Chronique de Blue

« La contrainte, autant que la liberté, est partie intégrante de notre identité humaine ». Voici une célèbre citation de Nancy Huston qui pourrait illustrer ce très beau spectacle intitulé Blue, ici, joué au Théâtre des Mathurins.

« Blue » c’est le nom d’une jeune femme qui cherche sans cesse sa place. D’abord sur une aire d’autoroute, puis dans la grande ville de Paris.

Des rêves plein le crâne, des valises plein les bras, les yeux brillants d’espoir, elle nous conte son parcours de fille paumée, abandonnée, mal aimée. Elle retrace son passé au travers des valises qu’elle pose et dont elle ne peut quitter,  comme des bagages de vie que l’on traîne sans cesse avec soi, et dont on ne peut se débarrasser. Du moins pour le moment, en attentant d’apprendre…

En quête d’un homme dont l’amour lui remettra la clef lui donnant accès à elle-même, elle s’accroche aux personnes qu’elle rencontre, à ceux de son passé aussi pour mieux se retrouver au final et s’aimer…

Kym Thiriot, auteure et comédienne de ce seule en scène, est une virtuose des sentiments et des émotions. Nous la suivons, attentifs et amusés, dans son histoire de jeune chanteuse en rêve d’amour et de gloire. Sincère et touchante, cette comédienne de talent nous fait vivre la réalité comme jamais, comme des confidences qu’elle nous chuchoterait à l’oreille.

Laura Mokaiesh nous offre une mise en scène très cinématographique à la fois réaliste et artificielle, brute et subtile. Les couleurs bleues, rouges et noires habillent la comédienne et la guident dans son histoire. Cet univers particulier nous emporte tout en poussant l’actrice dans l’intimité crue des mots et des actes.

Nous écoutons donc religieusement cette belle leçon de sagesse et nous nous délectons devant le spectacle de cette jeune femme dont les bleus à l’âme nous touchent profondément.

Blue, Théâtre des Mathurins, les dimanches et lundis à 20h, jusqu’au 23 décembre inclus, durée 1h.