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L'illusion du moi, version occidentale ?

Publié le 16 novembre 2012 par Anargala
Daniel Dennett est l'un des plus grand philosophes en philosophie de l'esprit, ce courant né au croisement de la philosophie analytique et des neurosciences.
Selon lui, la conscience est une illusion. Elle n'est que le produit de l'interaction d'un grand nombre de micro-machines dépourvues de conscience. Elle fonctionne comme illusion parce que nous sommes aveugles au changement et parce que nous avons peur de voir les choses en face.La conscience n'est donc pas un mystère, elle est une illusion.
Face à ces hypothèses illustrées par des expériences, l'adepte de la non-dualité serait tenté de dire que Dennett est un matérialiste et qu'il confond la conscience avec les pensées, etc. Notons, au passage, qu'il est curieux que la non-dualité doive passer par l'établissement de la dualité entre la conscience pure et ses objets... mais c'est une autre question.
Voici l'une de ses présentations expériences à l'appui, sous-titrée en français,  :
Mais Dennett n'oublie pas la conscience. Simplement, selon lui, une fois la mémoire, la pensée, le jugement, la perception, etc. expliquées, il ne reste plus rien à expliquer. On appelle cela le fonctionnalisme. Expliquer la conscience, c'est expliquer ses différentes fonctions, fonctions auxquelles la conscience se réduit, tout comme connaître le feu, c'est seulement connaître ses propriétés telles que brûler, chauffer, éclairer, etc.
Dennett se décrit comme un matérialiste athée. 
Faut-il pour autant le reléguer dans la catégorie des gens qui n'ont rien compris et qui ne peuvent rien nous apporter ?
Je ne le pense pas. Pour au moins deux raisons.
La première est que la pensée de Dennett rappelle furieusement celle du Bouddha, même si Dennett n'est pas bouddhiste. Comme l’Éveillé en effet, il démystifie ce que chacun croit être un mystère ou une évidence : "je suis, j'existe", "je suis le mieux placé pour savoir qui je suis". Comme le bouddhisme et la science, il pense qu'il faut aller contre l'intuition, c'est-à-dire à contre-courant des croyances les mieux établies.Or, le bouddhisme est l'une des expressions les plus abouties de la non-dualité. Et une véritable spiritualité. Mais ce n'est pas une non-dualité métaphysique, contrairement à celle de Shamkara qui affirme que "Je suis l'absolu", "Le Soi est l'absolu" sur la base de raisonnements hypothétiques. De même, le bouddhisme est réductionniste, matérialiste en un sens (le moi est moléculaire), mais pourtant spirituel, sans aucun doute. Comment expliquer cela ?
La seconde est que Dennett est l'un des seuls philosophes qui prenne Douglas Harding au sérieux, puisqu'il l'a inclus en introduction de son livre Vues de l'esprit. L'une des plus ardentes admiratrices de Dennet, Susan Blackmore, parle aussi de son expérience de la Vision Sans Tête dans son Zen and the Art of Consciousness. Elle pratique la méditation depuis des dizaines d'années. Mais elle ne croit pas au paranormal (après avoir été chercheuse dans ce domaine puis avoir démissionné), ni à une après-vie, ni en une conscience pure sans objets etc.
Ne faut-il pas en conclure que l'on peut être matérialiste/naturaliste/fonctionnaliste tout en ayant une véritable vie spirituelle ?

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