Titre original : Tomorrow, when the war began
Note:
Origine : Australie/États-Unis
Réalisateur : Stuart Beattie
Distribution : Caitlin Stasey, Rachel Hurd-Wood, Lincoln Lewis, Deniz Akeniz, Phoebe Tonkin, Chris Pang, Ashleigh Cummings, Chris Lang…
Genre : Aventure/Action/Adaptation
Date de sortie : 19 novembre 2012 (DTV)
Le Pitch :
Un groupe de jeunes australiens part faire du camping dans un coin reculé du bush. À leur retour, ils découvrent que leur pays a été envahi par une armée étrangère. Très vite, devant l’ampleur de la situation, ils décident de prendre les armes et d’organiser la résistance…
La Critique :
Si le pitch de Demain, quand la guerre a commencé vous dit quelque chose, c’est normal. Surtout si vous avez plus de 30 ans. Normal, car le film de Stuart Beattie pompe allègrement son intrigue sur celle de L’Aube Rouge, de John Milius, le classique des années 80 (1984) qui voyait débuter Patrick Swayze, Charlie Sheen ou encore Jennifer Grey, et où de jeunes américains combattaient face à l’envahisseur communiste. Film, dont le remake verra le jour dans nos vertes contrées, l’année prochaine, avec Chris Hemsworth dans le premier rôle.
Bref, pour l’originalité, Demain, quand la guerre a commencé, repassera. Malgré son titre, à rallonge, mais relativement accrocheur et malgré sa bonne tenue et ses acteurs bien sous tous rapports, le plagiat (et donc, la vacuité de l’ensemble), saute au yeux.
Contrairement à Twilight ou à Hunger Games, Demain… n’a pas connu en France les honneurs d’une sortie en salle. Car, à l’instar de Twilight ou de Hunger Games, Demain… est aussi l’adaptation d’une saga littéraire destinée à accrocher les adolescents (qui n’ont pas vu L’Aube Rouge et qui ne feront pas le rapport). En France, le phénomène n’a pas vraiment pris (pas pour le moment du moins), mais ailleurs si. Ce sont donc six autres longs-métrages qui devraient voir le jour en cas de succès. Et quand on voit ce premier volet et qu’on le compare à Hunger Games et à Twilight, force est de reconnaître, que la perspective de revoir ces jeunes australiens rebelles armés jusqu’aux dents dans d’autres films ne s’avère pas si désagréable que cela.
Car une fois le plagiat accepté, Demain… constitue plutôt un divertissement tout à fait honorable, qui n’a formellement rien de l’inédit vidéo fauché classique. Sa mise au rencart chez nous ne résultant que de la faible popularité des livres et de l’absence de stars au générique. Le budget, lui, n’est pas énorme, mais suffisamment conséquent, pour permettre au réalisateur d’emballer avec bravoure, deux ou trois scène d’action banales, mais solides.
Lors d’une séquence de transition, l’une des héroïnes lit un bouquin. Le personnage principal déboule et lui demande si le livre en question est bien. Oui, répond l’intéressée, en précisant qu’il est toujours mieux que son adaptation cinématographique. « C’est souvent le cas » répond son amie.
L’adaptation de Demain… est-elle mieux que le livre ? Franchement, aucune idée… Une chose est sûre : il s’agit, toujours en comparaison de Twilight et d’Hunger Games, d’un film, certes destiné à un public de jeunes adultes, mais qui ne renonce pas totalement à la violence que son postulat de départ suggère. On est bien loin de l’esprit radical de L’Aube Rouge de John Milius (qui est de toute façon un gros bourrin aussi talentueux, que malheureusement réactionnaire), mais si on replace les choses dans un contexte de pur divertissement destiné à lancer une franchise pour les jeunes, ça passe. Ainsi, les soldats qui envahissent l’Australie (et dont la nationalité n’est pas évoquée, pour ne froisser personne), ne tirent pas à blanc et les attaques des jeunes résistants s’avèrent assez violentes pour convaincre.
Pas de quoi se lever la nuit, mais quoi qu’il en soit, ça fonctionne relativement bien.
Les acteurs aident beaucoup. Pensé pour qu’au moins l’un(e) des comédien(e)s tape(nt) dans l’œil du public féminin ou masculin, le casting est astucieusement construit, illustrant de manière assez stimulante des personnages caricaturaux. Il y a le type baraqué, qui sait aussi tirer au fusil et qui n’a peur de rien, la bigote qui en a quand même dans le bide, la belle blonde qui s’ignore, le mystérieux ténébreux, le blondinet un peu lâche, le branleur de service, jamais bien loin de son joint et la meneuse de troupe, courageuse, entreprenante et canon, incarnée par la superbe comédienne australienne Caitlin Stasey.
Le film mise une grosse partie de ses jetons sur le côté glamour des gravures de mode qui composent sa distribution, contrairement là encore à L’Aube Rouge, dans lequel ni Patrick Swayze, ni Jennifer Grey ne minaudaient pour exciter les post-adolescents et leurs hormones à fleur de peau.
En soi, ce n’est bien sûr pas désagréable de voir une nana super bien roulée défoncer du bad guy et tout faire péter, mais soyons franc : cela ne suffit pas à démarquer Demain… d’une quelconque façon que ce soit. Cela sert juste à faire passer la pilule avec un certain opportunisme certes, mais sans déclencher l’ennui.
Demain, quand la guerre à commencé n’est pas un mauvais film. Ce n’est pas un grand film non plus bien sûr, mais il montre quelques arguments convaincants, si l’on est prêt à accepter sa propension à piller son ainé, L’Aube Rouge, sans vergogne.
Sans flamboyance ni bravoure, mais suffisamment en tout cas pour le hisser au dessus de la moyenne.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan Films