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Arte diffuse Ajami, l’un des meilleurs films israéliens de ces dernières années

Par Mickabenda @judaicine
Judaicine-Ajami.

C’est mercredi 21 novembre de 20:50 à 22:50 sur Arte en VOST. A voir absolument !

Ajami

Drame réalisé en 2009 par Scandar Copti et Yaron Shani

L’histoire :
A Jaffa, une cité près de Tel-Aviv. Dans un quartier où vivent juifs, musulmans et chrétiens, s’emmêlent trois destins. Omar, un jeune Israélien d’origine palestinienne, vit dans la peur depuis que son oncle a blessé le membre d’un clan spécialisé dans le racket.

Lorsque l’oncle est tué, Omar essaie d’échapper à la vengeance en trouvant protection auprès de son employeur, Abu-Lias, un chrétien respecté. Malek, un ami d’Omar, travaille pour le même homme. Il espère pouvoir payer l’opération nécessaire à sa mère, gravement malade et hospitalisée.

Enfin Dando, un policier, veut retrouver les assassins de son frère, un conscrit tué par des Palestiniens…

Ce long-métrage, auréolé d’une nomination aux Oscars et d’une sélection cannoise à la Quinzaine des réalisateurs, est un polar passionnant, nerveux et intense, porté par une narration brillante et ambitieuse. Le fait est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un premier film.

Les auteurs font se télescoper plusieurs histoires, et une douzaine de personnages différents dans les rues du quartier d’Ajami, au cœur de la ville de Jaffa.
Le choix n’est pas fortuit.

Ceux qui ont vu le Jaffa de Keren Yedaya se rappelleront que cette ville israélienne est l’une des plus cosmopolites du pays, et qu’elle abrite des confessions chrétiennes, musulmanes, juives, avec ce que cela suppose de tensions communautaires.
Ajami, dont la population est majoritairement arabe, est l’un des quartiers les plus pauvres de la ville. Cette misère, associée au climat de haine qui règne dans la région depuis presque un siècle, en fait une véritable poudrière, une zone de non-droit où trafics en tous genres, meurtres et règlements de comptes sont monnaie courante.
L’endroit baigne donc dans une ambiance orageuse, lourde, oppressante, mortifère, qui sied particulièrement à une trame de film noir.

La grande force du film, c’est d’arriver à entremêler ces différentes histoires en respectant totalement l’équilibre entre les différents protagonistes et en parvenant à imposer une narration complexe, ultra-ramifiée. Le scénario est en effet divisé en cinq chapitres distincts, chacun étant centré sur un personnage et sur les mêmes scènes dramatiques, vues à chaque fois sous un angle différent. Le procédé évoque Rashomon de Kurosawa, Pulp Fiction de Tarantino ou encore Amours chiennes d’Iñàrritu.

L’intérêt réside ici moins dans le scénario, que dans la façon subtile avec laquelle il décrit les relations tendues entre les différentes communautés. Les auteurs nous entraînent dans un univers sous haute tension, où chaque action entraîne des conséquences dramatiques, où la violence entraîne la violence dans une spirale sans fin.
Pourtant, les personnages ne sont pas si différents que cela les uns des autres. Ils sont juste enfermés dans une logique conflictuelle. Dès lors, Ajami accède à une dimension bien supérieure à celle d’un simple polar. Il devient une métaphore de la difficile cohabitation, sur un même territoire, de différentes communautés aux intérêts opposés, et du conflit israélo-palestinien dans toute son absurdité.

Le constat est forcément très noir, du fait de la dimension tragique du récit. Mais le simple fait que ce film existe donne des raisons d’espérer en des jours meilleurs, à un avenir pacifique pour cette région du globe. Déjà parce qu’il a été réalisé conjointement par un cinéaste d’origine palestinienne et un second d’origine israélienne. Beau symbole… Et collaboration fructueuse…
Ensuite parce que les acteurs du film sont tous des acteurs non-professionnels recrutés à Jaffa même, et qu’ils ont tous travaillé de concert pour faire de ce film une belle aventure humaine.

Pour une première réalisation, Ajami impressionne par sa maîtrise, tant au niveau de l’écriture que de la mise en scène ou de la direction d’acteurs..

Mercredi 21 novembre de 20:50 à 22:50

Sur Arte en VOST

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