Photographie : Frontispice de Les Oeuvres diverses du Sieur de Balzac (seconde édition, paris, P. Rocolet, 1646) représentant Jean-Louis Guez de Balzac (1594 - 1654) avec au dessous : « C'est ce divin parleur, dont le fameux mérite / A trouvé chez les Rois plus d'honneur que d'appui. / Bien que depuis vingt ans tout le monde l'imite, / Il n'est point de mortel qui parle comme lui. MAINARD ».
Le classique fait appel à des valeurs qu’il puise dans l’Antiquité. Le classicisme est un mouvement littéraire et artistique de la seconde moitié du XVIIe siècle qui n’est appelé ainsi que bien plus tard. Il se fonde sur un idéal de perfection, des valeurs d’excellence qui s’incarnent dans l’honnête homme. Ce mouvement est suivi par celui des modernes (voir l'article La Modernité : les Anciens et les Modernes) puis des Lumières (voir définition du cacouac). Les premiers ne veulent plus prendre pour modèle seulement les anciens (grecs et romains), mais prônent la prééminence des temps modernes. Les seconds placent les sciences et le progrès au dessus de tout.
Le classicisme recherche l’excellence dans l’imitation et le respect des classiques antiques tout en
ayant sa spécificité exemplaire. C’est un art de la perfection et du bon goût, de la mesure et de la raison, dont la peinture et la littérature entre autres nous offrent des exemples flamboyants.
Il vise l’harmonie, les rythmes les plus subtiles, tout en défendant le naturel … un équilibre parfaitement jouissif.
Ce mouvement trouve son aboutissement dans les années 1660-1680, mais a une origine antérieure. Les
influences sont multiples. Citons d'abord celle des premières précieuses dont les salons contribuent à véhiculer le Grand Esprit Français. C’est en voulant les imiter, ainsi que d’autres
académies comme la Société florimontane (fondée par Honoré d’Urfé, François de Sales, Antoine Favre et Claude Favre de Vaugelas) …, qu’Armand Jean du Plessis de Richelieu (1585-1642) crée le
cercle très masculin de l’Académie française. Les premiers classiques sont des hommes qui fréquentent assidûment l’Hôtel de Rambouillet (voir Les Précieuses et les femmes de lettres). Les premières précieuses ne laissent que peu d’écrits et officient
en toute clarté mais dans l’ombre de leur condition féminine honorée, voir adulée, mais sans statut artistique, littéraire ou politique. Ce sont donc des hommes qui rédigent sur les règles du
bien parler et du bien écrire, qui sont une des bases de l’élégance, tels Vaugelas (Claude Favre baron de Pérouges et seigneur de Vaugelas : 1585-1650), Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654)
ou Dominique Bouhours (1628-1702) … François Hédelin abbé d’Aubignac et de Maymac (1604-1676) édifie avec quelques autres les normes du théâtre classique. Certains rédigent les règles de
l’éloquence une autre science de l’élégance. Pierre Corneille (1606-1684), Jean Racine (1639-1699), Molière (Jean-Baptiste Poquelin : 1622-1673), Jean de La Fontaine (1621-1695), Nicolas
Boileau (1636-1711), Marie-Madeleine Pioche de la Vergne comtesse de La Fayette (1634-1693) et quelques autres composent des pièces, des romans et différents écrits qui sont des références de la
poétique classique.
Les rythmes de l’élégance ne sont pas anodins. Ils sont le résultat d’une intelligence poétique ; d'une connaissance innée de la mesure s’exprimant dans une grâce dont le terrain de jeu est le moment présent et sa parfaite jouissance. L’Excellence française du XVIIe siècle l’exprime comme l’Esprit des Lumières du siècle suivant, la Renaissance de celui précédent, la fin’Amor du bas Moyen-âge ou l’Art français (francigenum opus) du XIIe siècle.
© Article et photographies LM