Nous vous avons proposé ici le teaser de la pièce Souffleuses d’Elle qui débutera ce 30 novembre sur les planches d’A la Folie Théâtre.
Afin d’en savoir encore un peu plus sur le spectacle et sur sa création, voici l’entretien que j’ai réalisé avec Isabelle Péan, l’auteure, co-metteur en scène et également actrice.
Bonne lecture,
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Bonjour Isabelle,
Tu es à l’origine de la pièce Souffleuses d’Elle qui va débuter très bientôt, est-ce que tu peux nous expliquer comment t’es venue cette idée et ce thème ?
L’idée de la pièce est partie d’une amie qui est très jeune, et qui se dit être ma fille spirituelle. Quand on est en cours, on apprend très vite que si tu ne sors pas tes propres projets tu y arrives pas, donc j’ai eu envie d’écrire une pièce. Mais j’ai aussi et surtout, je crois, écrit cette pièce à un moment difficile dans les relations entre ma fille et moi. Sans doute était-ce aussi une manière de fantasmer les relations idylliques mère-fille que j’avais imaginé depuis le jour de sa conception, et qui, crise d’ado aidant, étaient en réalité à des années lumières de ce dont j’avais pu rêver. C’était comme un cri d’amour que je lui adressais par delà nos agressions et incompréhensions quotidiennes.
Plantes-nous un peu le décor de la pièce.
Au départ, il n’y avait que ces 2 personnages, la mère et la fille. Et au fur et à mesure, j’ai voulu étoffer. A la base, c’est un huis-clos de femmes qui parlent entre-elles, et ça aurait pu être très vite rébarbatif. J’ai donc ajouté un personnage qui met un peu de peps à tout ça. Au final les 2 femmes sont des patientes qui attendent dans un cabinet d’obstétricien, et ce 3ème personnage est la secrétaire médicale qui est hurluberlu, qui chante tout le temps etc, et ça donne du dynamisme et de la gaité à tout ça, même si j’insiste que ce n’est pas une pièce triste. J’appelle ça une comédie émouvante.
Peux-tu développer un peu cette idée ?
Le ton général de la pièce est comique, j’espère que mon humour transpire dans mon texte et la manière dont je dis les choses. Après, le fond est très sérieux car ça parle de la maternité, de l’enfantement, de la vie. Qui décide la vie ? Si tu es croyant, est-ce quelque chose de religieux ? Si tu es plus ésotérique, est-ce que c’est l’âme qui se réincarne et qui choisit l’endroit et le lieu ? Dans ce cas on choisirait bien sa famille contrairement à l’adage « On ne choisit pas sa famille ». Et une femme enceinte aussi à le « pouvoir » de choisir si elle garde l’enfant ou non. D’où le titre Souffleuses d’Elle, on souffle la vie, soit sur un feu pour l’attiser, soit sur une bougie pour l’éteindre. Souffleuses au pluriel, parce que c’est toutes les femmes, et Elle au singulier car c’est la femme. Donc on passe un bon moment, on rit, et si tout va bien, à la fin on verse sa petite larme.
Comment s’est passé le travail d’écriture ?
La pièce a murie dans ma tête pendant 2 ans. J’avais l’idée de cette relation entre une mère et une fille et le thème général de la maternité. Et j’avoue que quand je l’ai écrite, je l’ai écrite en une journée. Comme si j’avais quelqu’un sur l’épaule et qui me dictais les mots. Et comme je l’ai vraiment écrite pour mes amies, et que je pensais juste mettre en scène, je les entendais parler en me mettant à leurs places. C’était comme si j’assistais à la pièce et que je devais la retranscrire. Et après elle a été mise de nombreuses fois dans un tiroir au fil des rencontres et des désistements sur le projet. A chaque fois j’ai attendue de toujours trouver les bonnes personnes pour ensuite monter le projet, je n’ai jamais fait de casting.
Qu’appelles-tu les bonnes personnes ?
Je ne saurais pas dire, c’est très instinctif. Je pense que toute personne qui écrit une pièce à une idée préconçue de son personnage. Clémentine est quelqu’un qui a beaucoup de caractère, du genre businesswoman, très pragmatique, Circé, au contraire, est quelqu’un de très aérien, douce, et Valérie c’est l’électron libre. Il me fallait un déclic chez les comédiennes.
Et après il a fallu trouver le théâtre ?
Au départ, je devais juste mettre en scène la pièce, donc une fois la pièce prête j’ai commencé a démarcher les théâtres, j’avais repéré A la Folie Théâtre, qui est un théâtre que j’aime beaucoup, et il m’ont répondu qu’ils auditionnaient en 10 minutes. Je me suis donc demandée comment faire, et j’ai réécrit un concentré de la pièce en 20 minutes et je n’arrivais plus a diminuer. Je leur ai expliqué la situation, ils m’ont dit « ok si vous êtes opérationnelle dès que vous arrivez » et j’ai présenté ça.
Comme tu es au final sur scène, tu as donc préférée prendre un co-metteur en scène ?
Suite à l’audition, j’ai 2 de mes comédiennes qui partent du projet et je reprends un des rôles. Je trouve alors qu’il est plus professionnel d’avoir un regard extérieur au lieu de me dire que je vais tout gérer facilement. J’avais fait lire la pièce à Yohan Euthine, un ami qui était avec moi au cours Périmony, et qui avait beaucoup aimé. Je savais que c’était quelqu’un qui ne démolirait pas les idées que j’avais en tête, et qu’il aime les comédiennes car il a lui-même sa compagnie Le Cabaret des Dandys. Tout m’allait pour travailler avec lui.
Le fait que ce soit un regard masculin était choisi ou c’est tombé comme ça ?
C’est tombé comme ça, mais au final ce n’est pas plus mal. C’est vrai que c’était une autarcie féminine et ce n’est pas plus mal d’avoir un œil masculin.
La pièce débute le 30 novembre, vous en êtes-où pour le moment ?
On commence à répéter avec la régie, et la dernière semaine on aura une répétition toute la journée avec la régie pour travailler. La régie, c’est une amie, qui s’appelle Carole China, qui l’a créée car elle a cru au projet dès le départ, et comme je ne connaissais personne elle a bien voulu la faire.
Avant de te laisser aurais-tu un petit mot pour les lecteurs ?
Je voudrais leur dire que je n’ai rien inventé de révolutionnaire. Je ne suis ni Einstein, Curie, Freud, Claudel, Klimt, Lamartine ou Rodin. J’ai juste observé, constaté et retranscrit avec des mots simples des sentiments, des questionnements, des peurs, des douleurs et des bonheurs qui font de cette vie la nôtre, la vôtre. Cette pièce nous parle à nous tous, humains, dès qu’on est vivant…
Le Mediateaseur est fier d’être associé comme partenaire à ce projet et remercie Isabelle Péan pour le temps qu’elle nous accorde.
Sachez que si vous achetez une place plein tarif à 20€, une place est offerte pour cotre accompagnant si vous réservez directement auprès du théâtre (01 43 55 14 80) en donnant le mot de passe Mediateaseur.