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[Critique] GREEN

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] GREEN

Titre original : Green

Note:

★
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Origine : France
Réalisateur : Patrick Rouxel
Genre : Documentaire
Année de production : 2009

Le Pitch :
À travers les yeux de Green, une femelle orang-outan d’Indonésie, plongez dans le calvaire de la déforestation…

La Critique :
On ne peut pas dire que l’on a pas entendu parlé de la problématique de l’huile de palme ces derniers temps, plus particulièrement au cours du dernier mois. En effet, le Sénat ayant décidé d’adopter une loi sur la taxation de l’huile de palme appelée la taxe Nutella (repoussée à 2013). La taxe Nutella, tout un symbole, car les trois quarts d’un pot de cette pâte à tartiner si appréciée est composé d’huile de palme. Ceci dit, ce n’est absolument pas le seul produit concerné ! En fait cette mauvaise huile est présente dans la plupart des produits alimentaires, mais aussi dans de nombreux produits cosmétiques. Elle est aussi à l’origine d’un business très lucratif, celui du biodiesel (une vaste escroquerie). C’est un fléau pour nos artères, mais aussi pour l’environnement.

C’est sur ce dernier aspect que s’attarde le film de Patrick Rouxel. En fait, l’huile de palme est fortement appréciée par les industriels de l’agroalimentaire car elle n’est pas chère d’exploitation et très rentable. Et pour la rentabilité, il y a des êtres cupides qui sont près à tout, comme par exemple empoisonner leurs semblables, détruire les habitats des espèces animales et les vouer ainsi à l’extinction. Mais aussi fragiliser et empêcher certaines populations de vivre sereinement.

Tout ceci Patrick Rouxel l’exprime très bien à travers son magnifique film plus que percutant. En fait pour comprendre tous les enjeux et problèmes de l’huile de palme, Green est absolument parfait. Prenant, sobre et saisissant, il vous entraîne à travers les yeux abattus de Green une femelle orang outan, sur les lieux de production et de fabrication de l’huile de palme.
Vous pouvez ainsi voir de vos propres yeux, la catastrophe générée par cette production. On dit souvent « Loin des yeux, loin du coeur », mais pouvons nous fermer les yeux sur tout ? Il n’y a pas de complot dans le monde, uniquement trop de pouvoir concentré dans les mains d’êtres cupides et avides.

On dit qu’une image vaut mille mots, Green c’est une succession d’images sans aucun mot. Le film documentaire ne vous dit rien, il vous montre, il est d’une puissance significative rare. Pire, il vous brise le coeur, littéralement. Ne serait-ce que pour la première minute, qui est déjà très frappante. La mise en scène est habilement étudiée pour donner le vertige, les images qui se suivent sont toutes différentes les unes des autres et mettent en perspective les idées que veut faire ressortir le réalisateur. On passe des forêts détruites sans ménagement, de ces affreux tractopelles qui imposent un univers de chaos, à des images de nos modes de vie où règne l’ultra consommation, et où personne ne se soucie de ce qu’il y a derrière. Les images sont particulièrement bien montées, Green vous montre l’envers du décor avec une poigne glaçante, qui vous remue les tripes et qui vous donne la nausée. La musique est également très évocatrice, elle contribue au climat oppressant du film.

Tout ceci nous aide à nous remettre en question, nous, et nos modes de consommation.
Patrick Rouxel met le doigt là où ça fait mal. Nous sommes malheureusement tous responsables de ce massacre, de près ou de loin. Mais maintenant nous savons (en tout cas en majeure partie) et nous sommes aussi en mesure d’y mettre un terme.

Green a été élu Best of Festival dans les deux plus prestigieux festivals du documentaire animalier (Wildscreen et Jackson Hole). Il a aussi remporté 22 prix décernés aux quatre coins du globe. C’est l’?uvre d’un réalisateur engagé et meurtri dans sa chair, il nous livre ici un film poignant, édifiant et bouleversant, qui ne peut nous laisser indifférent.

Le film est disponible ici gratuitement et légalement : http://www.greenthefilm.com/
(Il est disponible en streaming et/ou en téléchargement, et il y a également sur le site, toutes les informations concernant l’huile de palme : industriels qui déforestent, produisent et utilisent cette huile, moyen d’action, etc…)

Explications et quelques chiffres : En fait comme vous l’aurez compris, pour produire l’huile de palme, on déforeste, et ce à très grande échelle. On détruit les forêts pour y faire pousser les palmiers à huile. Les forêts étant les poumons de la Terre, il est de notre devoir de les protéger. C’est un immense business et il faut absolument trouver des solutions alternatives rapidement car c’est un gros suicide collectif qui se met en place. Le palmier à huile est cultivé dans toutes les régions tropicales du fait de son rendement, le principal producteur est la Malaisie avec 47 % du marché mondial. Pas moins de 90% de l’huile de palme produite dans le monde entier provient de la Malaisie et d’Indonésie. Les Nations Unies estiment que les plantations sont désormais la première cause de perte permanente de forêt tropicale. Si aucune mesure n’est prise immédiatement, 98% des forêts tropicales d’Indonésie et de Malaisie auront disparu d’ici 15 ans. L’expansion des plantations pour obtenir l’huile de palme est aujourd’hui la première menace envers les ourangs- outans sauvages de Sumatra et de Bornéo. Ils sont en grand danger de disparition et leur population pourrait disparaître d’ici les dix prochaines années. Pour terminer il faut également savoir que les terres utilisées pour produire l’huile de palme sont souvent acquises par la force. Ces terres sont également les lieux de vie de populations humaines, qui assistent à leur liquidation et dont leur survie dépend.

@ Audrey Cartier

[Critique] GREEN


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