Claude Adelen vient de publier Obligé d’être ici aux éditions Obsidiane.
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… car on ne peut se taire longtemps
de soi-même, se cacher dans ses mains
ou ses mots, là où rien ne s’entend,
que du dedans ce cri, « D’où je viens
le bois noir du milieu, là où la bouche
est dans l’oubli » (à moins qu’on préfère écouter
le latin des oiseaux). Et donc s’expulser de ce
trou, par cette fin recommencer : vie racontée,
remémorée inventée (la vraie ?), les yeux ouverts
à l’imprévu des acacias,
aux assemblages de pur hasard…
20.
…musique c’est le soi-même, le soir
de soi-même comme est le bleu
d’avant la nuit. Rien
ne se décompose, ni le rythme,
ni l’immobilité des arbres envahis
d’ombre. Scansion de ce qui danse
dans l’invisible (quelle vertu de la danse
dans l’écrit ?) Poésie. Aurait-elle à voir
avec. « Un concert de vocables »
dit l’un d’entre eux. Sais-tu ce qu’elle veut faire,
la langue, après la voix ?...
28.
…cette figure qui s’écrit, ou plutôt
qui se regarde se défaire, c’est toujours
la vieille histoire du corps,
toujours lui-même « dans les jeux de miroir »
aux prises avec sa propre ressemblance,
avec l’histoire de son désir et l’histoire
en lui de sa mort. Aux prises avec le temps
qui ne connaît, lui, ni la lumière,
ni le bonheur des jardins, ni la musique
des arbres à l’envol des oiseaux
ni le repos ensoleillé de l’espace…
Claude Adelen, Obligé d’être ici,
Obsidiane, 2012 – les deux premiers extraits appartiennent à « II. Obligé
d’être ici », pp. 37 et 41, le troisième à « Intérieur nuit »,
p. 76.
Claude Adelen dans Poezibao :
bio-bibliographie,
extraits
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