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Daphné chante Barbara à l'Orangerie du Botanique, Bruxelles, le 30 novembre 2012

Publié le 30 novembre 2012 par Concerts-Review

Monique Andrée Serf, alias Barbara, a poussé son dernier soupir il y a quinze ans, le 24 novembre 1997, plus précisément, mais pour tous les fidèles, la Dame en Noir est immortelle!

Quand je serai morte

Enterrez-moi

Dans un piano noir comme un corbeau

Do, ré, mi fa, sol, la, si, do

Quand je serai morte

Ecrivez dessus, comme il faut

"Elle faisait bien son numéro.."

( Le piano noir / Charlebois - Barbara) .

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Ce soir, Barbara, n'est pas morte, le Bota a invité Daphné qui, sur l'instigation de Thierry Lecamp, a enregistré, en 2012, un album hommage, 'Treize chansons de Barbara' et viendra le défendre à Bruxelles, accompagnée par quatre musiciens d'une sobriété remarquable.

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C'est un public fort éloigné des habitués des salles de la Rue Royale qui  remplira l'Orangerie.

 On a vu des cravates, deux ou trois lodens sortis d'un placard bourré de naphtaline anti mites, un Aristide Briant et Madame Solange, mannequin chez Dior en 1961.

Un brave bourgeois remarque d'emblée: oh la la il y a plein de guitares sur scène, il craignait, à tort, un emballage rock.

19:55', une gouvernante vient allumer les chandeliers destinés à diffuser une lumière tamisée, propice à l'univers de la femme-piano.

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20:10 Daphné, robe noire, longue, légèrement décolletée dans le dos, les  bras nus, est suivie de 'ses hommes' ( c'est du Barbara): Frédéric Kret, violoncelle ( depuis 8 ans, un fidèle accompagnateur du Grand Prix de l'Académie Charles Cros 2011) - Dominique Juchors au violon - l'arrangeur, pianiste, David Hadjaj et enfin un guitariste ( acoustique/ électrique)/ bassiste brillant, qui n'était pas Robin Canac, comme l'annonçait les affiches...son nom, bitte!

Démarrage malicieux avec le concis ' Au bois de Saint- Amant', Bruxelles sourit.

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Violon et violoncelle aux sifflements, 'Si la photo est bonne', un jazz manouche grivois, les voyous ont toujours eu la cote auprès des grandes bourgeoises à la recherche de chair fraîche.

Des fraises en novembre: ' Ce matin- là' , une balade sylvestre au petit matin... frais et guilleret.

Arrangements somptueux pour le sensible ' Du bout des lèvres' , suivi de la ritournelle  désuète ' Gueule de nuit', ironie, auto-dérision, un petit côté Jeanne Moreau et quelques photos sépia d'un Paris années trente.

Voeux de saison, 'Joyeux Noël" , un piano dissonant martyrise quelques notes de Douce Nuit, Sainte Nuit avant d'entendre Daphné nous narrer un réveillon Cléo de 5 à 7:

Sous le sapin de lumière quand il l´embrassa 

Heureuse, elle se fit légère au creux de son bras 

Au petit jour, ils s´aimèrent près d´un feu de bois

 Joyeux Noël, joyeux Noël..

Infidélité passagère, one night stand retro!

Ecrit par Moustaki, ' La  longue dame brune'. 

Sur l'album, elle la chante en duo avec Jean-Louis Aubert, sur scène la réplique lui est donnée par ses hommes, à tour de rôle.

Moment de magie pure, d'autant plus que la voix de Daphné présente les mêmes fêlures, sans vouloir prononcer le mot imitation, que celles de l'amie de Brel. 

Le public ne s'y trompe pas, les vivats fusent.

Deux ou trois notes de piano, quelques vocalises, la 'Petite Cantate' .

Merci, mille fois merci, splendide!

Le classique des classiques, Barbara la belle infidèle qui n'a aimé qu'un seul homme ' Ma plus belle histoire d'amour'.

 

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Pas  le temps de sécher des larmes de bonheur, que Daphné amorce une autre merveille ' Göttingen', émotion à son comble, ta jeunesse défile pendant que Daphné nous promène en Basse Saxe.

1961, Alain Resnais ' L'année dernière à Marienbad', 1973, Barbara, ' Marienbad'... attention chefs- d'oeuvre!

Le lucide ' Parce que je t'aime' précède le bouleversant et beau à pleurer, la renifleuse des amours mortes ' La Solitude'  , des frissons te parcourent.

La complainte meurt, elle sera saluée par une ovation immense.

Justesse de ton et sincérité =  talent à l'état pur!

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' Dis quand reviendras -tu ?', merde, suis à court de Kleenex, c'est con de pleurer comme une gamine!

L'apothéose, la lumière passe au bleu, Daphné nous tourne le dos.. un beau jour ou peut-être une nuit... le magistral et intense ' Aigle Noir'... silence religieux suivi d'une explosion.

Toute l'Orangerie, debout,  réclame le retour des artistes!

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Alors que tu croyais avoir atteint les sommets de l'émotion, Daphné, accompagnée par David Hadjaj, a décidé de nous tuer avec le mélodrame ' Nantes' .

C'est son père que tu vois mourir mais aussi tous les êtres qui t'étaient chers, tant la force d'évocation est puissante.

 La confession ' Je ne sais pas dire' ( je t'aime) termine ce récital exceptionnel.

Un hommage magistral!


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