une consécration, lui est dédiée jusqu’au début de l’année prochaine.

Cet artiste est allé très loin dans l’art du ready-made, notamment avec ses superpositions d’objets, comme un réfrigérateur sur un coffre-fort. Le premier est un objet de consommation non transformé et est exposé en tant qu’œuvre d’art. Jusqu’ici rien de nouveau puisque c’est le principe même de Duchamp. Lavier choisi un coffre-fort pour socle à son réfrigérateur-œuvre d’art et écrit ainsi une nouvelle page de l’art du ready-made! Lavier parle de greffe concernant sa création artistique, au sens de l’horticulture qu’il a beaucoup étudiée. La greffe d’objets différents, comme avec les plantes, peut donc prendre. Dans cette logique, il devient alors normal de parler de « nature morte » pour ces regroupements d’objets. La pensée de Lavier est additive puisqu’il pense que l’œuvre obtenue grâce à ses greffes est « toujours plus que la somme de ses parties ». Par le truchement de son idée d’ajout, les objets de notre quotidien deviennent des objets enrichis, au sens artistique mais non pour ce qui est de leur fonction. En effet, d’utilité il n’en est plus question car ces objets, en changeant de statut, ont perdu leur fonction première. Ainsi, le souffleur de feuilles sur un meuble art déco ne soufflera plus jamais de feuille mais servira de support à notre réflexion sur l’art et à la place des objets dans notre quotidien. 

Autre déformation poussant dans ses retranchements la grammaire de l’œuvre-objet, le piano peint. Œuvre-ready-made, Bertrand Lavier fait de l’objet piano une peinture en le recouvrant d’une couche picturale épaisse et bien visible au moyen d’imposants empâtements. L’objet est à la fois peinture et support, belle évolution du ready-made une fois encore.

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Bertrand Lavier, Brandt/ Haffner, 1984

La passion du détournement de Lavier s’étend aussi aux œuvres que d’autres artistes ont créés. Comme ses néons d’après les tableaux de Frank Stella, peintre minimaliste américain, qui reprennent les formes des œuvres de Stella mais en utilisant un autre médium que la peinture, le néon.  

Comme le mentionne très justement le dépliant de présentation, Lavier a la « faculté de mettre en scène un concept ». En effet, Bertrand Lavier est un grammairien de l’art, un théoricien mettant en pratique de passionnantes idées tout en rhétorique parfaitement maitrisée. Tout comme le technicien des mots ne sera jamais écrivain, Lavier n’est selon moi pas un artiste créateur au sens premier du terme mais plutôt un artiste « détourneur », définitivement conceptuel.

Bertrand Lavier, depuis 1969

Exposition monographique au Centre Pompidou jusqu’au 7 janvier


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