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Les Kaïra (Franck Gastambide, 2012)

Par Doorama
Les Kaïra (Franck Gastambide, 2012)  Le 7-7... C'est là que vivent Abdelkrim, Mousten et Momo ; amis d'enfance, ils ont grandi ensemble dans une cité de Melun. Décidés à enfin faire quelque chose de leur vie, ils décident de répondre à une annonce pour tourner un porno. Seule hic, ils n'on que quelques jours pour "ken" et rapporter des images au producteur...
Passage réussi de l'équipe de Kaïra Shopping sur le grand écran, Les Kaïra dégage de bien bonnes ondes. Les 3 lascars ont réussi à donner vie à leur univers sans s'essouffler à mi-course, sans se heurter à leurs habitudes de format court. Drôle, sympa, efficace et moins ésotérique qu'il ne paraît, Les Kaïra est plein de bonnes choses...
Le format long et la caricature... On attendait nos trois vendeurs sur ces terrains là, craignant qu'ils ne se heurtent aux limites de leur univers et qu'ils aient déjà fait le tour de leur affaire. En évitant la compil de leurs meilleurs gags, mais en se concentrant sur la dynamique entre les trois personnages, Franck Gastambide et ses acolytes sont parvenus à écrire une trame comique efficace et à l'enrichir d'éléments nouveaux. La course contre l'ennui ne se borne (heureusement) pas à une simple trame prétexte, et l'écriture des personnages, derrière leur silhouette survet'-ouech-casquette, donne au film une certaine sensibilité, voire une certaine perspicacité sur le quotidien des cités, et ce bien différemment des médias télévisés !
Quand à ces jeunes de banlieue, si les codes utilisés pour balancer l'humour sont bien ceux du terrain, et que la mamie du cantal risque de capter que dalle à leurs invectives banlieusardes en rafales, ils sont certes hyper stéréotypés, mais se sauvent de la caricature basique en proposant une vraie distance critique derrière ses gags. "Ouech (...) sur la vie ma mère (...) je te défonce" dépasse le premier degré : les codes gestuels et verbaux des cités sont tous là, mais passés à la moulinette de l’auto-dérision  et surtout au service de ce que le film cache vraiment, à savoir qu'elle ne se résume pas qu'à ces clichés... Si la réussite des persos est donc de la partie, on regrettera quand même son scénario, un peu faiblard sur sa fin. Le film opte pour un final gentillet et "tranquilou", il choisit la voie de la facilité pour conclure ses aventures sur un ton bien en dessous du vitriol auparavant manipulé. C'est peut être une question de goûts, mais à la rédaction, on aurait trouvé plus saillant une fin moins "happy-end" (même si la sortie choisie par le réalisateur se justifie complètement et se sauve par son deuxième degré).
A grands coups de scuds verbaux, les dialogues brillamment écrits (en dépit du très petit nombre de mots qu'ils exploitent) et la belle dynamique du trio permet de dégager une liberté, une spontanéité et une belle efficacité comique. On se marre à l'idée de leur folle idée, en victimes de l'ennui et de leurs rêves idéalisés le trio emmène le spectateur ridicules en plans galères, le tout avec une bien jolie patine de débridage total. Si on ajoute au film un Ramzy irrésistible en terreur du quartier, une belle galerie de personnages secondaires (dont François Damiens parmis les guests) et un grand futur classique de la chanson "Pourquoi tu m'a quitté", Les Kaïra s'impose comme une comédie plutôt réussie, parfaitement divertissante et pas aussi limitée qu'elle n'y paraît. Son sujet et ses personnages conditionnent quand même son efficacité et son humour à une certaine connaissance, ou proximité, du milieu dans lequel il se déroule, mais si on a les bases, ça fonctionne parfaitement.
Les Kaïra (Franck Gastambide, 2012)

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