Rien ne nous en apprend plus sur un auteur que d’examiner le lieu où il travaille. Si quelques scénaristes se vantent de pouvoir écrire n’importe où, la plupart d’entre eux ont besoin de se réfugier dans un lieu dédié. C’est dans ce sanctuaire qu’ils passent de longues heures solitaires à créer leurs histoires, coupés du reste du monde…
Je vous propose aujourd’hui de nous faufiler dans celui de la romancière et journaliste américaine Lionel Shriver.
Née en 1957, Lionel Shriver publie son premier roman, The Female of the Species (1986), avant d’atteindre la trentaine mais il lui faudra attendre de signer son huitième ouvrage, We Need to Talk About Kevin (2003), qui lui vaudra un prix littéraire et sera porté à l’écran par Lynne Ramsay en 2011, avant que sa carrière explose.
On lui doit à ce jour douze romans et elle a notamment prêté sa plume au Wall Street Journal, au Financial Times, au New York Times, et au Guardian, publication dans laquelle elle a tenu une chronique… et confié sa routine d’écriture.
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Le bureau de Lionel Shriver
Lionel Shriver débute sa journée par une grande tasse de café, bien fort, et la lecture de journaux dans lesquels elle se focalise sur « les petites histoires » (anecdotes, faits divers…) dans lesquels elle puise l’inspiration. Elle entretient manifestement un rapport conflictuel avec sa boîte mail qu’elle essaie de ne pas consulter trop souvent.
Lorsqu’elle s’attaque à l’écriture à proprement parler, elle commence par relire ce qu’elle a produit la veille, voire tout le chapitre précédent, s’autorisant des corrections mineures mais en muselant son sens critique (les corrections majeures concerneront la phase de réécriture) car selon elle un premier jet est affaire de « moment ». A 17 heures elle fait une pause-thé, puis, en début de soirée elle allume un feu et regarde la télévision, notamment les infos.
Les soirées de l’écrivain consistent selon elle à faire un peu d’exercice vers 20 heures, à préparer du popcorn, à dîner vers minuit et à « boire copieusement » afin de rester fidèle à sa réputation.
Dans la passionnante vidéo qui suit, elle évoque la naissance de sa vocation d’auteur, à l’âge de sept ans, les écrivains qui l’ont inspirée, dont Edith Wharton et Richard Yates. Elle aborde également son besoin vital d’écrire, qui résulte selon d’elle d’une incapacité à communiquer autrement, la nécessité pour un auteur de développer son propre instinct, tant au sujet de la prose elle-même que de la façon de la produire. Elle confesse enfin son obsession pour la thématique de la santé et du système médical (elle dénonce avec véhémence depuis des années celui de son pays):
Voici quelques ressources supplémentaires au sujet de Lionel Shriver:
- un portrait de la romancière qui date de la sortie de son roman The Post-Birthday World (2007)
- une interview, datant de 2011, dans laquelle elle évoque son engagement littéraire, son entêtement à traiter de sujets tabous dans la société américaine
- un très intéressant témoignage, dans les colonnes du Telegraph: de la difficulté pour un auteur de critiquer les ouvrages de ses confrères/consœurs
- une interview sur le plateau de la BBC, en 2011:
Rendez-vous dans quinze jours pour visiter un nouveau bureau d’auteur…
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