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Oumma: je t’aime, moi non plus

Par Musulmane Convertie

Oumma: je t’aime, moi non plusLa Oumma est une formidable communauté de soutien, d’entraide et d’amour entre les fidèles de l’Islam. Sauf que parfois la oumma nous fatigue, nous révolte ou nous blesse. Comment faire dans ces cas là pour éviter de s’isoler ou de développer de la rancœur envers nos frères et sœurs?

Rappelons-nous qu’initialement, au temps du Prophète (que la paix soit sur lui) à Médine, la oumma incluait également les autres habitants de la ville, c’est-à-dire les tribus juives. Le sens profond de la oumma c’est donc avant tout une recherche d’unité, au-delà des conflits et des différences. L’Islam est fait pour unir, non pour diviser.

Se sentir uni avec ceux qui ne partagent pas les mêmes idées que nous requiert une bonne dose d’amour fraternel mais surtout d’humilité intellectuelle. En effet, L’Islam a ceci de merveilleux qu’il encourage le débat et qu’aucun clergé n’impose (ou ne devrait imposer) ces idées à la masse. Une grande place est donc laissée à la réflexion et aux discussions (à l’exception des points faisant l’unanimité comme les 5 piliers, etc.). Des personnes aux opinions assez éloignées peuvent donc se côtoyer dans la même mosquée, voire dans la même famille. Ajoutez à cela les multiples origines culturelles et sociales des musulmans et les différents degrés de pratique et de tact de chacun et vous aurez une bonne idée de l’ampleur de la tâche.

Ne vous est-il jamais arrivé d’écouter un sermon en ayant envie de vous taper la tête contre les murs tellement l’orateur était mauvais à vos yeux ou s’y prenait mal pour faire passer un message?  Ne vous est-il jamais arrivé de vous sentir en désaccord ou mal à l’aise avec le discours d’un Imam?

Pourtant, nous devons à tout prix éviter de laisser des sentiments de supériorité ou de mépris nous envahir. Tout d’abord, il se peut que nous ayons tort (si, si, çà peut arriver…) et que l’autre ait raison. Ensuite, le sermon sera toujours utile pour développer notre réflexion et nos idées sur tel ou tel sujet. Enfin, même les sermons les plus ennuyants peuvent comporter  une phrase qui nous touchera ou un hadith que l’on avait oublié. Tirons-en le meilleur et restons humbles et ouverts face aux autres.

Soyons également patients avec ces personnes totalement dépourvues de tact qui viennent en mode « bulldozer » crier au scandale parce que les manches d’unetelle sont trop courtes ou parce que ses  chaussettes sont  trouées. La diplomatie, ce n’est pas donné à tout le monde. Apprenons de leur comportement afin de ne pas commettre les mêmes erreurs.

J’ai eu l’occasion de voir un merveilleux exemple de délicatesse, un jour que j’assistais à une rencontre avec de nouvelles converties. Une jeune femme a laissé entendre qu’elle avait des relations de couple hors mariage et n’avait pas l’air de réaliser que ce n’était pas autorisé par l’Islam. Petit silence gêné. Une québécoise convertie de longue date lui a alors fait un petit clin d’œil en lui disant « tu viendras me parler après, je vais t’expliquer tout çà à la québécoise… ». Toutes les autres femmes, d’un accord tacite, ont fait semblant de ne pas écouter et on poursuivit leurs conversations. Cette sœur m’a impressionné par sa réaction rapide et totalement appropriée. Inutile d’humilier ceux qui manquent de connaissances ou d’assiduité dans leur pratique, nous n’arriverons à rien de cette manière.

La oumma, c’est une société à petite échelle, on ne peut donc pas être amis avec tout le monde. Mais c’est une société unie par une croyance profonde et un lien beaucoup plus fort que n’importe quelle idéologie politique ou économique. Nous nous devons de cultiver ce lien, envers et contre tout.

Lors d’une conférence qui se tenait dans une mosquée et qui avait pour thème la Sharia, un frère de l’assistance a commencé à dialoguer avec la personne invitée. Selon lui, dans un pays musulman, les lois de la Sharia devaient s’appliquer à tous et aucune liberté n’était permise puisque la voie de Dieu est la seule autorisée. Il défendait également l’application de la peine de mort pour apostasie en toute circonstance. La position du conférencier et de la plupart des membres de l’assemblée était totalement à l’opposé. Tous discutaient de manière relativement calme même si l’on sentait que chacun faisait des efforts pour respecter l’autre et ne pas s’énerver à grand renfort de « mon frère » et tutti quanti. Moi-même, j’étais intérieurement en pleine ébullition : quelle intolérance! Quel manque d’esprit critique! Quelle mauvaise compréhension du message divin et quel manque de connaissance de la vie du Prophète, si pleine de miséricorde!

Et puis soudainement, j’ai réalisé. Ce frère si intolérant à mes yeux avait probablement fait la même chose que moi avant de venir, c’est-à-dire taper le nom du conférencier sur un quelconque moteur de recherche pour en connaitre un peu plus sur ses qualifications et ses positions. Donc il savait, avant même de venir qu’il serait en désaccord profond avec ce qui allait se dire. Pourtant il était là et il dialoguait. Serais-je allée assister à une conférence donnée par quelqu’un aux idées diamétralement opposées aux miennes? Ou l’aurais-je plutôt considérée avec dédain, en refusant de perdre mon temps à de telles « niaiseries »?

Par sa présence même, ce frère venait peut-être de me donner la plus grande leçon d’humilité…

La Oumma, c’est aussi une école qui a beaucoup à nous apporter. Tâchons de nous rappeler qu’au-delà de nos différences, nous sommes en accord sur l’essentiel et nous adhérons tous à un message puissant et clair :

La Ilaha Ila Alah wa Muhammad Rassoul Allah

(Il n’y a de divinité que Dieu et Mohammed est son messager).


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