Magazine Cinéma

[Critique] EXCISION de Richard Bates Jr.

Par Celine_diane

[Critique] EXCISION de Richard Bates Jr. Excision (qui signifie Incision en anglais) a fait le même buzz à Sundance que le The Woman de Lucky McKee l’année dernière. Pas étonnant tant le cinéma de Bates Jr. ressemble à celui de McKee. Par exemple, la Pauline du film a tout de la May de McKee. Même freak attitude, même malaise en bandoulière, même fantasmes érotico-gores latents. Excision partage également avec le cinéaste américain un même goût pour la critique acerbe lancée au visage de l’Amérique puritaine, et de mêmes envies de provoc’ choc. Parsemé de séquences à l’esthétique dérangeante où l’héroïne se rêve en chirurgienne sexy, en plein orgasme sous des geysers de sang, le film n’y va pas de mains mortes pour asséner sa charge. Via Pauline, une ado rejetée (comme celle de The Woods, autre film de McKee, tiens tiens) étouffée par une mère possessive, un père lâche, une sœur malade, Richard Bates Jr. brasse une panoplie de thèmes chers au cinéma de genre (l’adolescence, terrain de toutes les maltraitances, la place de la femme au sein d’un système patriarcal), tout en respectant les codes des films horrifiques. Au générique, des gueules inoubliables : Malcom McDowell, John Waters ou encore AnnaLynne McCord, à contre emploi, absolument flippante dans la peau de cette ado à la dérive, dont la violence contenue menace à chaque instant. 
Malgré quelques longueurs (et ce même si le film ne dure qu’1h20), Excision s’impose comme la petite bombe underground de l’année. Avec son cynisme ambiant, son crescendo déviant assumé et cette manière de masquer la noirceur de son propos par des éclairs gores, ludiques et éprouvants, il dépasse de loin la proposition récente de Cronenberg fils (Antiviral). C’est dire. Quelque part, également, Pauline est aussi féministe-trash que les héroïnes de McKee : réappropriation du corps (elle choisira son partenaire pour perdre sa virginité), remise en cause du concept de féminité vendu par la société du paraître (même sauvagerie, même anticonformisme que la femme des bois de The Woman), elle s’affirme en égérie gore, sorte de Carrie moderne, produit déjanté d’un monde aseptisé qui renie les différences. Le final, horriblement jouissif, sonne à la fois comme la revanche d’une exclue, et le jaillissement du monstre créé par autrui (la famille, la pression sociale). Les femmes fortes du récit, dévêtues de leurs costumes (de mère) et de leurs attributs (Pauline se rase symboliquement le crâne), n’ont plus alors que leurs cris pour défense, ne sachant que faire pour s’affirmer autrement. Un point de vue osé, et intéressant. 
[Critique] EXCISION de Richard Bates Jr.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines