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Le volume 14 des Fragments d'histoire du Compagnonnage vient de paraître.

Par Jean-Michel Mathonière

Toujours attendu des historiens et chercheurs en Compagnonnage, histoire sociale et histoire des techniques, le quatorzième volume des Fragments d'histoire du Compagnonnage vient de paraître à l'initiative du musée de Tours. Rappelons que les articles sont la version imprimée et enrichie des conférences données l'année précédente au musée.

Le volume 14 des Fragments d'histoire du Compagnonnage vient de paraître.

Ce numéro est particulièrement dense et ses 232 pages lèvent une fois encore le voile sur des sujets jusqu'alors peu abordés.

Suite:

Histoire de l'Alliance compagnonnique de la Ville de Tours, par Laurent BASTARD. Cette contribution occupe les deux tiers de l'ouvrage et relate l'histoire d'une institution désormais unique en France. L'Alliance compagnonnique fut en effet fondée en 1908 entre toutes les associations de compagnons de Tours, afin de donner plus de visibilité au Compagnonnage. En butte aux attaques des syndicats de l'époque, les compagnons trouvèrent en l'Alliance un porte-parole efficace. Mais son action s'étendit rapidement à d'autres secteurs. En 1911, l'Alliance fonda le musée compagnonnique (sur les bases duquel sera créé l'actuel musée du Compagnonnage en 1968) pour exposer au grand public des chefs-d'œuvre jusqu'alors enfermés dans des locaux privés. En 1911 également, elle mit en place une Société Protectrice des Apprentis, consciente qu'il fallait travailler en amont au recrutement de futurs compagnons. Cette institution perdura avec succès jusqu'en 1978, les CFA ayant ensuite pris le relais. Mais l'histoire de l'Alliance est aussi faite de crises graves, notamment durant l'entre-deux-guerres, lorsque les sociétés se divisèrent entre partisans et opposants de la Fédération Générale du Compagnonnage, les uns voulant se rapprocher de l'Union Compagnonnique, d'autres s'en éloignant pour se regrouper au sein de la Confédération Salomon-Jacques-Soubise. L'Alliance recueillit aussi en 1932 un important patrimoine immobilier grâce à la donation de Ferdinand Legeay, Père des compagnons du Devoir. Il s'ensuivit d'autres bouleversements... L'histoire de l'Alliance est celle d'hommes de convictions qui ont permis d'établir jusqu'à aujourd'hui une structure de rencontre au-delà des mouvements contemporains que sont l'Association ouvrière et la Fédération compagnonnique (l'Union et le Devoir de liberté n'y participant pas).

Auguste Proud, un fabricant lyonnais de cannes compagnonniques, par René TEULET, Serge ETIENNE et Jean PHILIPPON. Ces trois compagnons (mécanicien, métallier et cuisinier) de Lyon se sont intéressés à l'histoire de ce fabricant de cannes, un compagnon charron du Devoir dit Vendéen la Tranquillité (1872-1921), établi à Oullins (Rhône). R. Teulet évoque sa  généalogie et l'on apprend que Proud, issu d'une modeste famille d'agriculteurs de Vairé (Vendée) a accompli son tour de France puis s'est arrêté à Lyon où il a épousé la belle-fille de son employeur. Auguste Proud a ensuite racheté le fonds d'un fabricant de cannes lyonnais qui fournissait les compagnons depuis une vingtaine d'années. En 1901, il poursuivra cette activité au point d'acquérir le quasi-monopole de la fournitures des cannes à tous les compagnons, de tous métiers et de tous rites. S. Etienne aborde ensuite les caractéristiques techniques des cannes Proud, qui vont s'imposer jusqu'à nos jours, les motifs estampés de l'embout constituant une création originale. Enfin, J. Philippon évoque le parcours compagnonnique d'Auguste Proud, reçu à la Sainte-Catherine 1891 à Marseille, puis celui de son fils, reçu compagnon charron à Lyon en 1924, qui poursuivra quelques années encore la fabrication des cannes. R. Teulet, S. Etienne et J. Philippon ont découvert que l'atelier Proud était demeuré en l'état, à Oullins, et ont pu recueillir le matériel et les archives de cette entreprise unique en son genre.

Rites et symboles des compagnons : une construction permanente, par Laurent BASTARD. Il est de coutume de considérer les rites et symboles du Compagnonnage comme un ensemble immuable, transféré de siècle en siècle au fil des générations de compagnons. L. Bastard démontre le contraire. En effet, en dehors d'une structure permanente, reposant sur l'exercice d'un métier, une initiation, des liens fraternels et la pratique du tour de France, les éléments dits « traditionnels » n'ont cessé d'évoluer. Après avoir défini les notions de rite et de symbole, ainsi que leur fonction, L. Bastard évoque les sources de ce patrimoine : le christianisme, la chevalerie et l'armée, des usages communs aux associations populaires, auxquels se sont ajoutés au XIXe siècle la franc-maçonnerie et la mutualité. A l'aide de nombreux exemples, il analyse la source de différents symboles (l'œil dans le triangle, la ruche...) et rites (la chaîne d'alliance, la voûte de cannes...). Puis il évoque les raisons qui ont conduit les compagnons, au fil du temps, à modifier leurs rites et symboles, à adopter de nouveaux modèles, à innover et à s'adapter à leur environnement.

Le passage des compagnons boulangers à la Sainte-Baume avant 1884. Ce dernier article constitue un complément aux deux précédentes contributions publiées sur la Sainte-Baume dans les Fragments 7 et 12. De nouvelles découvertes permettent aujourd'hui de savoir auprès de qui, durant plus d'un demi-siècle, les compagnons boulangers du Devoir faisaient authentifier leur passage à la grotte de Marie-Madeleine. Considérés en effet comme des « soi-disant compagnons » par les autres corps du Devoir, les boulangers n'avaient pas la possibilité d'acheter leurs « couleurs » (rubans) à Saint-Maximin et de signer le registre ouvert pour les autres compagnons. Mais cela ne les a pas empêchés de passer à la Sainte-Baume dès les années 1830...

Format 21 x 30 cm, 232 pages, environ 150 illustrations en N et B. ISBN : 978-2-917836-02-06. Dépôt légal : 4e trimestre 2012. Prix : 22 € + port. Disponible au musée du Compagnonnage, 8, rue Nationale 37000 TOURS.

Achat en ligne sur le site du musée du Compagnonnage.

Le volume 14 des Fragments d'histoire du Compagnonnage vient de paraître.

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)


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