Shadow Dancer vient de Liverpool mais a grandi dans l’esprit nineties de Manchester, c’est-à-dire avec la transe des clubs érigée à l’Acid House et la Techno. Les deux frères Dj, Al et Paul, ont commencé d’abord pour le plaisir à remixer des trucs inattendus : comme du Jean Michel Jarre avec des vieux sons de Jazz ou du Dub – ce qui nous a laissé assez perplexe jusqu’à ce qu’ils nous racontent leur aventure avec Alex Ridha, fondateur du label Boysnoize Records. Shadow Dancer se démarque pourtant de l’influence de Manchester, pouvant manier aussi bien l’électrochoc d’un sample imbibé de basse Techno qu’un track aux tonalités plus deep.
Comment s’est passée votre rencontre avec Boysnoize Records ?
Paul : Ca s’est passé grâce à MySpace, quand les gens ont commencé à l’utiliser. J’ai mis un peu de tracks en désordre et puis un jour on a reçu un mail d’Alex qui disait : « Pouvez-vous m’envoyer ce que vous avez fait ? » Après quelques mois, il a voulu faire un EP, et puis un album. Mais l’album a pris environ deux autres années.
Vous êtes associés avec un label berlinois, quelles différences voyez-vous entre la scène Electro berlinoise et britannique ?
Al : Si tu jettes un œil là où on joue, on n’est pas beaucoup en Angleterre. C’est plus une différence de culture que de scène…
Paul : A Berlin, les clubs sont ouverts pendant deux jours ! Il y a aussi cette chose Minimal qui provient de Berlin. Quelqu’un m’a raconté pourquoi la Minimal provenait de Berlin. Apparemment tout est dans le style de vie de Berlin où la vie est sans stress et calme. J’adore Berlin. J’aimerais faire un disque de Minimal mais pour ça tu dois être vraiment doux et discipliné. Tu dois vraiment percevoir tous les éléments de leurs droits et savoir si ça marche. Je pense que je bois trop de café ! (Rires) Mon esprit ne peut pas travailler comme ça, je ne suis pas en paix avec moi-même, donc je ne peux pas faire de disque Minimal.
Vous avez grandi à Manchester, une des premières villes britanniques à avoir accueillie la musique House à la fin des années 80, en particulier avec son fameux club l’Hacienda, comment cette tendance vous a-t-elle affecté ?
Paul : Je pense que Manchester a été vraiment importante car l’Hacienda a été l’un des premiers clubs où on a été et ça été la première fois où on a entendu de la House. Al allait à l’Hacienda, mais on a surtout été au Bugout ! où c’était plus Techno contrairement à l’Hacienda, plus Acid House.
A ce moment-là, qui vous a le plus influencé ?
Paul : C’étaient des Djs tels que The Advent ou Justin Robertson. Il y avait aussi des Djs de Détroit comme Jeff Mills ou Carl Craig. En fait, on a été plus influencé par la musique de Détroit que par les Djs. Ils ne venaient pas vraiment dans le pays. La musique de Détroit était faite par des gens dont l’identité était cachée. Personne ne savait à quoi ils ressemblaient et on ne les voyait jamais, jamais ! T’écoutais le disque et tu pensais : « Qui a fait ce putain de disque ?? » parce qu’avant internet, c’était plus mystérieux. Tu ne savais rien sur le Dj donc t’utilisais ton imagination avant tout.
Al : L’acte d’acheter aussi était différent. On devait les acheter ! Ce qui est légèrement différent d’aujourd’hui, parce que sans enregistrement c’était tellement obscur que personne ne savait que tu l’avais, donc tu devais l’acheter et dépenser de l’argent dedans et donc tu devais l’écouter car tu dépensais beaucoup d’argent dedans. Donc tu devais vraiment le connaître à fond !
A cette époque, comment a évolué la scène électro à Manchester ? L’Acid House est souvent identifiée à cette ville en Europe contre Chicago et Détroit aux Etats-Unis…
Al : La musique qu’on fait en ce moment est faite de beaucoup de styles différents, il y a beaucoup de choses dans lesquelles nous ne sommes pas intéressés de faire, je ne sais pas si c’est parce que nous sommes anglais ou parce qu’on a un certain… âge ! (Rires)
Paul : Nan, je pense que c’est plus parce qu’on n’a jamais voulu faire un style de musique dans lequel on n’a jamais été intéressée !
Quels artistes vous ont le plus influencé durant la période Acid House à Manchester ?
Paul : Pour moi, c’est Carl Craig avec son projet 69. Parce que c’était pas des technologies chères et pas vraiment des sons de qualité car quand tu es jeune t’as pas les moyens d’acheter des choses chères.
Al : Il y a eu aussi Bandulu, ils étaient le son Dub Techno anglais.
Paul : Ils nous ont beaucoup influencé principalement parce qu’on les travaillait avec les disques de Jean Michel Jarre ! On les utilisait en prenant deux secondes d’enregistrement de Jean Michel Jarre, puis en les faisant tourner en boucle, les supprimant et les ajoutant à la piste, comme le style Dub des enregistrements de Bandulu. On faisait pas mal de trucs comme ça…
Al : … car personne ne s’attendait à ce que ce soit utilisé !
Votre duo est une histoire de famille, qu’est-ce qui vous a donné l’envie de jouer ensemble pour la première fois ?
Paul : L’amour de Jean Michel Jarre ! (Rire)
Al : On a grandi ensemble dans la même chambre avec la même stéréo, les mêmes disques et je crois qu’on a eu un synthé ensemble pour Noël.
Paul : Nan, j’ai eu un synthé !
Al : Ok, j’ai eu le poste pour enregistrer et t’as eu le synthé, c’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé !
Mais à cette période vous écoutiez de la House ?
Paul : Nan ! On écoutait Jean Michel Jarre ! (Rires) Pet Shop Boys…
Al : Je pense que la transition a commencé quand on a commencé à écouter Aphex Twins et ce genre d’ambiance Techno anglaise, et quand j’ai commencé à aller dans les clubs.
Paul : On s’est orienté Techno grâce à des mecs comme Jeff Mills, Dave Clarke et The Advent.
C’était quoi votre premier vinyle ?
Paul : Ca va commencer à être vraiment stupide, mais Jean Michel Jarre : Equinoxe.
A Sojeans, ce qu’on aime c’est le jeans : qui est votre denim icone ?
Al : Jack Nickolson dans Vol au-dessus d’un nid de coucou.
Paul : Oh yeah ! Parce qu’il met son paquet de clopes dans manches retroussées de sa chemise en jeans. C’est une sorte de James Dean. Le mien serait plus Das Glow car il porte toujours une veste en jeans et je demande toujours : pourquoi ?
Carl Craig en patte d’éph, pour ou contre ?
Paul : J’ai rêvé de lui hier, il était habillé comme Prince et je me suis dit mais qu’est-ce que fou Carl Craig habillé comme ça ?! Mais oui, pour !
Al : Ouais pour, parce que peu importe ce qu’il porte : c’est Carl Craig !
Maintenant qui ou quoi vous inspire le plus ?
Paul : Mon chat ! C’est un peu vrai quand même : quand je suis stressé ou inquiet à propos de quelque chose – je m’inquiète facilement – mon chat ne comprend ni l’inquiétude ni la dépression, elle ne s’éprend pas de toutes les choses qui te rendent triste donc quand elle te regarde tu penses juste : « Et puis merde, tout va bien ! »
Al : Je pense que c’est bizarre mais je suis réellement inspiré par les albums, peut-être parce qu’en ce moment on en fait un. Si j’aime bien écouter un album, de n’importe quel genre, c’est que j’apprécie tout ce qui va avec : la pochette, le graphisme…
Paul : De quoi tu parles ? Personne ne voit plus de quoi tu parles Bro ! L’album est mort depuis longtemps !
Al : J’adore écouter Ok Computer de Radiohead et j’apprécie encore plus que tout ce qu’il y a autour de l’album ! C’est une musique totalement différente de la nôtre mais j’ai vraiment envie de faire quelque chose où tu pourras écouter et apprécier autant que la musique, comme une superbe pochette avec des supers contenus.
Etes-vous amoureux ?
Paul : Mon chat peut-être, mais je n’ai pas envie d’avoir des problèmes !
Al : Je pense qu’on est tous les deux amoureux de la musique, dans le sens où c’est difficile d’aimer la musique ! Parce que c’est difficile de passer du temps avec les personnes que tu aimes quand tu dépenses plus d’énergie à faire une piste. On a de la chance d’avoir une famille qui nous supporte dans ce qu’on fait. Etre Dj n’est pas vraiment un métier ordinaire.
Vos projets pour la suite, c’est quoi ?
Al : Un album avec Boys Noize Records, qui sortira au cours de l’année 2013, pour l’été surement. On est en train de la préparer en ce moment, et on fait également quelques collaborations.
Shadow Dancer may be from Liverpool, but the duo grew up in the spirit of the 90’s in Manchester- that is to say with the trend of clubs that gave rise to Acid House and Techno in the UK. The two brothers, Al and Paul, started off by remixing for fun and incorporated unexpected things (like Jean Michel Jarre with old Jazz or dub)- which left us quite puzzled until they told us their adventure with Alex Ridha, founder of Boysnoize Records. Shadow Dancer, unmarked by the influence of Manchester, can produce both the electroshock of a Techno sample just as well as a track with a deeper tone.
How did you meet Boysnoize Records ?
Paul : It was through Myspace, when people still used Myspace. I had been messing around and put some tracks online and then I got an email from Alex (Boys Noize Records founder, ED) one day saying: « Could you send me everything you’ve done ? »
You are associated to a German label, do you see a difference between the Berlin and British Electro scenes ?
Al : Yeah. If you look at where we play, we don’t play in Britain very often. It’s much a cultural difference.
Paul : The way clubbing is in the UK is so different because of licensing laws. In Berlin, the clubs are opened for two days non-stop…maybe more! There is the Minimal thing, which came from Berlin as well, and apparently, somebody told me that the reason why Minimal comes from Berlin is because it’s all about the attitude when you live there. It’s so stress free and kind of calm. I love Berlin! I would love to make a Minimal record, but you have to be really disciplined and you have to really get every element of it right in order for it to work. And I drink to much coffee…(laughs) my mind can’t work like that. I’m not at peace with myself so I can’t make Minimal records.
You grow up in the Manchester scene, which was one of the first British scene to host House music in the end of 80s, especially with the club Hacienda. How were you affected by that ?
Paul : I think Manchester was really important because those where the first clubs we went to and it was the first time we listened House. He went to Hacienda, but we went to Bugout! It was much more of a Techno club whereas Hacienda was more Acid House music.
Who has influenced you the most at this point ?
Paul : It was Djs like James Ruskin, The Advent, Justin Robertson. There were also Djs from Detroit like Jeff Mills or Carl Craig. Actually we were more influenced by the music from Detroit than the Djs because it was hard to watch the Djs, they didn’t really come and play. So music from Detroit was made by people who hid their identity. Nobody knew what they looked like and no one ever, ever saw them. So you hear the records and you’d think « who’s the hell made this record ? » because before the Internet…records were much more mysterious like thatYou didn’t know anything, so you used your imagination for everything else.
Al : And also the act of buying as well was different. With that sort of record it was so obscure that no one else had it, so you had to buy it and then once you’ve spent money on it, you have to listen to it…because you’ve spent a lot money on it. So you got to really know it.
At this time how has the Electro scene changed or matured ? Acid House is often identified with Manchester in Europe in opposite of Chicago and Detroit in the US ; what difference do you see between these two scenes?
Al : I think that the music that we’re making at the moment incorporates lots of different styles, but I think that there are certain things that we’re not interesting in doing… I don’t know if it’s because we’re British or because we’ve got a certain… age ! (laughs)
Paul : No, I think is more about we wouldn’t want to do the type of music that we’re never had any interest in.
Which artists influenced you the most during this period (90s) ?
Paul : Carl Craig is mine, and the 69 stuff he did. I was really influenced because it was just really cheap technology and really not the best sound quality, but the ideas were there. When you’re a teenager you can’t really afford expensive equipment, especially in those days.
Al : There’s also Bandulu, they were a British Dub Techno act that nobody has ever heard of.
Paul : They were a massive influence for us mainly because they sampled a lot of Jean Michel Jarre records! We used to take two seconds of Jean Michel Jarre records and then loop it and then feed it through delays, like Dub style…We were making a lot of tracks that sound it like that…(laughs)
Al: … Cause no one ever expected us to use that!
And now, who or what inspires you?
Paul: My cat, just my cat! (laughs) It’s kind of true because when I get stressed or if I worry about something, my cat doesn’t understand worry and depression and all the things that make you sad… so when she is just looking at you, you just think “oh fuck, everything is all right!”
Al: I think it’s weird but I’m really inspired by albums. If I listen to an album, it doesn’t really matter what genre it is, I appreciate the whole thing… including its cover.
Paul: What are you talking about? Nobody knows what you’re talking about Bro! Albums are dead!
Al: I loved listening to Ok computer by Radiohead and I appreciated it as a whole album. It’s a completely different style of music, but I really want us to do something that has great content and a great cover.
You duet is a family affair, what give you the desire to play together for the first time?
Paul: The love of Jean Michel Jarre! (laughs)
Al: When we were growing up, we were in the same bedroom with the same stereo, with the same records, and then we got a keyboard together for a Christmas present…
Paul: No, the first keyboard was mine!
Al: Ok… I got the thing to record it on…. so we made music together.
Paul: But we planned it that way because we were both thinking we’re gonna make music and we’ve continued that. But I don’t really know why we’re making music together…
But at that period, were you listening to House music?
Paul: No Jean Michel Jarre! (laughs). Pet Shop Boys….
Al : I think the transition started when we started listening to the Aphex Twins and this kind of British ambient Techno, and I started going out to the clubs.
Paul: And then we got into Techno because of Jeff Mills, Dave Clarke, Surgeon and the Advent.
What was your first vinyl?
Paul: This is going to be really stupid… it was Jean Michel Jarre, Equinoxe.
At Sojeans, what we love is denim: who is your denim icon?
Al: Jack Nickolson in One Flew Over the Cuckoo’s Nest.
Paul : Oh yeah ! Because he does that thing where he puts the cigarette in the rolled up t-shirt sleeve. It’s a kind of James Dean. Mine is Das Glow because he’s always wearing a denim jacket and I always wonder, “Why is he wearing a denim jacket?”
Carl Craig in bellbottoms trousers, do or don’t?
Paul: Did I dream the other day that I saw Carl Craig dressed up as Prince…I was thinking, “what the fuck Carl Craig is doing like that!?”
Al: Do! Because it doesn’t matter… it’s Carl Craig!
Are you in love?
Al: Yes! With my wife.
Paul: My cat maybe… but I don’t want to get arrested!
Al: I think we both love music, but one the things about music is that the more you get involved with the business, it’s hard to love….because it becomes so encompassing.
What are your next projects?
Al: An album with Boys Noize Records, which will launched mid-2013, a bit befor summer. We are on the way to doing it and we’re doing things we’ve never done before. We’re doing a vocal collaboration….
Aurélia Gualdo