Ce week end se tenaient à Toulouse les dernières séances du 21ième Festival International Séquence Court-Métrage. J’ai personnellement pu assister aux deux séances dites de la compétition internationale. Le festival s’est néanmoins étalé sur deux semaines et a été divisé en différentes séances thématiques (Costa Rica, Humour, films régionaux…). La compétition internationale regroupait donc des films d’horizons divers (Grèce, USA, Croatie, Brésil, Iran) et de formes et fonds tout aussi variés. Pas moins de 14 « courts » qui touchaient réellement à tout. Difficile de parler de chacun sans tomber dans le récit ennuyeux, je vais donc vous parler de manière globale tout en ciblant quelques moments marquants.
La première séance m’a mis trois grosses baffes en nous proposant trois films militants et particulièrement intéressants, tant sur la forme que le fond. Under the colors tout d’abord. Film iranien placé dans un contexte militaire, il base son intrigue sur l’apparition d’une jupe dans une caserne des Gardiens de la Révolution iraniens. Intéressant, il propose une lecture étonnante de justesse des rapports entre les habitants de ce pays empoisonné par la dictature des Ayatolahs. Drôle est juste. La seconde torgnole est à verser au mérite d’un cinéaste néo-zélandais. Baptisé Lambs, son film met en scène la trajectoire précaire et marginale de maoris marginalisés et contraints à la délinquance dans la société néo-zélandaise actuelle. Il s’agit du gagnant du prix du jury jeune du festival. Porté par de jeunes acteurs très justes, il se rapproche (même si cette remarque est très subjective) de Winter’s Bone. La dernière grosse châtaigne prend la forme d’un film suisse en caméra subjective. Baptisé Einspruch VI (protestation), il nous montre de l’intérieur l’expulsion, à l’issue tragique, d’un dissident politique nigérian du territoire suisse. La totalité de ce qui est montré à l’écran s’est réellement passé (jusqu’aux noms des personnages). Un grand moment intense en émotions. Un film d’animation, Flamingo Pride, détend l’atmosphère avec un pitch drôle puisque il parle des difficultés d’un flamand rose hétéro piégé dans un essaim de volatiles gays. Voilà pour les moments forts, parmi d’autres de la première séance.
Einspruch VI
La seconde est plus sombre. Elle nous propose surtout des œuvres alliant noirceur formelle et scénaristique. Après le film d’animation bulgare, Father, beau techniquement mais plombé par sa narration, évoquant les difficiles rapports parents/enfants, nous avons droit au seul métrage made in USA de la sélection : Curfew (couvre-feu). Parlant de la rédemption d’un jeune homme ténébreux et suicidaire, il est pour le coup très américain, assez prévisible et creux. Il m’a rappelé Drive sur le plan purement formel, mais il n’atteint pas l’excellence du film de Refn. Le russe Deeper Than Yesterday nous plonge dans l’enfer sous-marin de la marine russe, tout en claustrophobie et en tension. Survient ensuite Quando morremos a noite, un 35 millimètres brésilien inspiré de l’univers de Bukowski. Très maîtrisé au niveau de la photographie, il nous distille un spleen tenace, entretenu par un bon duo d’acteurs. Seule lueur dans ce tableau sombre, Doomed, un bestiaire imaginaire en 3D, drôle et absurde venu d’Espagne.
Je n’ai pas parlé de tous les films ici, l’objectif étant de montrer la variété du festival tout en me concentrant sur quelques moments marquants de ces quatre heures de visionnage.
@ Sacha Lopez