... Mais, passé cette heure du début du jour, où, comme au crépuscule, Venise semble se ramasser en une solidité compacte, les bâtisses sont de nouveau réduites à de transparentes surfaces ; au soleil, délicatement teintées de rose et de jaune. C'est un imperceptible brouillard qui leur donne ce lisse tissu : mais l'air est si vitreux, le ciel si intact qu'on ne s'en aperçoit pas, sauf quand un rayon, pénétrant de biais l'ombre, révèle ces fines vapeurs en les transformant en poussière lumineuse. Les minces traits blancs forment comme une trame de lin très pur, qui, dans l'ombre, empêche ces pans transparents de se dissoudre.Liliana Magrini, Carnet vénitien
Comme la première fois, il y a bien longtemps maintenant, c'était aussi en novembre, le brouillard nous avait surpris à cet endroit. Je me rappelle d'avoir été intriguée par ce lieu où je ne pouvais apercevoir son jardin, ni sa demeure... Une pensée avait alors traversé mon esprit : qui a dit qu'il n'y avait pas d'arbres à Venise ?
Aujourd'hui je ne sais toujours pas ce qui s'y cache...
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... Tout près de là, sur l'autre rive du canal, et aisément visible de la fenêtre du bureau de Brunetti,
un grand jardin rempli d'arbres, perspective parfaite pour apprécier le passage
des saisons : Brunetti, de sa fenêtre, flirtait avec le printemps. Car il était là, juste de l'autre côté du canal, trahi par les bourgeons qui crevaient la terre...
(Requiem pour une cité de verre, chap.1 Donna Leon -
Venise sur les traces de Brunetti Toni Sepeda, promenade autour de la Questure, rio San Lorenzo)