"Sans l’irruption de la Révolution dans son fol univers de plaisirs, cette princesse insignifiante aurait tranquillement continué à vivre comme des millions de femmes de tous les temps ; elle aurait dansé, bavardé, aimé, ri, se serait parée, aurait rendu visite et fait l’aumône… » Stefan Sweig
Fascinante, décriée ou fantasmée, on oublie souvent que Marie-Antoinette, au delà de sa personnalité légère et de l'image de reine écervelée, fut la première mécène du royaume et qu'elle favorisa le développement d’un style que l’on associe aujourd’hui à son nom, en créant un cadre de vie raffiné.
Le Grand Palais le remet au gout du jour et évoque le destin de cette femme, du Trianon à la Guillotine, à travers une scénographie magistrale de Robert Carsen qui croise l'excellence des arts français dans les années 1780, à travers 300 œuvres venues de toute l’Europe.
Le visiteur pénètre alors dans un écrin aux cadres pompeux et fastes de l'Ancien Régime, des intérieurs raffinés et intimes, marqués par l'apparat et une solennité élégante.
Trois tableaux balisent l'exposition: Schönbrun, foyer viennois de la princesse, dans une enfilade de miroirs cernés de rouge imperial, au luxe baroque; Versailles, temple de l'amour aux tentures bleu roi, bercé par les soirées musciales du Trianon et les reveries pastorales; La Conciergerie, antichambre de la guillotine, fin tragique et inévitable après l'affaire du collier et les excès luxueux tant condamnés, représentée par le dessin de Jacques-Louis David, "Marie Antoinette conduite au supplice", quelques instants avant sa décapitation.
Parmi les oeuvres exposées, on trouvera les commandes de la Reine de France aux meilleurs ébénistes de l'époque (commode nacrée estampillée Riesener, fauteuils en hêtre sculpté de Jacob, table à écrire dorée de Weiseler...et autres petits meubles raffinés, guéridons, bonheurs du jour, laques et porcelaines) (Voir ici les gouts de Marie-Antoinette). On pourra aussi découvrir les portraits de la Reine par la très officielle Madame Vigée-Lebrun et de Labille-Guiard Adélaïde, des bustes sculptés de Lemoyne (à qui on doit le plus ancien), et de Boizot . Les heures noires sont illustrées notamment par les gravures de pamphlets. (Voir le livre de Chantal Thomas, "La reine scélérate" sur ce sujet).Cette exposition nous montre selon Pierre Arrizoli-Clementel, co-commissaire de l'exposition, "le goût d'une reine qui vit à un moment où l'art français est à son sommet". Un âge d'or de l'art français qu'il faut absolument (re) découvrir!
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Exposition aux Galeries nationales du Grand Palais jusqu'au 30 juin 2008
Si vous aimez le style Marie Antoinette, rendez-vous ici dans la Boutique des Musées nationaux
Voir aussi l'exposition en images sur l'Internaute
Photos:
1 - Portrait de la reineMarie-Antoinette dit à la rose de Mme Vigée-Lebrun
2 - Table à écrire de Adam Weisweler (1784)
3 - Buste de Marie Antoinette par Bonneuil-Lemoyne