RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! À deux jours de l’élection du président de l’UMP, je reçois les deux candidats en lice, François Fillon et Jean-François Copé.
LES DEUX : Bonsoir, monsieur Apreski !
R.A. : Alors, messieurs, la question que tout le monde se pose ici, c’est de savoir ce qui vous différencie vraiment l’un de l’autre. Le hasard a désigné monsieur Fillon pour commencer.
F.F. : Je te demande pardon, Jean-François ?
J.-F.C. : Candidat du rassemblement, toi ? Pendant cinq ans, tu as dirigé – pardon, tu étais censé diriger un gouvernement dont les membres n’arrêtaient pas de stigmatiser les Roms, les musulmans et les chômeurs, et même quand Hortefeux, qui était à l’intérieur, s’est fait pincer pour injure raciale, tu n’as pas bronché ! Tu as toi-même crié au scandale quand Hollande a reconnu la culpabilité de la France dans la répression sanglante du 17 octobre !
F.F. : Parce que tu n’en tiens pas, toi, des propos stigmatisants?
J.-F.C. : Ben oui, justement : moi, au moins, j’assume ! Je n’essaie pas de me faire passer pour un humaniste !
F.F. : Oh, humaniste est un bien grand mot : je me définirais plutôt comme un « gaulliste social », qui prend en compte les problèmes des français et ne se contente pas de favoriser une élite…
J.-F.C. : Tu continues ? Pendant cinq ans, tu n’as eu de cesse que de défaire tout ce que De Gaulle avait fait avec le C.N.R. en 1945 ! Sécurité sociale, retraites, services publics, vous avez tout fait passer à la moulinette ! Le général te traiterait de collabo, s’il était là !
F.F. : Parce que ça te gène, toi, une politique antisociale ?
J.-F.C. : Pas du tout ! Et mon copain Takkiedine non plus ! Mais là encore, j’assume, je n’essaie pas de me faire passer pour ce que je ne suis pas ! J’ose dire que je suis raciste, j’ose dire que je n’aime que l’argent ! Et puis je m’excuse, mais ta façon de me répliquer prouve que rien ne te différencie de moi et que les militants auraient donc aussi vite fait de ma garder !
F.F. : Grmbl ! Monsieur Apreski, me permettez-vous de poser une question à mon adversaire ?
R.A. : Mais je vous en prie, allez-y !
F.F. : Jean-François, peux-tu nous parler des tabous que tu souhaites faire tomber ?
J.-F.C. : Ah mais avec plaisir, je reste convaincu que la France croule sous les tabous de la bien-pensance ! Et c’est à ce titre que je crois qu’il est temps de prendre au sérieux…
LES DEUX : …le problème du racisme anti-blanc !
F.F. : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
R.A. : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Je l’avais oubliée celle-là !
F.F. : Et… et ton anecdote avec le pain au chocolat ?
J.-F.C. : Ce n’est pas « mon » anecdote, c’est la vérité : il y a des musulmans qui forcent les enfants à suivre le ramadan et leur arrachent leur pain au chocolat à la sortie de l’école !
R.A. : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
F.F. : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Le mariage gay ! Le mariage gay !
J.-F.C. : Le mariage gay ? Je suis personnellement choqué par cette initiative imposée d’en haut qui va remettre en cause tout le Code de la famille : il faut organiser des états généraux de la Famille !
R.A. : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! On dirait un premier communiant !
F.F. : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Arrête !
R.A. : Monsieur Hessel ? Mais… Qui vous a laissé entrer ?
S.H. : Les détails plus tard, suppôt lettré du capitalisme ! Vous ne rendez pas compte de ce qui se passe ? En ce moment, sous vos fenêtres, partout en Europe, le peuple manifeste contre l’austérité forcée qui menace ses droits élémentaires, et vous, au lieu d’en parler, vous invitez ces deux zigotos avec lesquels vous vous amusez ?
R.A. : Ce ne sont pas des zigotos, ce sont les deux prétendants au poste de président de l’UMP…
S.H. : Vous croyez que ça intéresse quelqu’un, de savoir qui va passer les quatre prochaines années à attendre que les socialistes se plantent et continuera à appliquer, quand il aura pris le pouvoir, la même politique d’austérité ?
R.A. : Heu… Bon, écoutez, monsieur Hessel, le journalisme a évolué depuis 1945, alors laissez-moi interroger mes invités… Ben ? Où sont-ils passés ?
S.H. : Ils ont fui ! Si j’ai réussi à entrer, c’est que je ne suis pas seul ! Vous croyez qu’un vieillard comme moi pourrait forcer la porte d’entrée d’un studio d’enregistrement s’il n’était aidé par une centaine de jeunes indignés qui n’ont plus rien à perdre ?
R.A. : Une centaine de… SÉCURITÉ !
S.H. : Ne vous fatiguez pas, tous vos cerbères nous ont rejoint, comme les policiers de Francfort ! Ils ont compris qu’ils n’ont pas intérêt à continuer à servir la société capitaliste dont vous êtes le fer de lance !
R.A. : Alors là, vous exagérez ! Je ne fais que mon travail de journaliste !
S.H. : Ah oui ? De quoi avez-vous parlé, dans vos derniers articles ?
R.A. : Ben des problèmes importants : Delanoë qui veut interdire les vieilles voitures à Paris, la santé de Johnny, les buts de Zlatan Ibrahimovitch, le beaujolais nouveau, les prix littéraires…
S.H. : Et pas une seule fois des manifestations anti-austérité ?
R.A. : Ben vous savez, on ne peut pas penser à tout…
S.H. : Bon, votre cas est encore plus grave que je ne le pensais… Oh, les jeunes ! Venez vous saisir d’Apreski, il mérite une correction !
R.A. : NON ! NE…
L’enregistrement s’arrête ici. Aux dernières nouvelles, notre collaborateur Renan Apreski serait séquestré par un groupe d’indignés dans un lieu dont la localisation géographique exacte ne nous a pas encore été révélée. Il est bien nourri et bien traité, il lui est simplement interdit de sortir. Nous ne manquerons évidemment pas de vous faire part des développements ultérieurs de cette aventure. Affaire à suivre… Allez, salut les poteaux !
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