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Un chemin d'enfance, Marie Alloy

Publié le 17 novembre 2012 par Kenza

Un chemin d'enfance, Marie Alloy

Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), Environs d'Arras - Chaumière au bord d'une route 
Arras, musée des Beaux-Arts, Photo RMN


Un chemin d'enfance, Marie Alloy
Quatrième de couverture
MARIE ALLOY   Née en 1951 dans le Pas-de-Calais, Marie Alloy est peintre et graveur. En 1993, elle crée les éditions Le Silence qui roule où ses estampes accompagnent des poètes d’aujourd’hui. Elle écrit aussi sur la peinture pour en approfondir la pensée.
UN CHEMIN D’ENFANCE   Marie Alloy nous conduit sur la lumineuse Route près d’Arras peinte par Camille Corot et exposée au musée des Beaux-Arts d’Arras. Elle y croise ses propres souvenirs d’enfance où paysage et peinture se sont très tôt liés, où poésie et contemplation de la nature ne font qu’un. Elle nous donne à voir et ressentir le tableau comme un lieu réel, un lieu d’accueil, dans la bonté qui irrigue le regard de Corot. Elle explore le lieu ouvert par la toile avec finesse d’attention et d’écoute, dans une écriture sensible aux gris, aux nuances de terres et d’ors, aux transparences du ciel. Et si « la route témoigne d’une humanité qui se prolonge en nous », elle nous invite à partager sa lumière. Nous pouvons prendre ici le temps d’un profond regard, comme dans une marche qui serait lecture silencieuse en nous-même, le passé et le présent, le monde visible et le monde intérieur, pour un temps accordés par la peinture.
Extrait
  Pour l’artiste, les lieux les plus communs restent à découvrir. C’est toujours la première fois pour le regard à l’affût du moment, de la vision. Cet instant unique de lumière, la peinture pourra peut-être le sauver, et Corot l’offre au monde, pour remercier. De chaque paysage d’élection, il fait un poème et ce qu’il peint est l’humanité de son regard qui est sa manière d’habiter le lieu.   Un Route près d’Arras, ou d’ailleurs ? Ce lieu n’existe-t-il qu’en peinture ?  On croit reconnaître ces arbres à la lisière, ce porche de ferme, l’alignement des saules, la courbe de la route. Certains disent qu’il s’agirait d’une vue d’Etrun, près d’Arras, peut-être réinventée en partie, mais quelle importance ?  Ce paysage de campagne, saisi dans son évidence familière, rugueuse et humble, simplement traversé par une route, est tel que l’a vu Corot, depuis ce seul endroit singulier, cet unique point de vue, à cette heure précise de l’après-midi.   Entre sa vision picturale et le réel, Corot glisse une présence feutrée, comme une nature seconde qui ferait corps avec le monde. Il retrouve le passé en ses sensations enfouies, en peint la substance. Il accueille la densité du temps, la laisse s’interposer entre le lieu de son regard, comme s’il fallait d’abord ressentir le paysage en son âme pour le voir avec justesse. Il en découle une mélancolie, une sorte de patine qu’il confie aux gris et à l’or de la lumière. Editions invenit

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