eRaise, une plateforme de financement participatif, propose aux internautes de contribuer pour empêcher Hostess de fermer définitivement ses portes. Une initiative intéressante, mais qui soulève des interrogations.
Faire appel aux internautes, et plus globalement, à des personnes non spécialisées dans la finance, pour rassembler le montant nécessaire pour la création de son projet, s'étend à de plus en plus de secteurs. Cette tendance, baptisée de crowdfunding, et qui a commencé plus particulièrement dans le secteur culturel, s'est ensuite étendue au financement de startup (avec Kickstarter, Ulule, Wiseed...), et même à celui de campagnes d'opinion. Jusqu'où peut-il être considéré comme un moyen de financement valable et fructueux ? ERaise, une plateforme de crowdfunding créée en 2012, a décidé de s'attaquer au financement d'entreprises en liquidation. Elle a ainsi lancé une opération pour "sauver" Hostess, qui produit des snacks, comme les Twinkies, et qui a annoncé le 21 novembre la fin de ses opérations. "Non seulement Hostess est une marque emblématique américaine, associée à des souvenirs d'enfance", déclare Spencer Clark, le PDG d'eRaise.
Une initiative risquée ?
"Mais c'est aussi une métaphore de l'état actuel de l'Amérique, et du fait que les entreprises ont du mal à équilibrer la masse salariale avec les profits". Il explique que l'opération, baptisée DoughForHostess, permet à quiconque de mettre en gage un peu d’argent afin d’aider à sauver l’entreprise. Le but : montrer le potentiel du financement participatif. Selon Nelly Fesseau, Coordonnatrice des pôles "Culture" et "Numérique", membre du groupe "Décentralisation" à Terra Nova, administratrice territoriale,c’est une idée un peu risquée. Elle soutient qu’il serait préférable de "se servir du numérique pour récolter des idées plutôt que de l’argent". En effet, selon elle, s’il y a un problème dans l’entreprise, l’argent ne va pas régler ce souci à court terme. Il peut refaire surface quelques années plus tard. Un constat partagé par Rodolphe Menegaux, Directeur de participation chez XAnge Private Equity. "Le problème avec les entreprises qui déposent le bilan, c’est que même si elles récoltent les fonds nécessaires, rien ne prouve qu’elles ne se retrouveront pas dans la même situation un à deux ans plus tard", souligne t-il à L'Atelier.
"Récolter des idées plutôt que de l’argent"
Et d'ajouter que les entreprises ont différentes sources de financement, et " le crowdfunding en fait progressivement partie. Mais reprendre une société en dépôt de bilan reste très risqué quelque soit la source de financement". Le crowdfunding, bon pour démarrer ou pour une aide ponctuelle, alors ? Oui, répond Nelly Fresseau. "Il faut en fait que les entreprises s’interrogent sur comment le numérique peut changer leur distribution, leur production afin de comprendre d’où vient le problème". Et de suggérer que plutôt que de faire du financement, il faudrait faire de la Fund innovation. En fait, il faut échanger avant d’atteindre la faillite, et ainsi utiliser le numérique pour créer une communauté qui aide et guide les entreprises.