L'encre s'amenuisemais la mer est à l'horizonQu'est la mersinon l'encre du cielque les terres émergéesn'ont pas su retenirNos écritures s'en vont Elles coulent et vont se fondredans la houleDe cette houlenous gardons une vague mémoireavec comme un grain lumineuxde connaissance inaltérableLes mains vides ou pleinesnous retournons à l'eauA la terreau cielpeu importeLe labyrinthe de l'espritest notre seul cheminune voie de salutque nous nous accordons à nous-mêmesTant mieux si quelqu'un nous entendTant pis si l'échoest happé par un trou noirNous ne sommes que des pélerinsignorants des foires et des templesrecueillant dans le désertet jusqu'au sommet des gratte-ciella rosée invisiblede l'innocenceet des âmes en souffrance
Abdellatif Laâbi, Ecris la vie, dans: Oeuvre poétique vol. 2 (La Différence, 2010)
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