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Quelqu’un a des nouvelles de … ? (#1: Scott Storch)

Publié le 04 décembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Quelqu’un a des nouvelles de … ? (#1: Scott Storch)

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Par moment, on aime être nostalgique et se poser des questions qui nous étonnent nous-mêmes. « Mais que devient (untel) ? ». Ca nous fait marrer sur le coup de se rappeler d’une personne avec qui nous étions en TP de chimie, au cathé ou ce collègue du foot qui ne jouait jamais et qui, finalement, ne nous a servi à rien.
Ca marche aussi avec les artistes, malheureusement pour eux. Nous ouvrons donc cette nouvelle rubrique avec Scott Storch, le producteur derrière quelques uns des plus grands morceaux de ces dernières années. Et dont tout le monde se carre aujourd’hui.

Still Dre. Les premières notes de clavier du morceau ont ce pouvoir de retourner une salle en trois secondes. Quitte à voir des scènes horribles de jeunes gens d’école de commerce détestant le rap habituellement faire de drôles de W avec leurs doigts ou tout ces faux lascars dégainer leurs plus moches pas de danse proche du Mia. Bref, Still Dre c’est le banger ultime du rap, le Thriller de notre époque, le putain de tube des dix dernières années. Et il est temps de rétablir une vérité sur ce morceau. Dr Dre, le nom qu’on croit super « in » n’est rien d’autre qu’une énorme feignasse. Allez, un très bon ingénieur du son mais pas ce beatmaker génial qu’on nous vend. Le mec a un banc de ghostproducteur d’enculés et sait en profiter. Ici encore. Parce que cette putain de producteur n’est autre que la quasi-oeuvre complète de Scott Storch. Qui ?

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Scott Storch, de son vrai nom… Scott Storch, est un claviériste new-yorkais de naissance qui va grandir du côté de Philadelphie. A 18 ans, il intègre un petit groupe féru de musique afro-américaine qui a décidé de faire du rap qu’avec des instruments. Les futurs légendes de The Roots, évidemment. Pendant plus de dix ans, Scott sera donc l’atout clavier du groupe et la deuxième tête (bien) pensante du groupe derrière Questlove. Si le gros batteur s’occupe de la colonne vertébrale des productions, les variations organiques sont la signature du blanc-bec. Et il faut avouer que la meilleure période du groupe (de Do You Want More?!? à Things Fall Apart) coïncide avec sa plus forte contribution, jusqu’à l’apogée You Got Me, LE morceau du groupe. Une chanson magnifique qui remportera le Grammy Awards de la meilleure chanson pour un groupe en 1999. La même année que la sortie de Still Dre, d’ailleurs. Tiens tiens.

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Avec deux des titres phares de l’année, difficile de ne pas attirer les lumières du star-system sur soi. De 2000 à 2006, Storch va enchainer les gros tubes à tour de bras. Il va produire pour Busta Rhymes, Christina Aguilera, Eve, Beyoncé, 50 Cent, Fat Joe, Justin Timberlake The Game et bien d’autres. Rap, R&B, le mec redéfinit les règles du jeu en touchant parfois la grâce absolue. C’est le cas pour l’énorme morceau Lean Back du Terror Squad, du grand Make It Rain de Lil Wayne et Fat Joe mais surtout, SURTOUT de Cry Me a River de Timberlake. Le morceau, co-produit avec Timbaland, est très certainement la plus grande production des vingts dernières années et des vingts prochaines tellement elle est dans le futur. L’équilibre entre les deux mastodontes du clavier est juste parfait et l’harmonie quasi-christique. De l’art à l’état pur.

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A côté de ces morceaux, on retrouve d’autres hits, moins géniaux mais calibrés grande écoute. Let Me Love You de Mario, Candy Shop de 50 Cent ou encore Baby Boy de Beyoncé et ce clochard de Sean Paul. De quoi s’en mettre plein les fouilles mes amis. Et c’est justement là le début de la fin. Durant cette période, sa fortune tourne autour des 100 millions de dollar. Sauf qu’aujourd’hui le mec n’a plus un sou et est même endetté. La faute à qui ? La faute à quoi ? Le cliché absolu: la drogue, les jeux, les putes. Peut être pas fait pour les strass et paillettes, Scott Storch va littéralement se perdre en chemin et sa musique s’en fera fortement ressentir. Plus aucun grand nom ne l’appelle pour leur album, l’homme se retrouve à produire des daubes pour des artistes R&B qui ne dépassent jamais une année d’existence. La tristesse absolue.
On le retrouve plus souvent dans la rubrique fait divers que dans le classement Billboard. Entre autres: il aurait tenté de vendre un Yacht sur EBay, il a été obligé de revendre son manoir de Miami, il serait addict à la cocaïne depuis des années et aurait ainsi dépensé la moitié de sa fortune dans la dope. Bravo.

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Quelqu’un a des nouvelles de … ? (#1: Scott Storch)
   (Faites Entrer L’Accusé)

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On a bien cru que la traversée du désert s’était terminée en 2010 quand Storch a lancé l’énorme ogive Shutterbug dans les jambes de Big Boi. Un single qui a bien fait plaisir, dans la droite lignée de ses meilleures productions avec ce clavier reconnaissable entre mille.

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Mais non, le bonhomme n’est pas réapparu depuis ou alors pour des trucs totalement anecdotiques. Pire, il s’est fait coffré au début de l’année pour possession de cocaïne. Alors, s’il est capable de faire encore des morceaux du calibre de Shutterbug, on reste confiant et on se dit que tout est possible. Mais il faut bien avouer que, franchement, on a rien à foutre. Si tel est le cas, tant mieux, sinon, tant pis. Et c’est bien là le pire. Personne ne s’est jamais vraiment identifié à lui. Personne n’en a jamais fait une influence. Quand on parle des meilleurs producteurs rap de l’histoire, il est fort à parier qu’il est le premier oublié sur la liste. Pourquoi ? Sûrement pour sa dégaine niquée digne d’un vulgaire Christian Audigier et sa tronche de ch’ti à Miami. Un style qui renvoie à sa personnalité bien détestable en plus.
Le type n’a jamais su se placer. Il commence avec le groupe le plus droit dans ses bottes du rap game et termine dans les bras de n’importe qui. Forcément le décalage est énorme. Trop fort pour rester dans l’ombre, trop faible pour s’installer au soleil. Peut être le plus grand gâchis et la plus grosse comète dans le monde de la production hiphop.

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