Alors que la peste s’installe, chacun est renvoyé à lui-même et à sa propre liberté d’agir face au fléau. Le marchand de vin Cottard (qui voit dans les conditions nouvelles l’occasion d’un
commerce juteux), l’écrivain Grand (qui travaille inlassablement ses phrases pour trouver la meilleure), le journaliste Rambert (qui décide de rester « au combat » plutôt que de
rejoindre sa femme dont il est éperdument amoureux), le prêtre Paneloux (qui insiste sur la malédiction du ciel et qui invite les
hommes à se repentir), le docteur Rieux (qui ne croit pas en Dieu et qui affirme face à Paneloux que la meilleure miséricorde consiste à assumer sa fonction de médecin et de résister).
Avec Tarrou, autre résistant dont il partage les idées et en plus
des soins qu’il dispense comme il peut, Rieux organise par exemple de nouvelles « commissions sanitaires » pour lutter à l’aide de bénévoles. Avec acharnement, il se lance dans cette
« bonne action » qui lui vient naturellement et au sujet de laquelle il ne souhaite tirer aucune gloriole : il affirme que le
fait de parler d’héroïsme à propos de ceux qui ont choisi le combat, ce serait rendre hommage au Mal. Mieux vaut mettre cette force de conviction au service de la lutte contre cet ennemi barbare,
qui frappe aveuglément l’humanité. Le combat peut sembler dérisoire, déséquilibré, mais, même s’il est absurde, il trouve tout son sens dans
l’affirmation de la grandeur humaine.