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Idol A et Q and A : lisez du Mitsuru Adachi !

Publié le 29 novembre 2012 par Paoru

Q and A

J’ai toujours déploré que, sur le marché hexagonal du manga, Mitsuru Adachi n’aie jamais connu le succès qu’il mérite, alors qu’il a une popularité presque aussi grande que Rumiko Takahashi (Ranma ½, Inu Yasha) au Japon. Ce mangaka né dans en février 1951 a pourtant tout ce qu’il faut pour convaincre. Ses œuvres ont été adaptées en anime, y compris chez nous à l’époque faste de Dorothée (Théo ou la batte de la victoire, Une vie nouvelle) et encore à l’heure actuelle (Cross Game étant le dernier en date, en 2009-2010).

Son actualité ne s’est jamais estompée puisqu’il n’a jamais cessé d’écrire et ce depuis plus de 40 ans. Dans son œuvre, qui compte plus d’une quinzaine de séries, il mélange les codes du shōnen – sportif bien souvent – et les thématiques amoureuses du shōjo, avec un humour tout en finesse et plein d’autodérision et de quiproquos.

Il le fait avec un trait simple, rond et expressif, et un chara-design reconaissable entre mille… Ce serait d’ailleurs le nerf de la guerre des allergiques à cet auteur : « les personnages se ressemblent tous ». Et alors ? S’ils sont réussis et que les histoires et situations changent d’une œuvre à l’autre, où est le problème ? On ne s’arrête pas de manger du rumsteack parce que celui du jour ressemble trop au précédent, non ?

Idol A

Néanmoins le résultat est là, et lorsque Manga-news sondait son public sur Mitsuru Adachi au printemps dernier, une personne sur deux avouait ne pas connaître le monsieur. Il faut dire que le public manga français n’a pas une culture d’auteur – une des raisons de l’échec du manga vintage sans doute – mais plutôt un culte de l’œuvre… Ou pas de culture du tout me dit-on dans l’oreillette.

En tout cas, chers lecteurs, si vous n’avez jamais lu d’œuvres de Mitsuru Adachi, ce n’est pas grave et ça tombe bien, puisque deux nouvelles séries de l’auteur viennent de débarquer chez nous le mois dernier : Idol A et Q and A, chez Tonkam.

Idol A est inspiré d’une histoire courte du nom d‘Idol Ace parue entre 2005 et 2007, que le mangaka a décidé de prolonger… De manière épisodique puisqu’un seul et unique tome est sorti en août 2011 au Japon, après une prépublication dans le magazine Monthly Shônen Sunday alias Get the sun ou Gessan de la Shôgakukan. Ce magazine publie Waltz (chez Kurokawa en France) mais aussi l’autre série qui nous intéresse, Q and A, une série en 6 volumes qui s’est achevée au Japon en mai dernier.

Mitsuru Adachi

Voici l’occasion de vous lancer dans ces deux premiers tomes, et de vous essayer au style de ce mangaka, surtout en cette fin novembre pauvre en sortie. Parce que la fin du monde approche, et décéder le mois prochain sans avoir lu un seul Adachi… Ce serait dommage.

Supercherie sur monticule

Notre cher Mitsuru propose de nombreux sports à travers ses œuvres : la boxe avec Katsu, la natation avec Rough… Mais soyons honnêtes, il affectionne tout particulièrement le baseball et nous le propose de manière récurrente dans ses publications, au point que ce que je sais de ce sport, je le lui dois presque exclusivement, grâce à ses célèbres séries H2 et Touch (et à Rookies de Masanori Morita pour compléter le tableau). Sa tout dernière œuvre en date, MIX (ci-dessous, encore inédite en France) se recentre d’ailleurs sur ce thème.

MIX - Adachi

Il faut dire que le baseball est un sport roi au Japon – contrairement à la France, deuxième raison d’insuccès – et un vecteur idéal pour le mangaka car il lui donne moult occasions de mettre en avant ses personnages : tout seul sur le monticule ou en face avec la batte, le héros est le point de mire de tous, prêt à en découdre avec son adversaire même s’il est surtout face à lui-même. S’en suivent des explosions de jeu collectif lors d’une course effrénée pour rattraper une balle en plein vol ou pour faire le tour du terrain jusqu’au marbre.

Bref, le baseball en manga ça passe tout seul une fois qu’on a compris les quelques règles de base. Ce jeu comporte de nombreuses tactiques ou subtilités mais Adachi ne joue jamais la surenchère technique et les points de détails destinés aux amateurs ne gênent en rien la lecture globale.

C’est encore plus vrai dans Idol A puisque le baseball est en second plan et le ressort de l’intrigue est une supercherie… Azusa Satomi, est une jeune idole très populaire de 18 ans et elle est aussi l’amie d’enfance de Keita Hirayama, même âge, le lanceur star des Tokyo Onions dont la côte ne cesse de monter, strike après strike.

Idol A
 
Idol A
Idol A

Sauf que ces deux success stories n’en sont qu’une : Keita est Azusa ont échangé leurs places. Le rêve d’enfance d’Asuza est de participer au Koshien, mais les filles ne sont pas admises au tournoi. De son coté Keita n’a aucun talent pour ce sport, mais il ressemble beaucoup à Azusa. Une perruque et le tour est joué : Azusa devient Keita à chaque match pendant que ce dernier fait la potiche dans les gradins et Azusa reprend son identité dès qu’elle sort du stade et qu’elle retourne à sa carrière d’idol.

Les parents de ces enfants et le manager d’Azusa sont les seuls personnes au courant et ça n’empêche en rien les situations rocambolesques qui se succèdent : Keita se retrouve régulièrement à jouer lui-même son rôle de lanceur vedette et manque de griller sa couverture avec ses lancers nullissimes. Sans compter qu’il ne peut pas, non plus, poser en maillot deux pièces pour les magazines !

Mon grand frère, ce jeune fantôme…

q-and-a-adachi-mitsuru

Si vous n’aimez pas le baseball et que vous n’êtes pas encore convaincu, passons au deuxième titre : Q and A. Dans cette histoire le jeune Atsushi Ando, alias A revient dans son ancienne maison et son ancien quartier, celui de son enfance. Maintenant adolescent, il arrive dans son nouveau lycée quasiment incognito, sauf pour ceux qui ont bien connu son grand-frère Hisashi, alias Q, lorsqu’il avait 11 ans, qu’il était doué pour un peu près tout et qu’on lui promettait déjà un brillant avenir.

Mais, il y a 6 ans, un accident a couté la vie à Hisashi et ne reste que son frère, un anonyme qui refait connaissance avec les magasins, les paysages, quelques amis et souvenirs ainsi qu’une jeune fille qu’il n’a jamais oubliée : Yuho Maezawa. Tout ceci pourrait-être le début d’une belle aventure si un trouble fête ne venait pas tout compliquer : le fantôme d’Hisashi, qui a patiemment attendu le retour de son petit frère ! Mais il a gardé son apparence d’écolier et son esprit d’enfant. Donc comme Atsushi est le seul à le voir, il sera ravi de jouer le trouble fête !

Q.and.A
Q and A

Adachi plonge dans sa galerie de personnage pour proposer un nouveau mélange avec ses ingrédients phares : simplicité et gentillesse, humour et nonchalance. Les héros masculins font toujours preuve d’une intelligence au-dessus de la moyenne même s’ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et aspirent bien souvent à une vie bien tranquille. Les « méchants » de l’histoire sont très rares, et il s’agit le plus souvent d’une grande brute un peu bêta et au grand cœur, auquel on finit par s’attacher. Il faut dire que l’affection que le mangaka porte à ses personnages est souvent communicative.

Coté humour, on peut ajouter quelques quiproquos et énormément d’autodérision : Adachi se fait souvent apparaître en pleine histoire en tant que mangaka un peu laxiste qui utilise et ré-utilise de grosses ficelles pour ses histoires. Il s’amuse à placer tous ses anciens mangas dans l’histoire quitte à en faire dire – exagérément bien sur – le plus grand bien par ses personnages, tout comme le faisait Tsukasa Hôjô à l’époque de City Hunter avec ses références à Cat’s Eyes. Et comme il se moque de lui même avec talent, ces gags fonctionnent à merveille.

Q and A en couverture du Gessan
Q and A en couverture du Gessan

Il est encore trop tôt pour savoir ce que Idol A et Q and A nous réservent, car Mitsuru Adachi est un amateur de rebondissement et sait parfaitement placer des éléments tragiques dans son récit. Pour l’instant, Idol A en est exempt et s’avère une lecture tout à fait récréative même si la succession de chapitres indépendants ne nous permet pas encore de savoir où l’on va.

Adachi - Takahashi
Par contre ce premier tome a le bon gout de proposer plusieurs belles pages couleurs et surtout une double histoire collector signée par Mitsuru Adachi ET Rumiko Takahashi, pour les 50 ans du magazine Shônen Sunday en 2009. Ces deux mangakas de la même maison d’édition nippone depuis des décennies, ils nous proposent un récit autobiographique sur leur rencontre avec l’univers du manga puis leur chemin jusqu’à leurs premiers succès et leur rencontre. Rien que pour ça ce tome mérite le détour.

Q and A pave plus nettement sa route en s’affranchissant totalement de toute velléité sportive et s’oriente vers la comédie romantique et les tranches de vie. Une fois de plus Adachi désire jongler avec la mort et l’image d’un être disparu mais, avec un fantôme farceur dans les pattes, on se demande bien comment il va s’y prendre !

En tout cas une chose est sure, ces deux histoires sont typiques du mangaka et présentent quelques unes de ses facettes, notamment son talent pour la comédie. Il ne vous reste donc plus qu’à vous y essayer et revenir ici me dire ce que vous en avez pensé, que je vous en conseille d’autres !

Fiches descriptives

idol-a-1-tonkam
Titre : Idol A
Auteurs : Mitsuru Adachi
Date de parution : 31 octobre 2012
Éditeurs fr/jp : Tonkam / Shôgakukan
Nombre de pages : 192 pages dont 6 couleurs
Prix de vente : 7.95€
Nombre de volumes : 1/1 (en cours)

IDOL A © 2011 Mitsuru ADACHI/Shogakukan Inc.


q-and-a-1-tonkam
Titre : Q and A
Auteurs : Mitsuru Adachi
Date de parution : 31 octobre 2012
Éditeurs fr/jp : Tonkam / Shôgakukan
Nombre de pages : 192 pages dont 2 couleurs
Prix de vente : 7.95€
Nombre de volumes : 1/6 (fini)

Q AND A © 2009 Mitsuru ADACHI/Shogakukan Inc.


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