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Les trois SIC du mercredi

Publié le 21 novembre 2012 par Petistspavs

VengeanceCa fait deux semaines que Vengeance, le disque de Benjamin Biolay qui casse les c... de Marine LP (long playing ?) tourne sur la platine sans prendre une ride. C'est vrai que, lors du Festival des inrocks, les nouveaux titres sonnaient déjà en scène comme des classiques, des standards, alors que nous les écoutions depuis moins de huit jours. Ce mercredi soir, ce sera concert à Pleyel, avec Brad Mehldau, Larry Grenadier et Jeff Ballard. Nous avions vu Brad dans la même salle il y a un an, en solo. Le découvrir en trio est très excitant, d'autant que le dernier album swingue vraiment bien.

J'écoute aussi Les Rolling Stones, malgré la mauvaise plaisanterie faite à leur légende par le prix délirant des places pour leurs deux "concerts du cinquantenaire" à Londres.

Where do you start
L'album GRRR, par ailleurs Best of assez banal (et forcément frustrant, où sont passées Carol et les autres ?) divise les 50 premières années de la carrière des Stones en trois périodes, donc trois disques. Le troisième, qui couvre la période la plus longue, de l'album Some girls en 1978à deux fâcheux inédits de 2012), montre l'impuissance du "meilleur groupe de rock and roll de l'Histoire" à reproduire, voire à approcher le Mythe au cours des trente dernières années.
Une pépite malgré tout, de 1967, déjà présente sur certaines compilations, mais somme toute assez rare : We love you a ceci d'unique, d'avoir été réalisée et enregistrée avec Paul Mac Cartney et John Lennon (et à mon sens écrite également, même si Lennon/Mac Cartney ne sont pas crédités). Voici la chose et, vous me direz ce que vous en pensez mais, comme une simple goutte de Ricard peut troubler un grand verre d'eau, deux Beatles dans le studio suffisent à transformer profondément l'univers musical des Stones.

Une nouvelle semaine cinéma sous le signe d'une morosité qui sera une des marques de cette année ciné 2012.
La perspective de voir Au-delà des collines (sic) du roumain Christian Mungiu pendant 2h30 ou Royal Affair, du danois Nikolaj Arcel, pendant 2h16 seulement, après Augustine ou La chasse, (films plutôt courts, sur tous les plans) la semaine dernière, ne donne pas une folle envie de faire péter le champagne. Donner une Nouvelle chance à Clint Eastwood après l'invraisemblable bourde de sa participation à la campagne de Romney me rappelle que je n'ai pas eu le coeur de confronter le dernier Costa-Gavras à mes souvenirs émus de Z, L'aveu ou Missing. Mais putain ! y-at-il eu un film excitant depuis Amour de Michael Haneke, qu'une grande partie du public, d'ailleurs, traîne dans la boue ? Rien, sinon un Assayas très honnête (Après mai) et, pourquoi pas, des grosses machines US comme Argo ou Looper, que nous n'avons pas (encore) vus. C'est un "rien" qui, àforce de se prolonger, de semaine en semaine, devient abyssal.
Heureusement, il y a eu de magnifiques reprises et Renoir et Carné / Prévert (Le carrosse d'or, Le jour se lève) et cette semaine sera sans aucun doute celle de La scandaleuse de Berlin (A foreign affair) de Billy Wilder (1949) avec Marlene.
Film de la semaine et affiche de la semaine,

Scandaleuse de Berlin
en VF...

A foreign affair
... et en VO.

A moins que cette semaine ciné soit redessinée par Les Lignes de Wellington, qui fut le dernier projet de tournage de Raùl Ruiz, resté à l'état de projet pour cause de décès trop rapide du cinéaste des Mystères de Lisbonne, mais porté à l'écran par sa compagne Valeria Sarmiento. Porté par l'équipe de Ruiz (même scénariste, même producteur que les Mystères et un casting "Grand Hotel" -- John Malkovich et Catherine Deneuve et Michel Piccoli et Nuno Lopes et Marisa Paredes et Isabelle Huppert et Mathieu Amalric et Chiara Mastroianni et Melvil Poupaud, refile-moi un xanax, j'ai le vertige. Le tout  en 2h31 quand même... Et avec une interrogation nourrie par Les inrocks qui nous confie (c'est Kaganski qui parle) en présentant le film : "Si Ruiz était volontiers proustien, Sarmiento serait plutôt stendhalienne" (re-Sic, très chère).

Quel est mon nom
A propos de Melvil Poupaud, acteur ruizien s'il en est, puisqu'après dix films avec le grand Raùl, il tourne avec Madame, j'ai terminé aujourd'hui, entre soupe miso et sushis, son livre Quel est mon noM ? publié l'année dernière chez Stock. Livre ou scrap-book ou Grand N'importe Quoi poétique, le non-roman, les non-mémoires de l'acteur-cinéaste-scénariste-photographe-dessinateur-rêveur-séducteur est une machine à plaisir pour qui peut supporter le narcissisme assumé de son auteur. Livre paradoxal, Quel est mon noM ?  montre un Melvil narcissique mais très simple, modeste et sensible, quand même très atteint par ses expériences cinématographiques en compagnie de Raùl Ruiz, initiées à l'âge de onze ans (La ville des pirates en 1984). Pour le plaisir, il raconte ainsi son film Le recours (été 2004) présenté comme un remake de Sommersby, film lui-même remake du Retour de Martin Guerre : C'est "l'histoire d'un homme qui se fait passer pour un autre. Quand sa femme s'aperçoit du subterfuge, elle décide de quitter le foyer, laissant l'homme seul avec une petite fille. Arrive une nouvelle femme qui, à son tour, se fait passer pour la première. S'installe alors une situation où plus personne ne sait qui est l'autre, mais où personne n'ose en parler" (p 268).
Melvil Poupaud
Peut-être ce court passage pourrait-il décrire ce dont il s'agit dans ce livre qui ne ressemble à rien d'autre que lui-même (ce qui pousse le narcissisme très loin) : "Melvil est une ronde avec, au centre, l'enfant qui joue. En regardant les personnages qui dansent autour de lui, une histoire lui revient..."

Bonne semaine, bonnes reprises au cinéma (China Town, Little Odessa, outre La scandaleuse de Berlin et le plus que tout à fait étonnant premier film de Stanley Kubrick, Fear ans desire (1954), une vraie curiosité, un film de guerre où, en traversant les lignes ennemies, on fait un voyage à l'extérieur de ses barrières personnelles, film maniéré, mal joué, qui rappelle, par son esthétique très TV et sa musique surligneuse un épisode riche de Twillight zone (La quatrième dimension, en VF). Réellement, sans vouloir faire de phrases (ce n'est pas mon genre -- SIC ter), on sent, à voir cette oeuvre peu commune, qu'un réalisateur est né, mais on ne saurait dire en quoi, tant la singularité du jeune Kubrick passe à l'extérieur du public.


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