Par Bernard Vassor
Des journaux de 1872 relatent l'installation de bohémiens.
Un article signé Jan Karl dans l’Univers Illustré de juillet 1872 relate l’installation d’un campement de gitans dans le fossé des fortifications sous le bastion 39 de la porte des Batignolles.
Une invasion pacifique mais non sans inconvénients pour le voisinage dans les quartiers où elle s’est abattue, vient de fondre inopinément sur ce quartier de Paris. Nous voulons parler de ces industriels vagabonds, diseurs de bonne aventure, magiciens, égyptiens (depuis « Notre-Dame de Paris » les gitans étaient associés aux gitans) qui viennent du nord ou du midi, caraques et gitanos communément marchands de chevaux, d’ânes et de mulets. Ceux qui ont fait leur apparition ces jours derniers exerçaient la profession de chaudronniers.
Les premiers qui se sont montrés avaient établi leur campement dans le fossé des fortifications, un lieu désert qui convient à ces bohémiens qui n’y font pas plus de mal pour cela mais qui y vivent en toute liberté selon leurs us et coutumes. Les seconds étaient entrés plus avant dans la ville et avaient établi leurs tentes en plein Montmartre, près de l’église Notre-Dame de Clignancourt.
Quel excès d’audace ! L’administration de la ville leur a depuis interdit l’enceinte de Paris, et nous ne saurions l’en blâmer. Les cours des miracles, même les plus inoffensives ne sont plus de ce temps.
Nous connaissons d’enfance ces teints bronzés, ces dents d’une blancheur éclatante qui font ressortir la peau brune de ces espèces d’enfants du soleil.
Leurs cheveux crépus les font ressembler à des nègres et leurs yeux noirs effrayaient les enfants et même les plus belles dames. »
L'article se poursuit sur une colonne avec le même ton haineux, on croirait du copé collé rien de nouveau en quelque sorte....
Déjà, dans « Le Journal d’un bourgeois de Paris » (1405-1449) le chroniqueur relate un évènement similaire, «Le douzième jour du mois d’août 1427, l’arrivée de bohémiens à qui l’on a refusé l’entrée dans Paris, « mais par justice furent logés à la Chappelle Sainct-Denis et n’estoient plus en tout hommes femmes et enfans plus de cent ou six vingt environ. Quand ils furent à la Chapelle, on ne vit oncques plus grand allée de gens à la bénéisson du Landit, qui alloient de Paris à Saint-Denis pour les veoir. Item, les hommes étaient très noirs les cheveux crespéz, les plus laides femmes que on peust veoir ; toutes avaient le teint deplaié, cheveux noirs comme la queue d’un cheval (…) Bref ce estoient les plus povres créatures que on vit oncque venir en France de sage de homme »