Pour ceux qui ne comprendraient pas le jeux de mots, le mot jihad vient de JA-HA-Da qui signifie faire un effort, lutter. Parler de jihad contre le terrorisme, c’est donc faire un petit pied de nez aux mauvaises langues!
Je n’ai en réalité aucun mérite pour ce titre ni pour les explications qui vont suivre, que je tire d’un documentaire réalisé par la Bridges Fundation : Jihad on terrorisme. Parmi les personnes interviewées dans ce formidable reportage, des intellectuels musulmans (Suheib Webb, Fadel Soliman, Abdullah Hakim Quick, Jamal Albadawi) ainsi que des spécialistes de politique et de droit international.
Quelles sont les différents types de Jihad?
Le jihad spirituel est la lutte menée par chacun contre ses mauvais penchants afin de s’améliorer spirituellement. Par exemple en étant patient avec son mari ou sa femme, en se levant au milieu de la nuit pour prier, en se montrant charitable de manière discrète, etc. Ceci me fait penser au clip d’une chanson où l’on peut voir un petit garçon tenir une pancarte affirmant « manger du brocolis est mon jihad personnel »!
Le jihad verbal consiste à dire la vérité, même lorsque cela va contre nos intérêts, et à défendre la justice. Nous allons tous mourir au bout du compte, donc autant mourir dans la dignité en dénonçant l’oppression. Selon le prophète de l’Islam (que la paix soit sur lui), « La meilleure forme de Jihad est une parole de vérité, en présence d’un Tyran » (Musnad Ahmed)
Et enfin le fameux jihad combatif, appelé aussi le petit jihad, concept le moins bien compris tant au sein du monde musulman qu’à l’extérieur.
Pourquoi le concept du jihad combatif est-il si mal compris? Quelles sont les raisons de ce malentendu?
1. La majorité des gens ne réalisent pas que la plupart des règles entourant le Jihad combatif sont le fruit du travail de juristes ayant étudié la question tout au long de l’histoire. Le Coran et la Sunna énoncent certes des principes universels pour le combat, mais ces principes ont été dictés, définis et compris à travers les époques. Donc ce qui convenait à une certaine époque ne convient peut-être plus à l’heure actuelle;
2. Le comportement des musulmans eux-mêmes, qui ne respectent pas les principes islamiques;
3. L’ignorance des médias et des gens en général;
4. La longue histoire de problèmes entre l’est et l’ouest.
Alors, Le jihad combatif…c’est quoi?
Pendant 13 ans, les premiers musulmans ont été violemment persécutés par leurs contemporains (boycott, tortures, etc.). Pourtant, ils n’ont jamais prit les armes ou fait montre de violence. Ce n’est qu’après de nombreuses années qu’une révélation de Dieu leur donne la permission de combattre en réponse à l’agression, dans un seul et ultime but, celui de rétablir la justice; et seulement si la restauration de la justice par des moyens pacifiques a échoué. Tout ceci nous ramène au Jihad spirituel : il serait très dangereux de s’attaquer a ses ennemis avant de s’être attaqué à son propre égo. On ne ferait que changer un tyran pour un autre.
Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) – parce que vraiment ils sont lésés; et Dieu est certes Capable de les secourir – ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, – contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : « Dieu est notre Seigneur ». Si Dieu ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom de Dieu est beaucoup invoqué. Dieu soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion). (Coran, sourate 22, versets 39 et 40).
Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Dieu, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient. (Coran, sourate 8, verset 61).
[…] s’ils restent neutres à votre égard et ne vous combattent point, et qu’ils vous offrent la paix, alors, Dieu ne vous donne pas de chemin contre eux (Coran, sourate 4, verset 90)
Ainsi dans le Coran, lorsque l’on parle de « victoire manifeste », il s’agit de la signature d’un traité de paix et non d’une bataille gagnée (Coran, sourate 48 verset 1). A méditer…
Les manipulations du texte
Certains prennent des versets hors-contexte ou n’hésitent pas à faire des couper-coller des textes religieux afin de tromper ceux qui n’ont pas une connaissance assez grande de l’Islam. Deux exemples :
« Combattez pour la cause d’Allah » : Le texte complet est en réalité « combattez pour la cause d’Allah ceux qui combattent contre vous et ne transgressez pas, certes Allah n’aime pas les transgresseurs » (Coran, sourate 2, verset 190). Il s’agit ici clairement d’un cas où le musulman est agressé.
« Tuer-les où que vous les trouviez » : en entier, cela donne «Tuer-les où que vous les trouviez et expulsez-les de là où ils vous ont expulsés » (Coran, sourate 2, verset 191). Ce verset fait référence à la reprise de possession des terres et des maisons injustement prises par l’occupant.
Si les musulmans se trouvent dans une situation où le combat est permis, ils doivent également respecter de nombreuses règles, qui ne sont pas sans rappeler les règles actuelles du droit humanitaire, édictées des centaines d’années plus tard. Parmi ces règles, l’interdiction de s’attaquer à des civils, de torturer les prisonniers de guerre (physiquement ou psychologiquement), de détruire les infrastructures (ne pas empoisonner les puits), de mutiler les cadavres ou de tuer les animaux. Le combattant musulman a également l’obligation d’enterrer les corps de ses ennemis abandonnés sur le champ de bataille et de protéger les lieux de culte et la nature. Enfin, le jihad combatif doit se limiter à ce qui est nécessaire pour restaurer la justice. En aucun cas l’oppressé ne doit devenir l’oppresseur. La légalité du Jihad combatif est donc déterminée non seulement par le but poursuivi mais également par les moyens utilisés.
La notion de dommage collatéral n’existe pas en Islam. La mort d’un innocent reste la mort d’un innocent et le meurtrier devra en rendre compte le jour du jugement.
Le fanatisme n’est pas nouveau :
Le prophète lui-même avait parlé de l’apparition future de fanatiques parmi les musulmans.
Des gens sortiront de ma communauté. Ils réciteront le Coran, et votre récitation n’approchera en rien de la leur. Votre prière de même ne sera rien à côté de la leur, ni votre jeûne en comparaison du leur. Ils réciteront le Coran en s’imaginant qu’il est pour eux, alors qu’en réalité il les condamne. Leur récitation n’ira pas plus loin que leur gosier. Ils quitteront la religion comme la flèche quitte l’arc (Sahih Muslim)
Le mouvement des Khawarij est apparu peu de temps après sa mort et s’apparente aux mouvements violents actuels qui se réclament de l’Islam. De telles idées n’avait cependant jamais connu un grand succès ou eu de grandes répercussions dans l’histoire de l’Islam, jusqu’à récemment. Ces mouvements ont en communs certaines caractéristiques : aucune place pour l’analogie ou le contexte, pas de recherches quant aux raisons derrière les textes religieux, ils discréditent les savants et les intellectuels et regardent la société (musulmane ou non) d’une façon négative, voire apocalyptique.
Pour conclure, rappelons que le terme ou le concept de « guerre sainte » est inexistant en Islam.
C’est la vie qui est sacrée, pas la guerre.